L’américaine ‘Oxy’ consolide sa présence en Algérie
Un nouveau pas vient d’être franchi dans le partenariat énergétique entre l’Algérie et le groupe américain Occidental Petroleum (OXY). Dimanche à Alger, l’Agence nationale pour la valorisation des ressources en hydrocarbures (Alnaft) et la compagnie américaine ont signé deux conventions portant sur la réalisation d’études techniques destinées à évaluer le potentiel en hydrocarbures sur deux périmètres stratégiques. Les zones concernées sont celles d’El Ouabed, situé dans le sillon de Benoud, et de Dahar, dans la partie nord des bassins de Berkine et Oued Mya.

Selon Alnaft, ces accords s’inscrivent dans la continuité d’une coopération déjà ancienne et visent à identifier de nouvelles opportunités d’investissement dans l’exploration et le développement des hydrocarbures. Occidental Petroleum, dont le siège est basé aux États-Unis, figure parmi les grands acteurs mondiaux du secteur énergétique. Présente en Algérie depuis les années 1980, la compagnie a participé au développement de plusieurs projets majeurs, tels que le champ géant d’Ourhoud, le gisement de Hassi Berkine Sud et le complexe intégré d’El Merk inauguré en 2013. En 2020, elle a franchi une étape supplémentaire en acquérant les parts d’Anadarko dans plusieurs gisements du sud algérien, consolidant ainsi sa position dans le partenariat avec Sonatrach. Ces actifs, couvrant notamment Hassi Berkine, Ourhoud et El Merk, ont conforté le rôle de la société dans le développement des ressources du pays.
Pour Alnaft, la signature de ces nouvelles conventions témoigne d’une volonté partagée d’approfondir l’évaluation du domaine minier national et de valoriser davantage ses ressources. Elle rappelle que l’expérience d’Occidental en Algérie s’est traduite par des apports technologiques et financiers décisifs, contribuant à améliorer les performances des grands gisements.
Ce retour marqué de la compagnie américaine dans la prospection et l’étude de nouveaux périmètres confirme son intérêt renouvelé pour le marché algérien, après une période où son implication avait connu un ralentissement. Les études engagées pourraient ouvrir la voie à des phases de développement et de production, renforçant ainsi la place de l’Algérie comme partenaire stratégique des grandes compagnies pétrolières internationales dans un contexte mondial en quête de sécurisation des approvisionnements énergétiques.
Engouement des américains
La présence renforcée d’Occidental Petroleum s’inscrit dans une dynamique plus large, celle du retour progressif des grandes compagnies américaines en Algérie. Après plusieurs années de discussions, Alger est désormais proche de conclure des accords stratégiques avec deux autres géants de l’énergie, Chevron et ExxonMobil, autour de projets d’exploration et d’exploitation de nouvelles réserves gazières. Le président d’Alnaft, Samir Bekhti, a récemment confié à Bloomberg que les négociations avec ces deux sociétés étaient à un stade avancé. Les aspects techniques ayant été pratiquement finalisés, il ne reste que la dimension commerciale à arrêter.
Cette orientation traduit la volonté de l’Algérie de diversifier et de renforcer ses partenariats, tout en poursuivant l’objectif ambitieux d’atteindre une production de 200 milliards de m³ de gaz d’ici 2030, contre un peu plus de 100 milliards actuellement. Une perspective qui répond à la fois à la hausse de la consommation intérieure et à la nécessité de consolider le rôle de l’Algérie comme fournisseur majeur de l’Europe.
Les contacts politiques de haut niveau illustrent également l’importance accordée à ce rapprochement. Fin juin, le président Abdelmadjid Tebboune a reçu des délégations de Chevron et d’ExxonMobil, marquant un signal fort en faveur d’un partenariat durable. Ces discussions s’ajoutent aux mémorandums de coopération déjà signés en 2024 avec Sonatrach, notamment pour l’étude des potentiels hydrocarbures dans les bassins d’Ahnet et de Gourara.
Les majors américains s’intéressent aussi au potentiel offshore algérien. Chevron, par exemple, a mené une étude exploratoire sur les ressources en mer, notamment au large de Béjaïa et Jijel. Les résultats, attendus prochainement, pourraient ouvrir de nouvelles perspectives pour l’industrie nationale des hydrocarbures. Avec des réserves de gaz estimées à près de 707 trillions de pieds cubes, l’Algérie se classe au troisième rang mondial. Dans un marché international marqué par la recherche de sécurité énergétique, cette ressource place le pays au cœur des enjeux géostratégiques. Pour de nombreux observateurs, l’arrivée concertée de Chevron, ExxonMobil et Occidental confirme le retour en force des compagnies américaines et redessine la carte des alliances énergétiques de l’Algérie.
Par Mourad A.