17/09/2025
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Conflits au Moyen-Orient: Les marchés énergétiques sous pression

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La flambée des tensions au Moyen-Orient, attisée par une nouvelle escalade militaire entre l’Iran et « l’entité sioniste », bouleverse déjà les équilibres fragiles des marchés énergétiques mondiaux. En ligne de mire : le pétrole et le gaz, dont les prix réagissent aux menaces sur les infrastructures, aux risques de rupture d’approvisionnement, et à la géopolitique volatile de la région. L’expert en énergie Mourad Preur a alerté sur les signes avant-coureurs d’une crise « multidimensionnelle ».

Dès les premières heures du conflit, des infrastructures pétrolières ont été ciblées. Résultat immédiat : le prix du baril a franchi la barre des 90 dollars, un seuil symbolique que Mourad Preura considéré comme un premier signal d’alerte. « Si ça monte à 90 dollars, rien n’interdit que ça grimpe à 200 », a-t-il prévenu sur la « Chaîne III » de la radio nationale, soulignant que les marchés anticipent un choc d’envergure. Face à cette volatilité, l’OPEP+ dispose d’une capacité de réaction très limitée : 2,5 millions de barils par jour de réserve inutilisée, une marge jugée insuffisante. « Ce n’est pas suffisant pour rassurer », a tranché l’expert, évoquant une situation de backwardation sur les marchés, où les prix à court terme sont supérieurs à ceux à long terme, signe d’une crise immédiate anticipée.

L’un des points les plus critiques de la carte énergétique mondiale reste le détroit d’Hormuz, par où transite 20 % du pétrole mondial, soit 20 millions de barils par jour. Une fermeture de cette voie stratégique par l’Iran, en réponse à une menace existentielle, bouleverserait l’approvisionnement vers l’Asie et ferait exploser les prix. « Je ne doute pas que l’Iran le fermerait si sa survie est en jeu », a affirmé Mourad Preur. L’autre zone sous tension est le détroit de Bab el-Mandeb, sous le contrôle des Houthis, qui pourraient entraver l’accès à la mer Rouge. « La question des routes maritimes est clairement posée », a-t-il insisté.

Si le pétrole réagit quasi instantanément aux conflits, le marché du gaz se distingue par son inertie, mais il n’est pas moins exposé. L’Iran, troisième producteur mondial de gaz, partage le gisement stratégique de South Pars avec le Qatar. Une déstabilisation prolongée pourrait bloquer son exploitation. « Le Qatar pourrait continuer seul à produire, mais l’Iran n’acceptera pas que son partenaire se serve sur un gisement commun en pleine guerre », a analysé Preur. Les marchés gaziers asiatiques et européens, déjà en tension, seraient alors gravement affectés. « Les stocks en Europe ne sont pas au maximum, et le coût du stockage devient prohibitif quand les prix montent », a-t-il ajouté.

Pour Mourad Preur, il ne s’agit plus seulement d’un choc énergétique. Il parle d’une crise systémique en gestation. « Nous sommes peut-être dans les prémices d’une crise multidimensionnelle. Elle commence par l’énergie, mais va s’étendre à tous les autres secteurs »,a-t-il alerté. L’Europe, qui tente de guérir à prix fort de l’inflation, serait particulièrement vulnérable à une nouvelle poussée provoquée par l’envolée des prix énergétiques. La France, en particulier, est décrite par l’expert comme étant dans une situation « économiquement désespérée ».

Reconfiguration mondiale et opportunités pour l’Algérie

Au-delà des menaces, l’expert entrevoit aussi des opportunités géoéconomiques pour certains pays, à condition d’adopter une posture offensive. « Une situation peut présenter des opportunités ou des menaces selon la posture qu’on adopte. Si on est sur un ring, c’est pour frapper, pas pour se protéger », a-t-il lancé. Il a suggéré que des pays comme l’Algérie pourraient tirer profit de la hausse des prix et acquérir des positions stratégiques dans des entreprises européennes fragilisées, notamment dans l’énergie et l’industrie. « Il faut être offensif, intelligent et perspicace », a conseillé Preur, évoquant des cibles comme Engie ou des champions du BTP.

Dans ce contexte de bascule mondiale, le centre de gravité de l’économie semble glisser vers l’Asie. Mourad Preur a évoqué le « cercle de Valéry Pieris », un rayon de 3000 km autour de Hong Kong qui concentre 50 % de la population mondiale, 49 % du PIB et 60 % de la croissance mondiale. Cette région devient le cœur économique du globe, avec des monnaies numériques qui pourraient échapper à la domination du dollar.

Mourad A.

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