Italie: De surprenants bons résultats
Le taux de croissance se révèle le plus élevé parmi les grands pays européens. Le 2e semestre s’annonce cependant moins favorable.
Les économistes ont du mal en ce moment à trouver leurs repères. Tandis que l’Allemagne, habituel champion de la zone euro, est devenu le dernier de la classe en plongeant dans la récession (voir Le Revenu n°1744), l’Italie, très longtemps à la traîne, se retrouve au tableau d’honneur.
Les données de ce pays pour le 1er trimestre ont en effet créé la surprise, révélant un taux de croissance de 0,6% par rapport aux trois mois précédents, soit 1,9% en variation annuelle. L’économie de notre voisin transalpin est actuellement la plus dynamique parmi les grands pays européens.
Dans son récent rapport semestriel, l’Institut national de statistique (Istat) a révisé à la hausse ses prévisions : alors qu’il tablait en décembre dernier sur une progression du PIB de 0,4% pour l’ensemble de 2023, il prévoit à présent une croissance de 1,2%, grâce à un début d’année meilleur que prévu, avant un léger infléchissement (+1,1%) en 2024.
Retour massif des touristes
Les prévisions sont basées sur «des hypothèses favorables» d’un recul de l’inflation à court terme et de la mise en œuvre d’un plan de relance dans les deux prochaines années. Même si les transferts de fonds de l’Union européenne ont pris du retard – le gouvernement de Giorgia Meloni rechignant à remplir les conditions fixées par Bruxelles pour les débloque –, ce plan de relance devrait bénéficier de l’injection de milliards d’euros. Quoi qu’il en soit, la révision à la hausse des prévisions prouve que l’économie italienne ne fléchit pas face aux vents contraires (inflation élevée, conjoncture mondiale moins favorable…).
La croissance a systématiquement dépassé les attentes depuis le rebond de l’activité à la suite de la forte récession de 2020, due à la pandémie de Covid-19, le PIB ayant progressé de 7% en 2021 et de 3,7% en 2022. La demande intérieure a été le moteur de l’activité, avec une contribution positive de 0,7 point de PIB.
Malgré la hausse des prix, les dépenses des ménages se sont redressées au 1er trimestre (+0,5%), après un recul de 1,6% au 4e trimestre 2022. La hausse de la consommation concerne aussi bien les biens durables (+2%) que les biens non durables (+1,4%). De plus, les indicateurs du début de cette année confirment la dynamique positive des services.
Le tourisme, en particulier, est en forte reprise, comme on le constate dans les principales villes italiennes, où les visiteurs chinois ont commencé à revenir. La saison estivale s’annonce bonne, mais la prudence reste de mise pour le 2e semestre, souligne le Crédit Agricole, car les signaux parvenus à ce jour ne sont pas tous positifs. L’indice PMI des services est retombé à 54 points en mai, après avoir progressé durant quatre mois d’affilée (57,6 en avril).
Une inflation toujours forte
Dans les autres secteurs, la situation serait encore moins favorable. Les perspectives s’assombrissent en particulier dans l’industrie. Ce secteur a connu un net ralentissement au cours des deux derniers mois, l’indice PMI ayant enregistré sa plus forte contraction en trois ans, à 45,9 points (46,8 en avril).
De façon générale, l’indicateur du climat de confiance de l’Istat a reculé en mai, après plusieurs mois de progression. Le resserrement de la politique monétaire devrait continuer à freiner l’investissement, qui a déjà ralenti au 1er trimestre (+0,8% par rapport au précédent).
Enfin, l’inflation est toujours un sujet d’inquiétude, compte tenu des fluctuations des prix de l’énergie, notamment du pétrole. Après une décélération progressive de janvier à mars, la hausse des prix s’est accentuée en avril, à 8,2%, pour diminuer à nouveau en mai (7,6%).
Le point positif est que l’inflation sous-jacente a reflué pour la première fois, de 6,4 à 6,3% le mois dernier. Elle reste cependant au-dessus de celle des autres grands pays de l’Union.
