Trains, avions, bus: L’Algérie investit massivement dans la mobilité
L’Algérie poursuit une politique ambitieuse de développement de ses infrastructures de transport, en investissant massivement dans les secteurs routier, ferroviaire et aérien. L’objectif : améliorer la connectivité nationale, désenclaver les régions intérieures et stimuler les échanges économiques. Cette dynamique s’inscrit dans une stratégie d’intermodalité déjà amorcée à travers la construction de réseaux routiers et ferroviaires modernes, interconnectés aux ports, aéroports et zones logistiques.
Le premier chantier majeur concerne le transport aérien, avec la modernisation de la flotte d’Air Algérie. Une commande de 16 nouveaux avions a été passée aux constructeurs Airbus et Boeing, dans le cadre d’un vaste programme de renforcement de la compagnie nationale. Selon le ministre des Transports, Saïd Sayoud, un avion sera réceptionné tous les trois mois.
Les appareils Airbus, affectés aux vols long-courriers, renforceront la position d’Air Algérie comme acteur majeur du transport aérien africain, notamment grâce à son hub stratégique à l’aéroport international d’Alger. Ces avions de dernière génération serviront également sur les liaisons très demandées, comme Alger-Paris, particulièrement fréquentée durant l’été.
La première livraison est attendue pour fin juillet 2025, suivie d’un second appareil en septembre. Cette cadence régulière témoigne de la volonté des autorités de moderniser durablement le transport aérien, tant en matière de confort que de sécurité, tout en répondant à une demande en constante progression.
Ambitions ferroviaires : mailler le territoire
Le deuxième axe stratégique repose sur l’expansion du réseau ferroviaire, avec une attention particulière portée au Grand Sud algérien, riche en ressources naturelles mais encore mal connecté.
Deux projets de chemins de fer d’importance stratégique sont en cours de réalisation. Le premier relie la mine de fer géante de Gara Djebilet (sud-ouest) à Béchar, sur 950 km, pour alimenter une usine sidérurgique locale, produire du concentré de minerai de fer destiné aux complexes du nord du pays ou à l’exportation. Cette ligne sera mixte, assurant également le transport de passagers dans une région où les moyens de déplacement modernes sont rares. Quant au second, il relie la mine de phosphate de Bled El Hadba (Tébessa) au port d’Annaba, sur 450 km, pour faciliter l’exportation de cette ressource stratégique.
Le ministre Saïd Sayoud a révélé que 500 milliards de dinars ont été alloués à l’acquisition de nouveaux wagons, pour soutenir ce développement ferroviaire ambitieux. À ce jour, l’Algérie compte 4 700 km de voies ferrées, mais vise 6 800 km en 2027, puis 9 900 km après la livraison de la future ligne Alger–Tamanrasset. En parallèle, près de 4 milliards de dollars seront investis dans du matériel roulant moderne.
Mobilité urbaine et renouvellement du parc de bus
Sur le plan de la mobilité urbaine, l’État renforcera en 2025 le parc de bus des entreprises publiques dans trois grandes wilayas, avec 108 nouveaux véhicules de fabrication locale. Par ailleurs, le ministre des Transports a annoncé devant le Conseil de la Nation son soutien aux opérateurs privés pour la mise en place d’incitations fiscales permettant l’importation de bus de moins de cinq ans. Cette mesure, qui pourrait être intégrée dans le projet de loi de finances 2026, vise à renouveler un parc vieillissant et à améliorer la qualité du service. « Nous devons absolument moderniser notre flotte de bus », a insisté le ministre.
En somme, l’Algérie adopte désormais une approche intégrée et durable de la mobilité. Après une phase axée sur l’équipement, l’État évolue vers un rôle de régulateur et de facilitateur, encourageant les synergies entre les secteurs public et privé, ainsi qu’entre les territoires. L’ensemble de ces initiatives s’inscrit dans une vision stratégique de relance économique, qui fait du transport un levier central de développement, au service de la diversification économique, de l’emploi et de la cohésion territoriale.
Par Réda Hadi