Pipeline d’hydrogène vert entre l’Algérie et l’Italie: Le projet opérationnel d’ici deux ans
Le projet SoutH2 Corridor, l’un des corridors énergétiques les plus ambitieux jamais envisagés entre l’Afrique du Nord et l’Europe, progresse à un rythme soutenu. C’est ce qu’a confirmé Alessandra Basini, présidente de la société italienne ZHERO, en charge du développement de cette initiative stratégique lors d’un récent entretien accordé à une chaîne de télévision étrangère. Elle a précisé que sa société travaille sur ce projet depuis maintenant trois ans, et qu’il faudra encore au moins deux années consacrées à l’ingénierie et à l’obtention des autorisations nécessaires.
À terme, ce corridor énergétique transportera de l’hydrogène vert, produit à partir d’énergies renouvelables en Algérie et en Tunisie, jusqu’au nord de l’Italie via un réseau de pipelines long de 3 300 à 4 000 kilomètres. En parallèle, l’infrastructure intégrera quatre gigawatts de câbles électriques, deux reliant la Tunisie et deux l’Algérie afin de renforcer les capacités de livraison transfrontalière d’électricité propre.Le projet a été formalisé par une déclaration d’intention signée à Rome, à l’occasion de réunions ministérielles réunissant l’Algérie, la Tunisie, l’Italie, l’Allemagne et l’Autriche. Il poursuit un double objectif : répondre à la demande croissante de l’Europe en énergie propre, tout en accompagnant la transition énergétique des pays producteurs.Le choix du nord de l’Italie comme point de livraison repose sur des critères techniques et commerciaux solides. « C’est là que le réseau est résilient, que la demande existe, et que l’infrastructure permet de livrer cette électricité au bénéfice de clients suisses, allemands, autrichiens et autres européens », a expliqué Alessandra Basini.
Le SoutH2 Corridor intègre des technologies de pointe capables de relever les défis logistiques imposés par la profondeur sous-marine. Le câble, par endroits, devra plonger jusqu’à 2 000 mètres de profondeur. Mais ZHERO se montre confiante : « Aujourd’hui, il existe une technologie disponible qui permet de supporter ce type de profondeur sans pertes d’énergie », a assuré la présidente. Ce niveau de performance est présenté comme un atout majeur en matière de compétitivité économique pour le projet.Parallèlement à la construction de l’infrastructure, ZHERO coordonne le développement d’un écosystème énergétique en Afrique du Nord, en partenariat avec des acteurs locaux. Ce dispositif repose sur un mix énergétique associant solaire, éolien et stockage par batteries, garantissant un profil de production stable, capable de fournir une électricité de base fiable, conforme aux attentes des industries européennes en matière de sécurité énergétique.
Au-delà des aspects technologiques, la dimension partenariale du projet est particulièrement mise en avant. Selon Basini, le SoutH2 Corridor est « développé dans le but de créer de la valeur pour les pays hôtes en Afrique ». Une partie de la production d’électricité sera ainsi réservée aux industries algériennes et tunisiennes, afin de les accompagner face aux nouvelles réglementations environnementales européennes, notamment le mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (CBAM).Le projet ambitionne également de favoriser la création d’emplois, de renforcer l’implication des fournisseurs locaux, et d’offrir une électricité à des prix compétitifs aux industries locales. Un modèle gagnant-gagnant qui, selon Basini, explique le fort soutien politique observé dans les pays partenaires, en particulier en Algérie, en Tunisie et, bien sûr, en Italie.Ce pipeline d’hydrogène vert, dont la mise en service est prévue d’ici 2027, marque une nouvelle ère d’échanges énergétiques durables entre les deux rives de la Méditerranée. Il représente une avancée majeure pour la transition énergétique euro-africaine, ainsi qu’un symbole fort d’une coopération verte en pleine construction.
Par M. A.