17/09/2025
ACTUALITEAGRICULTURE/PÊCHE

Diversification économique: L’économie bleue, nouveau levier de croissance

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Face aux mutations mondiales et à la nécessité de réduire sa dépendance aux hydrocarbures, l’Algérie explore de nouveaux leviers de croissance. Parmi eux, l’économie bleue apparaît comme un chantier stratégique capable de transformer le littoral algérien en moteur de développement durable. De la pêche et l’aquaculture au tourisme maritime, en passant par les énergies renouvelables offshores et la logistique portuaire, la mer s’impose comme un atout encore sous-exploité.

L’Algérie dispose de plus de 1 200 km de côtes offrant un potentiel exceptionnel. Des projets pilotes en aquaculture témoignent déjà de cette ambition. « Notre pays a toutes les conditions pour bâtir une économie maritime moderne, compétitive et respectueuse de l’environnement », a expliqué le professeur Nabil Bouflih, directeur du Centre National de Recherche et de Développement de la Pêche et de l’Aquaculture (CNRDPA) sur la chaîne « AL24news ». Pour cet expert, l’enjeu est double : valoriser les ressources halieutiques à travers une exploitation durable et préparer les générations futures aux métiers liés à la mer. « Nous travaillons sur des solutions scientifiques pour accroître la production aquacole sans compromettre la biodiversité marine. C’est une voie sûre pour assurer une sécurité alimentaire renforcée et développer les exportations », a-t-il précisé.

Au-delà de l’aquaculture, l’économie bleue recouvre d’autres segments porteurs. Le tourisme côtier, encore balbutiant, pourrait devenir un secteur créateur d’emplois et générateur de devises, à condition de moderniser les infrastructures et de miser sur un cadre réglementaire incitatif. De même, les énergies renouvelables marines, qu’il s’agisse de l’éolien offshore ou de l’énergie marémotrice, suscitent un intérêt croissant, dans un contexte où la transition énergétique est désormais un objectif national. Les autorités soulignent également le rôle stratégique des ports et de la logistique maritime. Placée au cœur de la Méditerranée, l’Algérie ambitionne de se positionner comme un hub commercial régional. Mais cette ambition suppose des investissements conséquents dans les infrastructures, la formation et l’innovation. « L’économie bleue n’est pas seulement un slogan, c’est une vision d’avenir. Elle peut constituer une véritable alternative pour diversifier notre économie et offrir de nouvelles opportunités aux jeunes entrepreneurs », a affirmé encore le Pr Bouflih. Si les perspectives sont prometteuses, les défis restent nombreux : financement, cadre réglementaire, protection de l’environnement et adaptation aux normes internationales. Pourtant, à l’heure où le pays cherche à renouveler ses moteurs de croissance, la mer pourrait bien devenir son nouvel horizon stratégique.

SIPA 2025 : Un moteur pour l’économie bleue

Oran s’apprête à devenir, du 6 au 9 novembre 2025, la capitale méditerranéenne de la pêche et de l’aquaculture avec la tenue de la 10ᵉ édition du Salon international de la pêche et de l’aquaculture (SIPA). Placé sous le haut patronage du Président de la République, Abdelmadjid Tebboune, l’événement réunira plus de 200 exposants nationaux et étrangers autour du thème « Pêche et aquaculture, innovation et partenariats». Depuis son lancement il y a vingt ans, le SIPA s’est imposé comme l’un des rendez-vous économiques et scientifiques majeurs en Algérie et dans l’espace méditerranéen. Pour cette édition, une large participation est attendue, allant des organisations internationales aux institutions financières, en passant par des experts venus de plusieurs pays. Le Sultanat d’Oman, invité d’honneur, sera représenté par une délégation officielle de haut niveau, signe de la dimension stratégique de ce salon. Organisé par la Chambre algérienne de la pêche et de l’aquaculture (CAPA), le SIPA 2025 s’inscrit pleinement dans la stratégie nationale de valorisation de l’économie bleue. L’événement vise à stimuler les investissements dans des domaines clés tels que l’aquaculture, la construction navale, la transformation et la distribution des produits halieutiques, sans oublier les volets financiers et assurantiels liés aux activités maritimes.

Pour les organisateurs, ce salon doit être un levier pour consolider la sécurité alimentaire du pays, mais aussi pour renforcer le rôle de l’Algérie comme acteur régional incontournable dans le domaine de la pêche. « Cet événement représente une plateforme unique de coopération arabo-africaine et méditerranéenne », souligne la CAPA, qui insiste sur la dimension de partenariat Nord-Sud et Sud-Sud. Outre les espaces d’exposition, le salon mettra l’accent sur la dimension scientifique et technologique. Des ateliers techniques et conférences seront animés en collaboration avec la FAO, la Commission générale des pêches pour la Méditerranée (CGPM) et l’Initiative Ouest Med. Un espace sera également dédié aux start-up et projets innovants, offrant aux jeunes entrepreneurs l’opportunité de présenter leurs solutions technologiques devant investisseurs et bailleurs de fonds. Cette ouverture traduit la volonté de moderniser les chaînes de valeur maritimes et d’intégrer les nouvelles technologies au secteur halieutique. Enfin, le SIPA 2025 constituera une passerelle avec la prochaine Foire commerciale intra-africaine (IATF), qui se tiendra également en Algérie.

Ce croisement des agendas vise à élargir les perspectives de coopération économique et commerciale, notamment avec les pays africains. Avec cette 10ᵉ édition, Oran ne sera pas seulement la vitrine de la pêche et de l’aquaculture, mais aussi le reflet de l’ambition algérienne de faire de l’économie bleue l’un des piliers de sa diversification économique et de son développement durable.

Par Mourad A.

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