Rapport du FMI: Amélioration confirmée des performances économiques de l’Algérie
Le dernier rapport du Fonds monétaire international (FMI) sur l’Algérie, publié au printemps 2025, dresse un tableau globalement positif de l’économie nationale. Selon le document, le pays affiche une croissance robuste, une inflation en nette baisse et un regain d’attractivité pour les investisseurs, dans un contexte régional marqué pourtant par des tensions géopolitiques.
Interrogé sur les conclusions de ce rapport, Ahmed Hidouci, expert en économie, estime que les résultats sont le fruit de réformes structurelles entamées ces dernières années, et reposent sur quatre piliers fondamentaux : la consommation, l’investissement, les dépenses publiques et le commerce extérieur.
«L’Algérie figure désormais parmi les pays à revenu intermédiaire supérieur, grâce notamment à l’augmentation des salaires et à l’élargissement du pouvoir d’achat des ménages »,a-t-il affirmé lors de son intervention sur la « Chaîne I » de la radio nationale. Selon le FMI, le taux de croissance hors hydrocarbures atteindra 4,5 % en 2025, porté par la montée en puissance des industries de transformation, la modernisation de l’agriculture, notamment saharienne, et l’essor des exportations hors énergies. Sur le plan budgétaire, l’investissement public reste massif : plus de 125 milliards de dollars sont inscrits au budget 2025, après 111 milliards de dollars en 2024. Ces enveloppes financent les grands chantiers d’infrastructures, comme les lignes ferroviaires, les stations de dessalement d’eau de mer et les projets routiers.
L’économie algérienne semble également tirer profit de la rationalisation des importations et d’un meilleur encadrement du commerce extérieur. La digitalisation des ports, citée dans le rapport, a favorisé une meilleure fluidité logistique et a renforcé les capacités d’exportation.
Autre donnée remarquable : le taux d’inflation est passé de 9,3 % en 2023 à 4,0 % en 2024, avec une projection à 3,0–3,5 % en 2025. Ce recul s’explique par la stabilisation de la masse monétaire, selon Ahmed Hidouci : «La Banque d’Algérie a figé la création monétaire tout en veillant à élargir l’offre de biens. C’est une combinaison efficace qui a permis d’atténuer les tensions inflationnistes »,a-t-il précisé. Malgré ces avancées, des défis structurels persistent, notamment la forte sensibilité des équilibres financiers au prix des hydrocarbures. Le manque de foncier industriel et la lenteur dans la réalisation des projets demeurent également des obstacles à la pleine concrétisation du potentiel économique du pays.
Les efforts du gouvernement salués
Si la situation macroéconomique semble s’améliorer, les efforts de l’État dans la gestion des grandes périodes de consommation, comme l’Aïd al-Adha, ont également été salués. L’édition 2025 de la fête religieuse s’est déroulée dans un climat de sérénité, marqué par la maîtrise des prix, la disponibilité des produits, et un comportement de consommation plus rationnel de la part des citoyens.
Selon Ahmed Hidouci, cette réussite est le fruit d’une coordination exemplaire entre les ministères du Commerce, de l’Agriculture, de l’Industrie, de l’Intérieur et de l’Environnement. Plus de 55 000 commerçants ont participé aux permanences, assurant la continuité du service durant les jours fériés.« Pour une fois, on n’a pas assisté à une flambée incontrôlée des prix. Plus de mille interventions de contrôle ont été menées pour encadrer le marché »,a expliqué l’économiste.
Le gouvernement a également autorisé l’importation exceptionnelle de moutons, pour combler le déficit du cheptel national, affaibli par la sécheresse et le coût élevé des aliments pour bétail. Ce réajustement a permis d’assurer un certain équilibre entre l’offre et la demande, bien que de nombreuses voix appellent désormais à une stratégie pérenne de relance de la filière ovine.« Il est urgent de soutenir les éleveurs avec des subventions ciblées, de structurer les grandes exploitations modernes et de protéger les brebis reproductrices», a-t-il insisté.
L’expert a également salué le lancement par le ministère de l’Industrie de la 7e campagne de collecte et de valorisation des peaux d’ovins, tout en regrettant la lenteur de sa mise en œuvre. Il appelle à créer des abattoirs de proximité temporaires pendant l’Aïd, pour faciliter les conditions d’abattage en milieu urbain et améliorer la collecte.
Seule ombre au tableau : les difficultés de transport inter-wilayas, particulièrement dans le sud, l’est et l’ouest du pays, où les citoyens ont eu du mal à obtenir des billets pour rejoindre leurs familles. Ahmed Hidouci a proposé des solutions numériques et logistiques pour anticiper la demande lors des fêtes : «Il faut penser à une plateforme numérique unifiée, renforcer les flottes de transport et mieux intégrer le chemin de fer. Un plan national est nécessaire », a-t-il soutenu. L’expert a souligné que les résultats positifs enregistrés durant l’Aïd doivent servir de base pour élaborer une politique durable. Cela concerne aussi bien la consommation, l’élevage, l’organisation du marché, que la logistique et l’environnement. «Nous devons sortir de la logique de gestion dans l’urgence. L’État dispose aujourd’hui des moyens d’agir dans la durée, avec des stratégies coordonnées, efficaces et orientées vers la performance », a-t-il conclu.
Par Mourad A.