Renforcement des capacités de stockage des céréales: Un pas vers l’autosuffisance et la sécurité alimentaire
La sécurité alimentaire s’impose aujourd’hui comme l’un des axes majeurs de la stratégie nationale. Face à une production céréalière en forte hausse, dépassant en 2024 la barre symbolique d’un milliard de dollars pour le seul blé dur, les autorités multiplient les initiatives pour renforcer les capacités de stockage et moderniser les infrastructures. L’objectif est clair : assurer la conservation des récoltes, réduire les pertes et rapprocher les services des agriculteurs.
Selon les données officielles, les stocks nationaux actuels dépassent 4 millions de tonnes, ce qui nécessite une infrastructure adaptée. Le programme en cours prévoit la réalisation de 30 silos stratégiques répartis sur 30 wilayas, ainsi que 350 centres de stockage de proximité couvrant 52 wilayas. Ces installations doivent constituer l’épine dorsale de la politique publique en matière de sécurité alimentaire.
À Corso (Boumerdès), le groupe Agrodiv a lancé un projet pilote d’envergure avec la réhabilitation de quatre batteries de silos, chacune comprenant neuf cuves en béton, pour une capacité totale d’un million de quintaux. Cette réalisation, première du genre en Afrique et dans le bassin méditerranéen, a permis de créer de nombreux emplois. Conçu pour une durée de vie de 100 ans, le projet a été mené dans le respect des normes, avec l’utilisation de matériaux locaux.Dans la wilaya de Tipaza, deux centres de stockage sont en cours de réalisation, à Sidi Amar et à Nador, chacun offrant une capacité de 5 000 tonnes. Le délai d’exécution est fixé à six mois pour une livraison prévue au premier trimestre 2025. Le coût global s’élève à 505,9 millions de dinars. Ces structures, dotées de halls de stockage, d’espaces administratifs et d’annexes, permettront de réduire la pression sur les centres de collecte existants et de rapprocher le service des exploitants agricoles. La wilaya de Béjaïa accueille, quant à elle, un complexe industriel rattaché aux Moulins Soummam à Sidi Aïch, doté d’une capacité de 125 000 quintaux. Actuellement, il stocke environ 13 000 quintaux de blé dur et tendre. Sa capacité de transformation journalière atteint 4 400 quintaux de blé dur et 3 000 quintaux de blé tendre, contribuant directement à l’approvisionnement national en semoule et en farine. Un raccordement futur au réseau ferroviaire est envisagé afin d’optimiser la logistique et d’accroître les flux de marchandises. Intervenant à la télévision algérienne, Ali Zamouche, Président-Directeur Général de l’EPE/SPA Filiale Céréales Centre, et Abdelhalim Arrouche, Président-Directeur Général de la société SERSID, ont souligné que le stockage constitue un maillon essentiel de la filière céréalière. Ils ont également mis en avant le savoir-faire national mobilisé pour concevoir et réhabiliter les silos. Pour Ali Zamouche, ces investissements représentent une étape décisive : « Le stockage constitue l’un des maillons stratégiques de la filière céréalière. Avec ces nouvelles infrastructures, nous garantissons la disponibilité du blé tout au long de l’année et réduisons les pertes post-récolte. C’est un pas important vers l’autosuffisance et la sécurité alimentaire du pays».
De son côté, Arrouche, a tenu à souligner la portée industrielle du projet : « La conception et la réhabilitation de ces silos sont le fruit d’un savoir-faire national. Nos ingénieurs et nos équipes ont démontré qu’il est possible de relever ce défi avec des compétences locales, en respectant les standards internationaux. Cela conforte l’Algérie dans son ambition de bâtir une filière céréalière moderne et souveraine ».
Au-delà des chiffres, une véritable transformation structurelle s’opère. En développant son réseau d’infrastructures de stockage, l’Algérie se dote d’un outil qui sécurise ses approvisionnements et répond à la croissance de sa production. C’est une démarche stratégique qui allie l’économie, l’industrie et la souveraineté nationale.
Par M. A.
