Exploitation des plages en Algérie: Une loi pour mettre fin à l’impunité
La ministre du Tourisme et de l’Artisanat, Mme Houria Meddahi, a annoncé à Alger avoir achevé la révision des dispositions de la loi fixant les règles générales d’utilisation et d’exploitation touristiques des plages pour la saison estivale 2025, lors d’une audition devant les députés. Ainsi, après plusieurs saisons estivales marquées par le désordre, les dépassements et la privatisation sauvage des plages, un vent de changement souffle sur le littoral algérien. Lors de son audition par la Commission de la culture, de la communication et du tourisme à l’Assemblée populaire nationale, la ministre a affirmé que la révision du projet de loi amendant et complétant la loi 03-02 du 17 février 2003, fixant les règles générales d’utilisation et d’exploitation touristiques des plages, visait à « remédier aux insuffisances enregistrées dans l’application de certaines dispositions et aux dysfonctionnements constatés sur le terrain lors des différentes saisons estivales ». La première responsable du secteur du Tourisme a indiqué que le projet de révision de cette loi « a concerné dix articles, avec l’introduction de deux nouveaux articles visant à remédier à un ensemble de difficultés ».
Un message fort, qui réaffirme le droit des citoyens à jouir librement du littoral, sans avoir à subir les abus de certains exploitants. Il faut dire que ces dernières années ont vu proliférer les pratiques illégales : plages confisquées, accès payants imposés de manière arbitraire, services médiocres et absence de contrôle. Cette situation a fini par entacher l’image de la saison estivale et nourrir un profond sentiment d’injustice chez les citoyens. « L’entrée aux plages est gratuite », stipule pourtant l’article 5 de la loi en vigueur. Une disposition souvent ignorée sur le terrain. Désormais, avec ce projet de loi, l’État entend reprendre la main. Les espaces octroyés par voie d’attribution devront répondre à un cahier des charges strict, validé par les autorités locales, et les exploitants devront être qualifiés professionnellement pour exercer dans le domaine touristique. En effet, ce projet de loi, qui actualise le texte de 2003, pose enfin un cadre clair : pas plus de 30 % de la superficie totale d’une plage ne pourra être concédée à l’exploitation touristique, le reste, soit 70 %, devant rester entièrement gratuit et accessible à tous les estivants.
En outre, le nouveau dispositif prévoit l’élaboration de plans d’aménagement touristique pour chaque plage, prenant en compte la nature du site, les zones de baignade, les espaces gratuits, les circuits de circulation, et même des aménagements spécifiques pour les personnes en situation de handicap. Des zones seront délimitées pour les activités nautiques, comme les jet-skis et les embarcations de loisir, interdites sur les plages non autorisées. L’objectif est double : garantir la sécurité des baigneurs et améliorer la qualité de l’offre récréative.
Le projet de loi accorde également une place importante à la régulation et au contrôle. Les gardes-côtes rejoignent désormais la liste des agents habilités à constater les infractions — un renfort bienvenu pour faire respecter la loi sur l’ensemble des 2 148 kilomètres de côtes.
Avec cette réforme, l’Algérie entend tourner la page des étés gâchés par la désorganisation et les abus. Il s’agit non seulement de protéger le droit des citoyens à accéder librement aux plages, mais aussi de valoriser le littoral comme un véritable atout touristique, à la hauteur des attentes des vacanciers locaux, des membres de la diaspora et même des visiteurs étrangers. Autre mesure phare : la simplification des procédures d’attribution. Fini les lenteurs administratives qui décourageaient les opérateurs sérieux. Le pouvoir de décision sera désormais entre les mains du wali, qui signera directement les accords d’exploitation après validation du plan d’aménagement par la commission de wilaya. En cas d’échec de la procédure d’appel d’offres, le texte prévoit la possibilité de recourir à la négociation directe avec les communes ou les établissements publics du secteur touristique, afin d’éviter le blocage des projets et d’assurer une offre de qualité.
Par Reda Hadi