15/06/2024
ACTUALITENATIONAL

Irrigation agricole: Les eaux épurées à la rescousse

En ces temps de disette hydrique, et le réchauffement planétaire aidant, le manque d’eau peut  s’avérer être un problème majeur, particulièrement en cette période de grande chaleur, qui peut mettre en danger notre sécurité alimentaire.

C’est pour y remédier,  que le Président de la République a, lors du dernier conseil des ministres, demandé à ce que soit  élaborer un plan ficelé pour  l’utilisation des eaux des stations d’épuration des eaux usées dans l’irrigation agricole et dans l’industrie, et qui tienne compte de nombre d’indicateurs.

Il s’agit de la détermination précise du niveau des eaux récupérées suivant le procédé d’épuration, et la définition des besoins nationaux, ainsi qu’un recensement technique de toutes les stations d’épuration en panne et celles en service, dans chaque commune et wilaya, en vue d’en déterminer les capacités de production.

Il s’agit également d’inscrire les besoins en termes de développement de l’automatisation du secteur, au titre du programme du Gouvernement, en priorisant les wilayas ne disposant pas de stations de traitement des eaux usées à des fins d’irrigation, au lieu de puiser des eaux souterraines, classées réserve stratégique, mais aussi de fixer un objectif de 40% d’eaux récupérées à court terme, pour les utiliser à des fins agricoles et industrielles,

Ce plan est à même de nous assurer une certaine indépendance des aléas de la nature, et de fixer scientifiquement des objectifs de production.

Pour Mme T Sihem, ingénieur en agronomie, « premier secteur consommateur d’eau douce, l’agriculture est particulièrement vulnérable à l’aggravation du stress hydrique sous l’effet du changement climatique.»

A cause du manque d’eau, une récente étude de l’ONU, indique une diminution de plus de 70 % des récoltes de blé d’ici à la fin du siècle, tandis que celles des céréales les plus résilientes (millet et sorgho) chuteraient de moins de 20 %. L’Algérie si elle ne prend pas les mesures adéquates,  peut aller au devant d’une catastrophe sans précédent.

Or l’utilisation des eaux épurées, intéresse de plus en plus des pays, comme procédé palliatif. Car dit elle, réutiliser des eaux usées pour irriguer les cultures est une option économique par rapport à l’emploi d’eau désalinisée dont le coût de production est trois à quatre fois plus élevé que celui du traitement d’effluents d’origine domestique ou industrielle.

De plus souligne-t-elle, cette pratique sert énormément les  logiques d’économie circulaire mais aussi à améliorer le partage de la ressource en eau sur les territoires, qui en manquent.

De plus, la réutilisation des eaux usées traitées présente un avantage conséquent d’un point de vue environnemental car elle permet de recycler l’eau traitée et de limiter la consommation d’eau douce.

Pour cette ingénieure, tout procédé à ses avantages et ses inconvénients, et son application ne dépend que des facteurs garantissant les avantages par rapport aux inconvénients. Or, l’utilisation à bon escient des eaux traitées, présente plus d’avantages, que d’inconvénients. Mais celle-ci, souligne par ailleurs, l’option d’installer de petites stations en milieu rural, ce qui permettrait plus de proximité dans l’approvisionnement.  

Puisque  petites et implantées au milieu des champs, donc potentiellement proches des exploitations agricoles. Là où se trouve le besoin en eau. Ce qui offre l’avantage d’une irrigation en circuit court, avec un coût d’investissement moindre dans les canalisations.

Il est utile de rappeler que les eaux usées traitées présentent des avantages agronomiques car elles contiennent encore des nutriments, au contraire de l’eau claire. Du coup, l’agriculteur va réduire ses apports d’engrais. Mais il y a aussi tout un ensemble d’autres éléments à contrôler, comme la présence de pathogènes ou de polluants émergents.

Actuellement un milliard de m3 d’eau épurée est produite annuellement par les 211 stations d’épuration implantées à travers le pays. Et avec, la réception de 33 autres d’ici 2026, la production nationale en eau épurée atteindra les 1,4 milliards m3/an, selon les chiffres du ministre de l’Hydraulique. Des quantités importantes pour le secteur agricole et industriel. Toutefois, déplore le ministre, seulement 50 millions de m3 de ces eaux sont réutilisées ! Les 430 millions de m3 restantes partent dans la nature. Une nouvelle stratégie sera mise en place, indique-t-il dans une déclaration à la presse, afin d’exploiter cette ressource importante, en valorisant dans le secteur agricole, en particulier durant cette période de stress hydrique.

Par Réda Hadi  

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