Lancement du mégaprojet de phosphate à l’Est du pays: Des milliers d’emplois à la clé
L’Algérie, classée parmi les dix premiers pays au monde pour ses réserves prouvées de phosphate, dispose d’un potentiel exceptionnel estimé à 1,2 milliard de tonnes, dont 841 millions sont exploitables. Ces ressources naturelles constituent la pierre angulaire d’un projet ambitieux visant à produire annuellement 10,5 millions de tonnes de phosphate brut à partir du gisement de Bled-el-Hadba, situé dans la wilaya de Tébessa. Ce site, équipé d’infrastructures pour enrichir le minerai, optimiser sa teneur en P2O5 et réduire les impuretés, est au cœur de cette initiative stratégique, comme l’a souligné Nadia Benyoussef, Directrice de la direction centrale Engineering and Project Management de Sonatrach.
Lors de son intervention sur les ondes de la « Chaîne III » de la radio nationale, elle a déclaré : « Ce projet intégré, réparti sur trois sites principaux (Tébessa, Souk Ahras et Annaba) reflète la volonté de l’Algérie de maximiser la valeur ajoutée de ses ressources naturelles tout en renforçant sa souveraineté industrielle ». Le lancement officiel de ce mégaprojet, le 16 novembre 2024, marque ainsi une étape déterminante dans l’histoire économique du pays, visant à transformer ses vastes réserves de phosphate en un levier de développement économique et social.
Nadia Benyoussef a mis en avant les retombées significatives de ce projet sur le plan national. « Réalisé entièrement par des entreprises algériennes telles que Sonatrach et Sonarem, ce projet générera 12 000 emplois durant la phase de construction et, à terme, 6 000 emplois directs et plus de 24 000 emplois indirects », a-t-elle précisé. Ce projet répond à un double objectif économique : satisfaire la demande nationale en fertilisants pour garantir la sécurité alimentaire, tout en exportant les excédents afin de générer des recettes en devises. Avec une production annuelle estimée à 4 millions de tonnes d’engrais phosphatés et 1,14 million de tonnes d’urée, l’Algérie ambitionne de s’imposer comme un acteur incontournable dans ce secteur stratégique.
Le projet, déployé en deux phases, débutera par la signature du contrat en décembre 2024. Les premières productions de produits intermédiaires, tels que l’acide phosphorique et l’ammoniaque, sont attendues en 2026, tandis que l’exploitation complète des installations est prévue pour 2027. Ce calendrier ambitieux marque une avancée significative dans la diversification économique du pays, réduisant sa dépendance aux hydrocarbures.
S’agissant du complexe de transformation d’Oued-el-Kebrit, situé dans la wilaya de Souk Ahras, il occupe une place centrale dans le projet. Nadia Benyoussef a expliqué que ce complexe transformera le phosphate enrichi et le gaz naturel en engrais phosphatés et azotés, répondant ainsi aux besoins croissants du secteur agricole. Par ailleurs, un nouveau quai est en cours de construction au port d’Annaba pour faciliter l’exportation des excédents, consolidant ainsi le rôle de l’Algérie sur le marché international des fertilisants.
Un des aspects les plus remarquables de ce projet est qu’il est entièrement conçu et réalisé par des Algériens, sans recours à des partenaires étrangers. « Cette maîtrise locale témoigne du savoir-faire national et renforce la souveraineté industrielle du pays », a affirmé Nadia Benyoussef.En capitalisant sur ses ressources naturelles et en mobilisant son expertise nationale, l’Algérie affiche clairement son ambition de devenir une puissance régionale dans l’industrie des phosphates et des engrais. « Ce projet symbolise non seulement une avancée économique majeure, mais aussi une promesse d’avenir pour des milliers de citoyens et pour le développement des régions concernées », a conclu Nadia Benyoussef.
Ce projet intégré reflète ainsi une vision stratégique alliant développement économique, création d’emplois et valorisation des ressources nationales, tout en positionnant l’Algérie comme un acteur clé de la transition énergétique mondiale.
Par Mourad A.