13/09/2024
ACTUFINANCE

La Finance islamique en pleine expansion en Algérie

L’évolution de la finance islamique dans le monde connaît une croissance significative, avec un nombre croissant de pays non islamiques l’adoptant, renforçant ainsi son rôle croissant dans le secteur financier mondial. En Algérie, cette tendance est également observable grâce à l’établissement de cadres réglementaires solides et à la mise en place d’institutions spécifiques, marquant une étape décisive vers son intégration et son développement. Selon les données les plus récentes, les dépôts islamiques en Algérie ont atteint 546.7 milliards de dinars en 2022, représentant 3.7% du total des dépôts bancaires. Cette expansion est largement soutenue par Al Baraka Bank et Al Salam Bank, les deux principaux acteurs détenant ensemble 73.3% des dépôts islamiques dans le pays.

Depuis 2020, la finance islamique en Algérie a connu une évolution remarquable. En 2022, les dépôts islamiques ont augmenté de 23.6%, atteignant ainsi 546.7 milliards de dinars algériens, reflétant 3.7% du total des dépôts bancaires nationaux. Cette croissance est principalement attribuée à une forte augmentation des dépôts dans les banques publiques, qui ont triplé pour atteindre 64.5 milliards de dinars, tandis que les banques privées ont vu une augmentation de 14.3%. Les principaux acteurs, Al Baraka et Al Salam, ont ensemble capté 73.3% des dépôts islamiques.En parallèle, les produits de financement islamiques ont totalisé 381.7 milliards de dinars à la fin de 2022, en hausse de 6.5% par rapport à l’année précédente. Bien que cette croissance soit significative, leur part reste modeste, ne représentant que 1.3% de l’ensemble des financements. Cette trajectoire démontre une expansion continue et un intérêt croissant pour la finance islamique en Algérie, soutenue par une réglementation robuste et des initiatives sectorielles renforcées.

Rappelant que le paysage bancaire algérien comprend deux institutions spécialisées dans les produits financiers islamiques : Al Baraka Bank, fondée en 1991, avec une participation de 44% de la Banque de l’Agriculture et du Développement Rural (BADR) et 56% du groupe saoudien Al Baraka ; ainsi que Al Salam Bank, établie en 2008, principalement détenue par le groupe bahreïnien Al Salam Bank. De plus, douze établissements financiers, dont dix banques conventionnelles, proposent également des produits conformes à la finance islamique, ce qui représente un nombre significatif au sein du secteur bancaire algérien, qui compte au total 28 établissements.

L’Algérie, sous la direction de son président Abdelmadjid Tebboune, a consolidé les bases réglementaires de la finance islamique dès 2020, avec l’adoption de la loi 2020-02 et de l’Instruction 03-20, définissant les opérations bancaires islamiques et leurs procédures techniques. Cette initiative a revitalisé le marché des produits de la finance islamique, renforçant ainsi son intégration dans le système financier national.

En conclusion, l’Algérie joue un rôle de premier plan dans le développement de la finance islamique en Afrique, illustré par la création de l’Autorité Nationale de la Fatwa pour l’Industrie Financière Islamique en 2020, sous la supervision du Conseil Supérieur Islamique. Cette avancée vise à étendre l’expertise algérienne à d’autres nations africaines, facilitant ainsi l’adoption et la croissance continue de cette pratique financière dans la région.

Des défis à surmonter

Dans un forum organisé à Alger par le journal ElChâab, le Professeur Mohamed Boujellal, expert économique et membre du Conseil Supérieur Islamique a enrichi cette perspective en soulignant que l’Algérie, avec son histoire pionnière dans la finance islamique depuis les premières initiatives dès 1929, continue d’être un exemple de leadership dans le monde musulman. Ses efforts pour structurer et réguler efficacement ce secteur, notamment à travers la création d’organismes de supervision comme l’Autorité de Contrôle et de Surveillance des Institutions Financières Islamiques en 1990, ont jeté les bases d’un développement soutenu et d’une adoption accrue à travers le continent africain.

L’expertise algérienne dans les sukuk islamiques, présentée comme une alternative robuste aux obligations traditionnelles, témoigne de son potentiel à influencer positivement le marché financier mondial. Le Professeur Boujellal souligne également l’engagement politique solide en faveur de la finance islamique, manifesté par l’adoption rapide de cadres réglementaires et l’encouragement actif à la création de nouvelles institutions financières islamiques. Ces initiatives sont non seulement cruciales pour répondre à la demande croissante des consommateurs mais aussi pour renforcer la confiance dans ce secteur émergent et prometteur. À cet égard, les défis restent importants, notamment en matière de professionnalisation et de développement des organes de supervision pour garantir la stabilité et la transparence du marché financier islamique en Algérie. Le Professeur Boujellal appelle à une coopération accrue entre les secteurs public et privé pour surmonter ces défis et maximiser les avantages économiques et sociaux que la finance islamique peut apporter à l’économie algérienne et au continent africain dans son ensemble.

Par M A.

Publicité

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *