Dessalement en Algérie: Une stratégie payante pour l’eau potable
Le gouvernement algérien a mis en place une stratégie ambitieuse pour garantir la sécurité hydrique du pays, en misant notamment sur le dessalement de l’eau de mer. Cette approche vise à réduire la dépendance vis-à-vis des barrages et des nappes phréatiques, tout en assurant un approvisionnement constant en eau potable aux citoyens. Mouloud Hachlaf, Directeur de la communication d’Algerian Energy Company (AEC), a souligné l’importance de cette initiative, affirmant que le dessalement est devenu « un facteur essentiel dans le renforcement de la sécurité hydrique aujourd’hui ».
L’AEC, filiale du groupe Sonatrach, est le producteur de l’eau dessalée, dont l’unique client et distributeur exclusif est l’Algérienne des Eaux. Ces dernières années, l’Algérie a lancé un nombre croissant de projets de stations de dessalement. Les capacités de production sont réparties sur l’ensemble du territoire, couvrant les régions du Centre, de l’Ouest et de l’Est. Les investissements massifs dans le dessalement ont considérablement augmenté la contribution de cette source à l’approvisionnement en eau potable du pays. Mouloud Hachlaf a précisé lors de son passage à la télévision algérienne qu’en 2024, la production d’eau potable issue du dessalement était passée de 18% à 42%. Cette progression est le fruit d’un programme d’urgence et d’un programme complémentaire qui a porté la production quotidienne de 2,1 millions de mètres cube à 3,7 millions de mètres cubes. L’objectif est d’atteindre 5,5 millions de mètres cubes par jour d’ici 2030 avec la mise en service de six nouvelles grandes stations.
Concrètement, la région Centre, qui comprend des usines comme Hamma, Cap Djinet 1, Corso, Bateau Cassé, Mersa, et Fouka 1, produit actuellement 570 000 mètres cubes par jour. Avec l’ajout de Fouka 2, inaugurée en février dernier par le Président de la République et désormais à pleine capacité, la production quotidienne pour cette région dépasse 1 070 000 mètres cubes, soit plus d’un milliard de litres par jour.Dans la région Ouest, incluant Ténès, Mostaganem, MactaaKahrama, Béni Saf, Honaine et Souk Tlata, la production atteint 1 285 000 mètres cubes par jour. L’intégration de la nouvelle usine d’Oran, avec ses 300 000 mètres cubes supplémentaires par jour, porte la capacité totale de l’Ouest à 1 475 000 mètres cubes, soit environ 1,475 milliard de litres pour les habitants de cette région.Quant à la région Est, malgré des précipitations plus importantes, les stations de Skikda et El Tarf fournissent 280 000 mètres cubes par jour, soit 280 millions de litres. Au 19 juillet 2025, le programme complémentaire, comprenant cinq stations (dont quatre déjà en service), a permis de pomper 54 412 000 mètres cubes vers l’Algérienne des Eaux. En attendant l’entrée en service de la station de Béjaia.
Mouloud Hachlaf a souligné la prouesse de ces réalisations, effectuées « en un temps record ». Le programme global représente un investissement d’environ 2,5 milliards de dollars, avec un coût unitaire d’environ 400 à 420 millions de dollars par usine. Ces infrastructures sont conçues pour fonctionner pendant les 30 prochaines années. L’Algérie a réussi à réaliser ces projets avec une expertise 100% algérienne, grâce au transfert de savoir-faire de partenaires étrangers lors de la première phase. Les jeunes diplômés algériens sont aujourd’hui capables d’opérer ces technologies de pointe.Le coût de production d’un mètre cube d’eau dessalée est d’environ 100 dinars, mais le citoyen ne paie que 6 dinars, ce qui démontre « l’ampleur du soutien que l’État apporte à cette ressource vitale ». Pour l’avenir, les nouvelles stations intégreront des énergies renouvelables, comme le solaire, pour couvrir 30% à 40% de leurs besoins énergétiques.La maintenance et l’exploitation sont des défis majeurs, mais l’AEC y a alloué d’importantes ressources humaines qualifiées. Les arrêts de production des usines sont programmés pour la maintenance, d’une durée maximale de 24 à 48 heures, en coordination avec l’Algérienne des Eaux. En dépit de l’ampleur de la production, Hachlaf insiste sur la nécessité de « rationnaliser et de ne pas gaspiller ces ressources vitales ». L’ambition est claire : garantir à chaque Algérien un accès équitable à son droit à l’eau, dans la transparence et la rigueur.
Par M. A.