Un corridor stratégique de l’hydrogène vers l’Europe : L’Algérie au cœur du projet SunsHyne
L’Algérie s’affirme comme un acteur majeur dans la transition énergétique de l’Europe grâce au projet de Mémorandum « SunsHyne ». Ce corridor d’hydrogène, d’une longueur de 3 400 km, vise à relier l’Afrique du Nord au cœur du continent européen, avec l’Algérie en position de partenaire stratégique.
Selon la plateforme spécialisée « Attaqa.net », une étude de faisabilité, menée avec succès en août 2025, a confirmé l’absence de contraintes techniques ou commerciales majeures, ouvrant la voie à la création de cette artère énergétique verte. Le projet est ambitieux : il s’agit de transporter jusqu’à 5 millions de tonnes d’hydrogène par an. Sa particularité réside dans l’ingénierie qui sera mise en place : 85 % du tracé sera constitué de gazoducs existants réutilisés pour le transport d’hydrogène, tandis que de nouveaux tronçons seront créés pour compléter le corridor. L’Algérie est considérée comme la plus à même de s’intégrer rapidement au projet grâce à son lien direct par gazoduc avec l’Italie. Cette proximité géographique et cette infrastructure existante lui confèrent un avantage certain par rapport aux autres pays d’Afrique du Nord (Maroc, Égypte, Tunisie), également identifiés comme exportateurs potentiels.
Le corridor SunsHyne, qui devrait démarrer à la fin de la décennie (vers 2029-2030), est un projet d’une importance capitale pour la sécurité énergétique de l’Europe. L’Allemagne, station clé du corridor en raison de sa forte demande, anticipe un besoin de plus de 100 TWh d’ici 2030, une demande bien supérieure à sa capacité de production locale actuelle. L’hydrogène sera principalement utilisé pour la décarbonation de son industrie lourde. Soutenus par des acteurs majeurs du transport de gaz européens comme Snam (Italie), TAG (Autriche) et OGE (Allemagne), certains tronçons du projet bénéficient déjà du soutien de l’Union européenne, témoignant de l’intérêt stratégique accordé à cette nouvelle route de l’énergie.
Hydrogène vert en Afrique : une révolution énergétique en marche
Le projet SunsHyne s’inscrit dans une dynamique plus large, car l’Afrique s’affirme progressivement comme un acteur majeur de la transition énergétique mondiale grâce à ses atouts considérables dans le domaine de l’hydrogène vert. Le continent dispose d’une abondance exceptionnelle en énergies renouvelables, notamment solaire et éolienne en Afrique du Nord et australe, ce qui lui confère un potentiel considérable pour produire de l’hydrogène compétitif à l’échelle internationale.
En plus de ses ressources naturelles, le continent possède une richesse en minerais stratégiques, indispensables au développement d’une filière industrielle complète. Cela permettra de répondre aux besoins des secteurs difficiles à décarboner, tels que l’acier, le ciment ou les engrais. À cela s’ajoute sa position géographique privilégiée, à proximité de l’Europe et de l’Asie, ainsi qu’un accès direct aux grandes routes maritimes, renforçant sa dimension logistique. Ces atouts seront au centre des discussions de la première conférence africaine mondiale sur l’hydrogène vert, prévue du 9 au 11 septembre 2025 à Windhoek, en Namibie. Chefs d’entreprise, responsables publics et investisseurs y examineront les moyens de renforcer la compétitivité des projets africains, d’attirer les financements et de bâtir des partenariats durables. Un soutien financier est d’ores et déjà annoncé : six pays africains, dont l’Égypte, bénéficieront de prêts du Climate Investment Fund pour un montant global de 12,5 milliards de dollars, afin d’accélérer la décarbonation des industries lourdes.
Selon le Dr Tsi Yuan Wang, vice-président du China Hydrogen Alliance for Gas Innovation, l’Afrique a toutes les cartes en main pour devenir un pilier de l’économie mondiale de l’hydrogène. Cependant, il insiste sur la nécessité d’une coopération étroite entre les secteurs public et privé, d’un cadre réglementaire stable et d’une stratégie à long terme pour garantir la rentabilité et le développement de cette nouvelle filière. Avec ces avancées, l’Afrique pourrait bien se hisser parmi les leaders du marché mondial de l’hydrogène vert, tout en transformant son potentiel énergétique en moteur de développement économique et industriel durable.
Synthèse M. A.