Le programme EnR de 15 000 MW en marche
Avec la signature aujourd’hui de 15 contrats avec des entreprises aussi bien nationales qu’étrangères, l’Algérie s’engage résolument dans la voie du mixte énergétique. Entrant dans la cadre du projet de 2000 mégawatts et 1 000 mégawatts, ces 15 centrales solaires devraient voir le jour au courant du premier trimestre en cours, sachant que la livraison de tous les projets sont échelonnés durant l’année 2024 et la moitié de l’année 2025.
La signature de ces contrats par les différentes filiales de Sonelgaz «va donner le signal de départ officiel pour la réalisation de ces 2 900 mégawatts» a affirmé le Pr Boukhalfa Yaici, directeur général de Green Energy Cluster Algeria (GRP),à nos confrères de la radio nationale.
Ce méga projet, sera réparti sur une douzaine de wilayas, avec des puissances unitaires variant entre 80 à 220 mégawatts, permettra au Groupe Sonelgaz de jouer pleinement son rôle dans la transition énergétique, et ce, a-t-il expliqué, «en passant de l’utilisation presque à 100 % de l’électricité à base de gaz naturel vers l’énergie solaire. Le tout se fera dans le cadre du programme des 15 000 mégawatts », et d’annoncer, par la même occasion, d’autres projets similaires dans le pays durant les prochains mois.
M. Yaïci a révélé que sur ces contrats, près de 42 % des réalisations seront pris en charge par des entreprises algériennes ou en partenariat avec des entreprises étrangères. Il a indiqué que « cela démontre, encore une fois, l’engouement des opérateurs nationaux de s’impliquer dans les énergies renouvelables, ce qui n’était pas le cas en février 2023 lorsque le premier avis d’appel d’offres avait été lancé ».
Le projet sera financé à 100 % par l’Algérie
Il a également révélé que « le taux d’intégration fixé à 35 % sera largement dépassé dans les différents contrats qui seront signés demain jeudi. On espère que la mise en œuvre de ces projets va renforcer le contenu local et l’intégration nationale ».
Selon lui, «le projet sera financé à 100 % par l’Algérie », précisant qu’«on devra ouvrir l’utilisation des financements à l’international, via le partenariat public-privé ou encore des investissements directs étrangers (IDE) pour booster cette transition énergétique qui, comme vous le savez, a un coût».
Quant à l’usage de cette nouvelle énergie, M. Yaici estime que « l’Algérie a toujours affiché ses ambitions, principalement dans le secteur agricole avec 1,2 millions de hectares à développer, notamment dans le Grand-Sud. Toutefois, il a été constaté que 60% des exploitations agricoles vont être localisés sur des sites très éloignés du réseau. Du coup, il s’agit de se rapprocher de ces exploitations pour leur installer soit du solaire ou encore les mettre sous alimentation en hybride ».
Du reste, et en termes d’emplois, ces projets permettront de créer, dès les phases de réalisation (entre 8 et 22 mois), des opportunités pour des entreprises nationales, sachant qu’il était spécifié, dans le cahier des charges, que la main-d’œuvre doit être algérienne, sauf cas spécifiques pour certains profils qui ne sont pas disponibles sur le marché. En somme avec ces projets, l’Algérie se prépare à franchir un cap décisif dans le domaine de l’énergie solaire. Ce programme représente une avancée majeure pour notre pays, car il s’engage dans une nouvelle ère énergétique durable. Le programme des énergies renouvelables dans sa version actualisée, consiste à installer une puissance d’origine renouvelable de l’ordre de 22.000 MW à l’horizon 2030 pour le marché national, avec le maintien de l’option de l’exportation comme objectif stratégique.
Parmi les avantages indéniables que présente ce projet, figure le coût de production du kWh d’électricité solaire. Avec un prix moyen ajusté et actualisé de 4,92 centimes d’euros, soit environ 5,48 centimes de dollars, le programme promet d’être l’un des plus compétitifs au monde. La production d’électricité solaire à des coûts compétitifs ouvre de nouvelles perspectives pour l’exploitation de cette ressource énergétique propre et renouvelable. Certains analystes disent que ce progrès représente un coût de près de 1,7 milliards de dollars à injecter pour une capacité de 2900 MW en Algérie (projets 2000 MW et Solar 1000 MW).
Les questions de logistique, de formation de la main-d’œuvre et d’intégration au réseau national sont cruciales pour sa réussite. Cependant, les opportunités qu’il offre en termes de développement durable et d’innovation sont considérables. Le projet s’inscrit dans le cadre du programme de production de 15.000 MW d’électricité solaire photovoltaïque à l’horizon 2035, initié par le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune.
Par Réda Hadi