17/09/2025
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Solaire, éolien et biogaz: Le plan de l’Algérie face à la canicule et la surconsommation

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Les vagues de chaleur qui frappent l’Algérie ces dernières années révèlent l’ampleur d’un défi énergétique majeur. À l’été 2025, la demande d’électricité a atteint un record historique de 20,6 gigawatts le 23 juillet à 14h43, une consommation inédite depuis l’indépendance. En parallèle, la consommation intérieure est passée de 33 millions de tonnes équivalent pétrole en 2011 à 55 millions en 2024, soit une hausse de près de 60 % en une décennie. C’est un signal d’alarme qui pousse l’État à accélérer ses politiques d’efficacité énergétique et de transition vers les énergies renouvelables.

Intervenant à la télévision algérienne, Mourad Issiakhem, directeur de l’efficacité énergétique au CEREFE, a indiqué que les habitudes de consommation jouent un rôle déterminant. Un climatiseur réglé à 24 °C consomme quatre fois moins qu’à 17 °C, tout en évitant une usure prématurée et des risques sanitaires liés aux chocs thermiques. Selon lui, le déséquilibre sectoriel est frappant : 34 % de la consommation énergétique est absorbée par le résidentiel, 10 % par les services, 29 % par le transport, et seulement 25 % par l’industrie. Ainsi, trois quarts de l’énergie servent des usages non productifs. « Les températures extrêmes, parfois supérieures à 50 °C dans le Sud et 46 °C au Nord, combinées à une forte humidité, ont entraîné une explosion de la demande, particulièrement à cause de la climatisation », a-t-il ajouté.

Face à ces dérives, l’Algérie a engagé un plan d’action ambitieux pour diversifier ses sources d’énergie et rationaliser ses usages. Bien que la capacité installée de production atteigne aujourd’hui 26 GW, elle reste dominée à 99 % par le gaz naturel. Pour réduire cette dépendance, plusieurs projets structurants sont en cours de déploiement dans le domaine des énergies renouvelables. Le pays a déjà installé 650 MW d’énergie solaire, avec un projet de 3,2 GW lancé en 2024 et un objectif de 15 GW d’ici 2035. La première centrale éolienne d’Adrar (10,2 MW) est également en service, et un projet pilote de biogaz à Oued Smar (637 kW), qui utilise les déchets pour produire de l’électricité, pourrait être répliqué ailleurs.

Parallèlement, l’État a instauré des programmes d’efficacité énergétique pour les citoyens et les entreprises. Ces initiatives incluent des subventions de 50 % pour l’achat de lampes LED, de chauffe-eau solaires et pour la conversion des véhicules au GPL. Les audits énergétiques sont subventionnés à 70 % et d’autres solutions d’économie d’énergie bénéficient d’une aide de 30 %. « Chaque kilowatt économisé, c’est une ressource préservée et une émission de CO₂ évitée », a insisté Mourad Issiakhem. L’Algérie vise ainsi une réduction de 10 % de sa consommation d’ici 2030, ce qui permettrait d’éviter 63 000 tonnes d’émissions de CO₂.

La transition énergétique se veut aussi une réponse aux bouleversements climatiques qui affectent le pays : canicules extrêmes, inondations, dérèglement des saisons. Dès 2026, une taxe carbone aux frontières touchera les industries du ciment, de l’acier, de l’aluminium ou encore de l’hydrogène, les poussant à moderniser leurs procédés et à limiter leurs rejets. Pour Issiakhem, l’efficacité énergétique est à la fois une nécessité économique et une exigence de souveraineté : « Nous devons apprendre à consommer intelligemment, car l’avenir de notre sécurité énergétique et de notre environnement en dépend ». Avec ses projets solaires, éoliens et de biogaz, couplés à des mesures d’efficacité énergétique, l’Algérie tente ainsi de concilier ses atouts gaziers et son immense potentiel renouvelable, afin de bâtir un modèle plus durable face aux défis climatiques et à une consommation intérieure en constante progression.

Par Mourad A.

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