Marché mondial du pétrole: Des projections contrastées
Entre optimisme de l’OPEP, prudence de l’AIE et ajustements de l’EIA, les perspectives mondiales de l’offre et de la demande pétrolières demeurent incertaines.
Les perspectives pétrolières mondiales pour 2025 et 2026 font l’objet de fortes divergences entre les grandes institutions de référence. Tandis que l’OPEP reste la plus optimiste quant à la croissance de la demande, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) maintient une approche prudente, et l’Energy Information Administration (EIA) américaine multiplie les ajustements.
Cette disparité intervient dans un contexte d’amélioration des prévisions de croissance mondiale, d’apaisement relatif des tensions commerciales et de révisions successives des équilibres offre-demande.
En 2025, l’OPEP table sur une hausse de la demande mondiale de 1,38 million de barils par jour (mb/j), contre 1,28 mb/j dans ses estimations précédentes, portant le total attendu à 105,14 mb/j. Pour 2026, ses projections restent les plus élevées du marché. L’EIA a également relevé ses prévisions, anticipant une croissance de 0,98 mb/j en 2025 (contre 0,80 mb/j précédemment) et de 1,19 mb/j en 2026 (contre 1,05 mb/j), pour un total de 104,91 mb/j.
À l’inverse, l’AIE adopte une approche nettement plus prudente. Elle a abaissé ses estimations à 685 000 barils/jour en 2025, soit une révision cumulée de –350 000 barils/jour par rapport à ses prévisions initiales, et à seulement 699 000 barils/jour en 2026 (contre 722 000 auparavant), pour un total de 104,44 mb/j. Les prévisions d’offre pétrolière hors OPEP+ connaissent elles aussi des divergences notables. Pour 2025, l’OPEP et l’AIE maintiennent leurs estimations à respectivement 0,81 mb/j et 1,35 mb/j, tandis que l’EIA a relevé sa prévision à 1,49 mb/j.
Pour 2026, l’OPEP a revu ses chiffres à la baisse, à 0,63 mb/j (contre 0,73 mb/j), pour un total de 54,64 mb/j, alors que l’AIE a opté pour une révision haussière, à 1,03 mb/j (contre 0,93 mb/j). L’EIA, de son côté, a réduit ses projections à 0,69 mb/j (contre 0,83 mb/j). Globalement, l’AIE a relevé ses prévisions de croissance de l’offre mondiale de 370 000 barils/jour en 2025 (soit un total de 2,5 mb/j) et de 620 000 barils/jour en 2026 (soit 1,9 mb/j).
Cette dynamique est directement liée à la décision récente de l’OPEP+ : le groupe des huit pays membres a annoncé en juillet 2025 une augmentation de 547 000 barils/jour en septembre, mettant fin aux réductions volontaires de 2,2 mb/j.
Les niveaux de stocks confirment un resserrement du marché. Selon l’OPEP, les stocks commerciaux de pétrole des pays de l’OCDE ont diminué de 3,2 millions de barils en juin 2025, pour atteindre 2,789 milliards de barils, soit une baisse annuelle de 57,9 millions de barils et un déficit de91,7 millions de barils par rapport à la moyenne quinquennale. L’AIE fait état d’un recul encore plus marqué, de 28,8 millions de barils, portant les stocks de l’OCDE à 2,758 milliards de barils. L’EIA estime quant à elle ces stocks à 2,776 milliards de barils à la fin du premier semestre 2025.
Ces divergences de prévisions traduisent les incertitudes pesant sur le marché pétrolier mondial. L’optimisme de l’OPEP s’appuie sur une croissance économique mondiale renforcée par le FMI, qui table sur une expansion de 3 % en 202* et 3,1 % en 2026, contre respectivement 2,8 % et 3 % auparavant. Mais l’approche plus prudente de l’AIE rappelle les incertitudes liées à la demande réelle, à l’évolution des politiques énergétiques et aux fluctuations géopolitiques. Entre croissance attendue de la consommation, ajustements de production et baisse des stocks, le marché pétrolier demeure en équilibre fragile, à la merci des tensions commerciales, des décisions de l’OPEP+ et des trajectoires économiques mondiales.
Synthèse S R.