Traitement des eaux usées: 500 millions de m³ réutilisés chaque année
L’Algérie fait face à des défis croissants en matière de gestion de l’eau, notamment en ce qui concerne les eaux usées. Le pays a mis en place plusieurs initiatives visant à améliorer leur traitement et leur réutilisation, afin de soutenir l’agriculture et de préserver les ressources en eau douce. Actuellement, la capacité de traitement des eaux usées en Algérie s’élève à 1,097 milliard de m³ par an, dont 500 millions de m³, soit près de 50 %, sont réutilisés chaque année. En novembre 2023, 10 % des eaux traitées étaient utilisées pour l’agriculture, un taux qui devrait augmenter dans les années à venir, a souligné Taha Derbal, ministre de l’Hydraulique.
Chaque goutte d’eau traitée utilisée pour l’irrigation permet de préserver les ressources en eau douce pour l’usage domestique. Cette approche est au cœur de la stratégie nationale visant à garantir la durabilité hydrique du pays, comme l’a affirmé Taha Derbal dans une interview accordée à un média privé. Il a insisté sur l’importance de maximiser l’utilisation des eaux usées traitées pour réduire la pression sur les ressources en eau potable. L’eau est considérée comme un secteur stratégique en Algérie, essentiel à la fois pour le développement économique, la vie quotidienne des citoyens et pour faire face aux enjeux liés aux changements climatiques. Le ministre a souligné que la gestion de l’eau potable repose sur des infrastructures et des sources diversifiées, mais qu’elle doit relever des défis liés à la consommation et à la répartition de cette ressource. La consommation d’eau potable atteint actuellement 3,4 milliards de m³ par an, avec environ 20 % de cette eau provenant des stations de dessalement. Cette proportion devrait atteindre 42 % avec la mise en service de cinq nouvelles stations de dessalement d’ici 2025. Une fois ces stations opérationnelles, le nombre total de stations de dessalement en Algérie atteindra 31, renforçant ainsi la capacité du pays à produire de l’eau potable à partir de l’eau de mer.
Face à ces défis, l’Algérie poursuit le développement de projets d’envergure, comme l’augmentation de la capacité des stations de dessalement et la réutilisation accrue des eaux usées pour l’agriculture. «Nos stations de dessalement sont un pilier de notre politique hydraulique. Elles nous permettent non seulement d’assurer un approvisionnement continu en eau potable, mais aussi de réduire notre dépendance aux ressources traditionnelles, comme les nappes souterraines», a expliqué Derbal. Le budget alloué pour la première phase du projet d’utilisation des eaux usées à des fins d’irrigation s’élève à 34 milliards de dinars, tandis que plus de 30 milliards de dinars sont consacrés à des projets visant à améliorer l’approvisionnement en eau dans les zones déficitaires.
34 milliards DA investis pour la réutilisation des eaux usées en irrigation
Actuellement, 55 % des ressources en eau proviennent des nappes souterraines, une situation jugée excessive et nécessitant un rééquilibrage. De plus, le secteur agricole représente 70 % de la consommation totale des ressources en eau, avec 11 milliards de m³ mobilisés chaque année pour l’irrigation. «Il est impératif de préserver nos nappes souterraines pour les générations futures. Nous travaillons sur un équilibre durable entre leur exploitation et leur conservation», a précisé le ministre.
Afin de soutenir ces initiatives, l’Algérie met également l’accent sur la réduction des pertes d’eau grâce au renforcement des infrastructures et une meilleure coordination entre les secteurs pour limiter les inefficacités. Les efforts de sensibilisation et d’éducation des citoyens, notamment des agriculteurs, concernant l’utilisation des eaux usées traitées, sont essentiels. «Nous avons constaté une augmentation de l’adhésion des agriculteurs à l’utilisation des eaux usées traitées, ce qui témoigne d’une prise de conscience collective et de la confiance dans les garanties sanitaires que nous offrons», a-t-il ajouté. Enfin, la gestion des priorités entre l’eau potable destinée aux citoyens et l’eau allouée à d’autres usages, comme l’agriculture et l’industrie, demeure un enjeu majeur. Le taux de raccordement à l’eau potable atteint environ 98 %, mais des efforts supplémentaires sont nécessaires pour garantir un accès équitable dans les zones rurales et les quartiers défavorisés. Ces projets s’inscrivent dans une stratégie globale visant à atteindre une sécurité hydrique durable, en tenant compte des contraintes climatiques et démographiques. «L’eau est au cœur de notre politique sociale et économique. Nous devons non seulement répondre aux besoins actuels, mais également anticiper les défis futurs, qu’il s’agisse de la croissance démographique ou des effets des changements climatiques», a-t-il conclu.
Par Mourad A.