19/07/2025
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Énergies renouvelables: Le projet de 3200 MW dynamise le programme solaire algérien

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Après une période de relative discrétion, le programme algérien des énergies renouvelables a pris un nouveau souffle en février 2023 avec le lancement d’un ambitieux appel d’offres. L’objectif ? Réaliser 3200 mégawatts d’énergie solaire photovoltaïque ! Ce projet, porteur de nombreuses attentes, invite également à des réflexions sur sa concrétisation et son bel avenir.

Ce programme de 3200 MW s’inscrit parfaitement dans la stratégie nationale visant à atteindre 15 000 MW d’ici 2035. Il représente, à ce jour, le premier appel d’offres concret depuis celui de 2013, marquant une étape cruciale. Réparti en trois tranches (2000 MW, 1000 MW et 200 MW), le programme a vu la signature des contrats en mars 2024, avec des délais de réalisation s’étalant entre 10 et 24 mois. Les entreprises sélectionnées sont désormais sur le terrain, prêtes à passer à la phase d’exécution ! Cependant, pour Boukhalfa Yaïci, directeur général du Green Energy Cluster Algeria, cette avancée nous invite à la vigilance : « Le projet avance, oui. Mais il faut reconnaître que toutes les parties prenantes n’étaient pas préparées. Le programme est arrivé vite, après une longue période d’attente, et cela a créé des déséquilibres ».

Parmi les principaux défis à relever : un manque de visibilité avant le lancement, qui a parfois rendu difficile la structuration rapide des entreprises. « Jusqu’à fin décembre 2022, rien n’indiquait que le programme allait être relancé. L’annonce présidentielle a tout précipité », a expliqué Yaïci. Cette rapidité a particulièrement affecté nos entreprises algériennes.

Certes, 30 % du marché leur a été attribué, mais certaines rencontrent des difficultés à maintenir le rythme, allant jusqu’à devoir cesser certaines activités, notamment dans la fabrication de panneaux solaires. Le problème est double : industriel et normatif. Les panneaux produits localement (410 watts) ne correspondent pas toujours aux exigences techniques du cahier des charges, qui impose des performances de 560 à 600 watts. De plus, un décret exécutif datant de 2020, censé réduire les droits de douane à 5 % sur les composants, n’a pas encore été mis en application. « Ce décret aurait pu permettre à nos industriels d’être compétitifs. Il est essentiel de le mettre en œuvre pour soutenir notre écosystème local », a souligné Yaïci.

Au-delà des aspects techniques, c’est l’absence de planification à long terme qui préoccupe les professionnels du secteur. Aucun nouvel appel d’offres n’est encore annoncé pour l’après-3200 MW, ce qui pourrait laisser craindre une nouvelle pause. « Ce projet est une véritable école. Il doit nous permettre d’apprendre, mais surtout de ne pas refaire les mêmes erreurs. Ce serait dommage d’avoir une coupure nette après 2024 », a averti Yaïci. Son message est clair : une feuille de route stable, un cadre réglementaire appliqué et une visibilité financière sont indispensables pour un développement durable des énergies renouvelables. Il a notamment plaidé pour une ouverture à d’autres modèles de mise en œuvre, comme les IPP (producteurs indépendants), et une diversification des segments de marché, notamment pour des projets de petite taille adaptés à l’agriculture ou aux zones isolées.

Le projet des 3200 MW est incontestablement une avancée majeure dans le paysage énergétique national. Il témoigne d’une forte volonté politique de rompre avec l’immobilisme passé, tout en mettant en lumière les opportunités d’amélioration d’un écosystème à renforcer. Pour que ce programme ne soit pas un événement isolé, mais bien le début d’une dynamique durable, l’Algérie devra bâtir un environnement propice à l’investissement local, appliquer les textes en vigueur, et surtout offrir de la stabilité et de la lisibilité à tous les acteurs nationaux et internationaux.

Par ailleurs ce même expert a souligné l’importance de l’énergie dans l’agriculture.

Et en cela il a précisé  que le solaire est un levier de souveraineté énergétique

Pour lui, dans les vastes étendues du Sahara algérien, l’agriculture renaît, portée par une forte volonté politique de faire du Sud un espace de production stratégique pour le pays. Pourtant, un défi structurel persiste : l’accès à l’électricité. Aujourd’hui, une solution émerge avec évidence : le solaire, non seulement comme source d’énergie propre, mais aussi comme levier de souveraineté énergétique et de développement durable.

Aussi,  le directeur du Green Energy Cluster et plusieurs experts ont plaidé pour l’installation de mini-centrales solaires autonomes, adaptées aux besoins des exploitations agricoles sahariennes. Ces systèmes peuvent être combinés avec des batteries ou des groupes électrogènes hybrides, assurant ainsi un approvisionnement fiable, sans dépendance aux hydrocarbures. « À partir de 10 km du réseau, il devient économiquement plus rentable d’utiliser du solaire que de prolonger les lignes électriques », a-t-il expliqué. Ces installations de quelques kilowatts à quelques mégawatts ouvrent aussi la voie à un nouveau modèle économique, où l’agriculteur peut devenir consommateur-producteur, voire client d’un fournisseur privé dans un futur marché de l’électricité verte.

Par Mourad A.

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