Marché algérien des Assurances: Un secteur émergent et prometteur
Avec un taux de pénétration de l’assurance limité à seulement 1 % du PIB, bien en dessous de la moyenne mondiale de 6,8 %, le marché algérien peut sembler à première vue en retard. Cependant, selon un rapport de l’agence internationale de notation AM Best, cette faible pénétration représente en réalité une opportunité de croissance considérable. Intitulé « Le marché algérien de l’assurance prêt pour la croissance et l’expansion », ce rapport met en lumière les transformations à venir dans un secteur longtemps resté en marge du dynamisme économique national.
L’analyse d’AM Best, publiée jeudi dernier, décrit le marché comme étant « émergent et prometteur », soutenu par un ensemble de facteurs démographiques, économiques et réglementaires. Ces éléments ont le potentiel de repositionner l’Algérie parmi les économies les plus attractives de la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord). Dans un contexte de diversification économique, les perspectives sont ambitieuses : attirer des investissements étrangers, moderniser le cadre réglementaire et faire des assurances un levier de développement.
Le rapport souligne que la faible pénétration actuelle du secteur ne traduit pas une absence de potentiel, mais plutôt un marché sous-exploité. Avec plus de 45 millions d’habitants et une économie en pleine mutation, l’Algérie possède des atouts considérables. Cependant, pour capitaliser sur cette opportunité, plusieurs obstacles doivent être surmontés. Le premier d’entre eux est l’absence d’un cadre de solvabilité basé sur les risques, ce qui empêche une supervision efficace des compagnies d’assurance, notamment à une époque où la gestion des risques devient un enjeu majeur pour le développement de produits et services adaptés. Un autre défi important réside dans la perception culturelle négative de l’assurance. Pour une grande partie de la population, elle est encore perçue comme une charge supplémentaire, une sorte d’« impôt déguisé » qui freine l’adhésion spontanée.
Néanmoins, les chiffres de l’année 2024 révèlent un début d’embellie. Selon le Conseil national des assurances (CNA), le marché a enregistré un chiffre d’affaires global de 90,2 milliards de dinars au cours des derniers mois de l’année, en hausse de 8,8 % par rapport à 2023. Cette croissance est principalement due à l’assurance contre les dommages, qui domine encore le secteur avec 81,3 % de parts de marché. Ce segment a généré à lui seul 73,3 milliards de dinars, en hausse de 6,3 %. L’assurance automobile, représentant la moitié de cette branche, a progressé de 6,4 %, soutenue par la reprise des importations de véhicules de moins de trois ans, contribuant ainsi à une production additionnelle de plus de 2 milliards de dinars.Du côté de l’assurance des personnes, la croissance est également au rendez-vous, avec une hausse de 7,7 % et un chiffre d’affaires de 10,5 milliards de dinars.
Pour AM Best, ces résultats témoignent d’un marché en convalescence, encore marqué par les effets de la crise sanitaire, mais désormais orienté vers une dynamique de rattrapage. La clé résidera dans la capacité des pouvoirs publics à mettre en place un environnement réglementaire transparent et incitatif, capable de rassurer à la fois les investisseurs et les assurés. Le défi est donc double : restaurer la confiance et moderniser la gouvernance du secteur. Si les réformes annoncées sont mises en œuvre de manière effective, le marché algérien de l’assurance pourrait devenir, dans les années à venir, l’un des piliers de la nouvelle économie nationale.
Par Mourad A.