Assurance saisonnière: Une couverture sociale inédite pour les ouvriers agricoles
Dans un contexte où la précarité du travail saisonnier en milieu rural reste un défi majeur, la Caisse Nationale de Mutualité Agricole (CNMA), à travers sa filiale « Le Mutualiste », société d’assurance spécialisée dans les produits d’assurances des personnes, propose une assurance spécifiquement conçue pour les ouvriers agricoles non affiliés à la sécurité sociale. Ce produit, souple et accessible, constitue une avancée sociale importante en faveur d’une catégorie longtemps marginalisée.
Intervenant à la télévision nationale, Zoheir Meloudi, directeur central à la société « Le Mutualiste », a expliqué : « Ce sont des travailleurs invisibles, souvent sans aucune couverture, exposés aux risques d’accident sans filet de sécurité. Nous avons conçu un produit d’assurance adapté à leur réalité économique et professionnelle ». Le travail agricole saisonnier, caractérisé par sa discontinuité, ses revenus limités et la rotation élevée des ouvriers, échappait jusqu’ici aux schémas classiques de protection sociale. L’assurance proposée par le CNMA vient combler ce vide juridique et social en offrant aux travailleurs non affiliés à la CNAS ou la CASNOS une couverture volontaire et flexible, sans condition d’affiliation préalable. Ce produit, mis sur le marché depuis peu, est à but non lucratif et s’adresse directement aux employeurs de domaines agricoles et aux exploitants soucieux de protéger leur main-d’œuvre.
Cette offre assure des garanties solides pour un coût symbolique, visant à protéger les travailleurs modestes. En cas d’accidents de travail, elle assure le remboursement des frais médicaux, pharmaceutiques et chirurgicaux. Pour les situations d’invalidité permanente, un capital de 300 000 DZD est versé si le taux d’invalidité atteint 80 % ou plus, tandis que les invalidités partielles bénéficient d’une indemnisation proportionnelle pouvant aller jusqu’à 150 000 DZD. En cas de décès, la famille du défunt reçoit une indemnité forfaitaire de 300 000 DZD, destinée à faire face aux urgences du quotidien. Le coût de cette protection est très abordable : par exemple, il s’élève à seulement 1 560 DZD pour trois personnes sur une période de huit jours, soit environ 500 DZD par personne. De plus, il est possible de couvrir jusqu’à 30 ouvriers pour 12 000 DZD sur une période allant jusqu’à six mois. Comme l’a insisté M. Meloudi, « C’est un produit à portée sociale avant tout. Il s’adresse à une population à revenu modeste, mais dont le rôle dans notre sécurité alimentaire est fondamental ».
Au-delà de la couverture individuelle, ce dispositif d’assurance se présente comme un outil de formalisation et de stabilité essentiel pour le monde rural. Il ambitionne de structurer les relations de travail dans un secteur encore largement informel. Il apporte un sentiment de sécurité fondamental pour l’ouvrier, l’incitant à rester plus longtemps sur son poste, tout en reconnaissant son statut et en rendant son travail plus digne. De plus, il instaure un cadre légal clair entre l’employeur et le travailleur. Le directeur central a souligné, « Un ouvrier qui sait qu’il est couvert produit plus sereinement. C’est aussi une manière d’intégrer ces travailleurs dans l’économie formelle, sans les forcer dans des schémas rigides ».
Pour garantir la proximité et l’accessibilité de ses services, le CNMA s’appuie sur un réseau étendu. Celui-ci comprend des agences directes ainsi que des bureaux régionaux répartis à travers tout le territoire national, y compris dans les zones rurales isolées. De plus, l’organisme a mis en place des partenariats stratégiques avec les caisses régionales agricoles afin d’élargir encore davantage son réseau de distribution.
En ciblant les ouvriers agricoles saisonniers, cette initiative vise à renforcer la résilience du monde rural tout en soutenant l’investissement agricole à travers une main-d’œuvre mieux protégée. Le produit incarne aussi une vision inclusive de la protection sociale, où même les plus vulnérables peuvent accéder à un minimum de garanties. « C’est un appel à la dignité pour ces travailleurs, et une invitation à tous les exploitants agricoles à les intégrer dans une logique de protection et de respect », a-t-il conclu.
Par M. A.