Le tourisme domestique reprend
Juillet et août sont les mois de prédilection, des Algériens pour partir en vacances. Longtemps réservées à quelques élites, les vacances se sont démocratisées au point où, selon certaines sources, 60 % des Algériens partent l’été en vacances, avec cette particularité de choisir automatiquement un lieu en bordure de mer. En cette période, la côte a la cote…
En ces temps de chaleurs, rien ne vaut que la fraicheur des vagues sur les corps pour se rafraichir. On a pu observer depuis une quinzaine d’années, la prolifération de complexes privés et de campings. A chacun ses moyens, mais partir en vacances est devenu sacré. Une habitude qui a gagné les habitants du Sud; qui veulent eux aussi profiter des bienfaits de cette eau salée.
Durant ces deux mois, les côtes algériennes voient augmenter leurs populations 6 fois plus, selon des estimations d’habitants. Les dispositions des pouvoirs publics ont également augmenté cette propension de nos concitoyens à s’offrir un bol d’air. De la cote ouest à celle de l’Est, en passant par le centre, les complexes affichent complets tout comme les campings.
Pourtant cette année, les voyagistes se plaignent du manque de clientèle, pour l’étranger, alors qu’avant la Covid, leurs carnets de commandes étaient pleins, et ils leur arrivaient même de refuser du monde.
Un voyagiste de Bordj El Bahri, nous a assuré que de nos jours, les destinations prisées ne le sont plus. La Tunisie ou la Turquie, ne fon plus recette, de par l’inflation qui y sévit et la cherté de la vie, elles ne sont plus demandées. Pour la destination France, c’est plus compliqué, au regard des restrictions de visas. Selon lui, elles représentaient plus de 70 % de son chiffre d affaires.
Le bouche à oreille et internet ont brisé leurs ambitions
Si les bons de commandes sont pratiquement vides en été, les voyagistes disent que maintenant les gens, ont recours à internet pour s’assurer une location en bord de plage, avec tous les risques qu’ils peuvent encourir.
Et de déplorer tout de même cet acharnement qu’ont nos concitoyens, à ne vouloir que la mer, alors que d’autres formes de tourisme existent.
Effectivement, même si les pouvoirs publics encouragent énormément le développement le tourisme de campagne, de randonnées, d’histoire, ou de chambres d’hôtes, ils sont encore à l’état embryonnaire, et les quelques offres annoncées ne sot pas suffisantes pour une plus grande appréhension de ce type de tourisme. Certains avancent que par manque de culture appropriée, il sera difficile de faire changer d’avis à nos concitoyens, tant ils sont casaniers et routiniers.
En attendant vive la plage…
D’Oran à El Kalla, les algériens ont leurs plages préférées, le même centre touristique et le même camping. Quel qu’il soit le lieu, il ne déroge pas à la règle, espérant chaque année, une amélioration des prestations.
Région Ouest
Dans cette région, c’est les wilayas de Mostaganem et Tlemcen qui tiennent le haut du podium.
Leurs renommées sont telles, que les rues sont bondées en cette période, les embouteillages quotidiens, et les marchés saturés. C’est un véritable casse tête pour les autorités communales que de gérer cet afflux de gens et de leur assurer le minimum, particulièrement l’eau.
Les quelques point rares qui reste dans ces wilaya sont pris d’assaut aussi, par les vacanciers journaliers. Ceux-ci viennent des profondeurs de la wilaya pour ne serait-ce qu’une journée.
Rencontrée à Mers El Hadjadj, une station très prisée de la wilaya d’Oran, Mme Hafida, nous explique «Il y a peu de temps cette région était vide et sauvage, ce qui m’a fait l’aimer. Maintenant, c’est devenu bondé, ce qui ajoute à la détérioration de l’environnement. Les prestations s’en ressentent et pourtant j’y reviens chaque année». Pour tous ces estivants l’envie est trop forte, et impossible de résister à l’appel de la mer.
Au Centre, c’est pour la journée
Au centre du pays, les plages d’Alger, ne sont occupées que par ceux de la journée, venus se détendre, car pour louer, il faut aller dans les wilayas limitrophes (Tipasa, Boumerdes, Jijel, Bejaïa). Dans ces wilayas, les complexes touristiques sont foisons et les campungs aussi.
Dans un camping très connu à Zemouri, situé en pleine forêt, à quelques encablures de la mer, les estivants se disent assez satisfaites des amélioration qui ont été apportées à leur lieu de villégiature. « Nos vacances sont de plus en plus agréable, car les géants ont compris l’efficacité des prestations, qui nous ferons revenir», nous dit Ammar, qui précise que c’est la 3 année qu’il fréquente ce camping.
L’Est reste dominé par Skikda et Annaba
Dans le Littoral Est, Skikda et Annaba, restent les wilayas les plus prisées, particulièrement par les habitants des régions Sud.
A Tamanart, dans la daira de Collo, c’est un vrai tohu bohua, ca ne sont que des interpellations entre copains, qui cherchent un moyen de locomotion pour aller à Tamanart. Réputée pour être restée à l’état sauvage avec des sites inoubliables, cette région se dépérit à cause d’une mauvaise prise en charge de ce volet touristique
«Avec les copains, nous venons chaque année, et chaque année, cela s’empire dans tous les domaines, hygiène, sécurité, ambiance. Tout manque, et pourtant c’est tellement beau et magnifique, que nous revenons», nous dit Aymen, un jeune de Biskra.
Les algériens aiment les vacances et en dépit de quelques mésaventures, reviennent à leur lieu de prédilection. Les sociologues expliquent cela, par un effet d’accoutumance, et surtout par les liens affectifs et amicaux qui sont tissés durant cette période. En effet, l’Algérien a cette particularité d’aimer plus les gens que les lieux. Et même si l’endroit qu’ils ont choisi pour les vacances, ne représente pas l’idéal, il n’en demeure pas moins, l’endroit de l été ou l’on retrouve les gens que l’on apprécié, même le temps des vacances. Durant ces deux mois, beaucoup de métiers trouvent leurs comptes, même ceux occasionnels.
Est-ce à dire que le tourisme domestique a repris du poil de la bête ? Les spécialistes se méfient de cette embellie, car ils la jugent éphémère, comme une vague à la mode. En effet, pour eux, on ne peut parler de reprise d’un secteur, si elle n’est pas la conséquence d’un programme ou d’une action politique fermement engagée. Des défauts existent, et il est aisé de les identifier et d’y apporter la solution la meilleure.
Par Réda Hadi