Sommet africain sur le climat: Faire de l’Afrique «une superpuissance des EnR»
Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a appelé mardi le monde à faire de l’Afrique « une superpuissance des énergies renouvelables », lors d’un discours au Sommet africain sur le
climat dans la capitale kényane Nairobi.
« Les énergies renouvelables pourraient être le miracle africain. (…) Nous devons travailler ensemble pour que l’Afrique devienne une superpuissance des énergies renouvelables », a-t-il lancé, tout en demandant aux dirigeants du G20, qui se réunissent ce week-end en Inde, « d’assumer (leurs) responsabilités » dans la lutte contre le changement climatique.
Une transition énergétique propre dans les pays en développement est cruciale pour tenter de maintenir l’objectif de l’Accord de Paris consistant à limiter le réchauffement climatique « bien en-dessous » de deux degrés Celsius depuis l’époque préindustrielle, et de 1,5 C si possible. Pour y parvenir, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) affirme que les investissements devront atteindre 2.000 milliards de dollars par an d’ici une décennie. Les intervenants du sommet ont également appelé à réformer les structures financières mondiales pour les aligner sur les objectifs climatiques.
Le président kényan William Ruto a indiqué à l’ouverture de ce sommet continental historique sur le clima, que l’Afrique a une « opportunité sans équivalent » de se développer en participant à la lutte contre le réchauffement climatique, mais elle a besoin d’investissements internationaux massifs, a
affirmé lundi le président.
Et d’ajouter : « l’objectif est ambitieux pour un continent abritant 1,4 milliard d’habitants parmi les plus vulnérables au changement climatique. Le sujet majeur (…) est l’opportunité sans équivalent que l’action climatique représente pour l’Afrique».
Il a indiqué que l’Afrique détient la clé pour accélérer la décarbonation de l’économie mondiale. Nous ne sommes pas seulement un continent riche en ressources, nous sommes une puissance au potentiel inexploité, désireuse de s’engager et d’être compétitive équitablement sur les marchés mondiaux.
Bien que l’Afrique ne contribue qu’à 2% à 3% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, elle souffre de manière disproportionnée du changement climatique, accablée par des épisodes de sécheresse et d’inondations de plus en plus extrêmes, selon les chiffres de l’ONU.
Les pays africains sont paralysés par le fardeau croissant de leur dette et le manque de financements.
Malgré sa richesse en ressources naturelles, seulement 3% des investissements énergétiques dans le monde sont réalisés sur le continent. Selon M. Ruto, l’Afrique a le potentiel pour être auto-suffisante en énergie grâce aux ressources renouvelables.
Selon l’Organisation météorologique mondiale, l’Afrique fait face de manière disproportionnée au changement climatique même si le continent n’est responsable que d’une fraction des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES), a souligné lundi l’Organisation météorologique mondiale (OMM) à l’occasion du Sommet africain sur le climat, à Nairobi, au Kenya.
« L’Afrique est responsable de moins de 10% des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Or c’est le continent qui est le moins à même de faire face aux effets délétères du changement climatique. Les canicules, les fortes pluies, les inondations, les cyclones tropicaux et les sécheresses
persistantes ont des effets dévastateurs sur les communautés et les économies, et le nombre de personnes menacées va croissant », a déclaré dans un communiqué, le Secrétaire général de l’OMM, Petteri Taalas.
Le rythme de la hausse des températures en Afrique s’est accéléré au cours des dernières décennies et les risques liés au temps et au climat sont de plus en plus graves, selon un nouveau rapport de l’OMM sur l’état du climat en Afrique 2022. Et la vitesse à laquelle la température augmente
s’accélère et des phénomènes météorologiques extrêmes aggravent l’insécurité alimentaire de cette région du monde, alors que la productivité agricole chute. D’après le document onusien, cette situation alimente aussi les déplacements et les migrations et aggrave la menace de conflits provoqués par la raréfaction des ressources.
L’agriculture est à la base des moyens de subsistance et des économies nationales en Afrique, elle fait vivre plus de 55% de la population active. Mais à cause du changement climatique, la croissance de sa productivité agricole a chuté de 34% depuis 1961.
« Cette baisse est la plus élevée enregistrée par comparaison à ce qu’ont connu d’autres régions du monde », a ajouté l’OMM. Les projections prévoient que, d’ici 2025, les pays africains multiplieront par trois leurs importations annuelles de denrées alimentaires qui passeront de 35 milliards de dollars à 110 milliards de dollars.
Selon la même source, au cours de la période 1991-2022, l’Afrique a enregistré un taux moyen de réchauffement de +0,3 C/décennie, contre +0,2 C/décennie entre 1961 et 1990. Ce chiffre dépasse légèrement la moyenne mondiale.
C’est en Afrique du Nord, aux prises avec des canicules extrêmes ayant alimenté des incendies de forêt en 2022, que le réchauffement a été le plus rapide, tandis que la Corne de l’Afrique a subi sa pire sécheresse depuis 40 ans, notamment en Ethiopie, au Kenya et en Somalie. Dans le même temps, de nombreuses régions du Sahel ont subi d’importantes inondations pendant la mousson. Le Nigeria, le Niger, le Tchad et la moitié sud du Soudan ont été particulièrement touchés.
Rédigé conjointement avec la Commission de l’Union africaine et la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA), le rapport a été rendu public lors du Sommet africain sur le climat, à l’occasion duquel le plan d’action sur les alertes précoces pour tous en Afrique a également été lancé.
Par S T/Agence