Hydrocarbures: L’AIE reconnaît l’urgence d’investir, l’OPEP maintient sa ligne
L’Agence internationale de l’énergie (AIE) appelle désormais à relancer les investissements dans le pétrole et le gaz pour éviter une crise d’approvisionnement. Un revirement qui vient conforter la position de l’OPEP et les choix stratégiques de l’Algérie, engagée depuis plusieurs années dans une démarche ambitieuse de renforcement de ses capacités de production et de diversification de ses partenariats.
Dans un rapport publié le 16 septembre 2025, l’AIE revient sur sa position passée. Après avoir appelé en 2021 à l’arrêt total des nouveaux projets d’exploration pétrolière, gazière et charbonnière, l’institution reconnaît aujourd’hui la nécessité d’investissements massifs pour maintenir l’équilibre énergétique mondial. Selon ses projections, plus de 45 millions de barils par jour de pétrole et près de 2 000 milliards de mètres cubes de gaz devront provenir de nouveaux champs d’ici 2050 pour compenser le déclin naturel des gisements. Le directeur exécutif de l’AIE, Fatih Birol, a d’ailleurs prévenu : « Un manque d’investissement en amont équivaudrait à retirer du marché l’équivalent de la production combinée du Brésil et de la Norvège chaque année. L’industrie doit courir beaucoup plus vite juste pour rester sur place ». Une déclaration qui contraste fortement avec ses propos de 2021, où il affirmait que « s’il fallait être sérieux sur la crise climatique, aucun nouvel investissement dans le pétrole, le gaz et le charbon ne devait avoir lieu dès cette année-là ».
Face à ce changement de cap, l’OPEP a réagi en soulignant qu’elle n’a jamais varié de ligne. L’organisation a toujours plaidé pour des investissements opportuns et suffisants dans l’industrie pétrolière afin d’assurer la stabilité du marché et de répondre à une demande mondiale croissante.
La stratégie énergétique de l’Algérie confortée
Ce tournant de l’AIE vient renforcer la stratégie énergétique de l’Algérie, qui a choisi depuis plusieurs années de miser sur le renforcement de ses investissements dans l’exploration et la production d’hydrocarbures. La compagnie nationale Sonatrach a d’ailleurs annoncé récemment dix nouvelles découvertes, confirmant le potentiel du pays. Grâce à la loi sur les hydrocarbures de 2019, l’Algérie a multiplié les partenariats avec de grandes compagnies internationales telles qu’ExxonMobil, Chevron ou Occidental Petroleum. Le lancement du programme « AlgeriaBid Round » fin 2024 a également suscité un fort intérêt, avec une série d’appels à concurrence visant à attirer de nouveaux flux d’investissement. Ces initiatives visent à renouveler les réserves, à accroître la production pour la demande interne et à consolider la place de l’Algérie comme fournisseur fiable, notamment pour l’Europe. Dans un contexte où l’AIE elle-même admet que 90 % des investissements actuels servent uniquement à compenser le déclin des champs existants, l’orientation algérienne apparaît d’autant plus stratégique. En se projetant sur le long terme, l’Algérie se positionne comme un acteur incontournable de la sécurité énergétique mondiale, alignant ses choix sur les réalités des marchés plutôt que sur des discours conjoncturels.
Par M. A.
