La 7ème foire de la production algérienne s’ouvre à Nouakchott: Le «Made in Algeria » à la conquête du marché mauritanien
La capitale mauritanienne accueille à partir d’aujourd’hui du 21 au 28 mai la 7ᵉ édition de la Foire de la production algérienne, une vitrine commerciale qui dépasse les enjeux bilatéraux. Pour Alger, Nouakchott n’est plus seulement un partenaire économique, mais un relais stratégique vers l’immense marché de l’Afrique de l’Ouest, fort de 500 millions d’habitants.
Avec plus de 200 participants issus de divers secteurs, dont les start-up, le mobilier, les chaussures, les vêtements pour enfants, l’électroménager ou encore les matériaux de construction, cette nouvelle édition se veut plus ambitieuse et plus diversifiée. Un choix assumé, fondé sur les enseignements des éditions précédentes.« Chaque année, nous montons en puissance. Nous élargissons les secteurs représentés en fonction de la demande du marché mauritanien. Cette année, nous avons même intégré des spécialités régionales comme les vêtements pour enfants de Ghardaïa », a souligné Samir Derradji, directeur général au ministère du Commerce extérieur et de la Promotion des exportations, lors de son intervention sur les ondes de la « Chaîne III » de la radio nationale.
Au-delà de la simple exposition, cette foire s’inscrit dans une stratégie plus large d’expansion économique vers le sud. Pour Alger, la Mauritanie est désormais considérée comme un corridor vers l’Afrique de l’Ouest, notamment grâce à des projets structurants : la route Tindouf–Zouérate, l’inauguration des postes frontaliers en 2022, ou encore la création d’une zone franche dédiée à l’exportation.« Nous visons au-delà des 4 millions d’habitants mauritaniens. Ce partenariat est notre point d’entrée vers un marché de 500 millions de consommateurs en Afrique de l’Ouest », a affirmé M. Derradji.
Malgré cette dynamique, les échanges commerciaux bilatéraux restent modestes. L’Algérie a exporté pour 50 millions de dollars vers la Mauritanie en 2024, contre 180 millions de dollars d’importations, notamment de fer et de poisson. Une situation que les autorités veulent rapidement inverser. Pour y parvenir, un accord commercial préférentiel est à l’étude entre les deux pays. Il prévoit des listes de produits à droits de douane réduits, voire nuls, avec en tête de liste l’électroménager algérien. « Nous avons proposé une liste de produits. Nous espérons que cette édition permettra d’engager des discussions plus concrètes avec la partie mauritanienne », a précisé le responsable.
L’un des principaux obstacles à l’expansion des échanges reste la logistique. Les routes demeurent difficiles, les liaisons maritimes insuffisantes, et le coût du transport pèse lourd. Des mesures sont en préparation : achat de cargos, acquisition d’avions cargo, extension du port de DjenDjen, etc.« La question du transport est structurelle. Ce sont des investissements lourds, à moyen terme. Mais la dynamique est enclenchée », a reconnu M. Derradji. Le dispositif d’accompagnement s’élargit avec notamment l’installation de deux banques algériennes à Nouakchott et Dakar. Une première qui, selon M. Derradji, mettra du temps à produire ses effets, mais est fondamentale pour structurer l’écosystème exportateur. Par ailleurs, le FSPE (Fonds de soutien aux exportateurs) a été relancé. Bien que critiqué par le passé pour sa lenteur, il dispose désormais d’une plateforme numérique et devrait bientôt être renfloué pour couvrir les coûts liés au transport et à la participation aux foires à l’étranger.
Par Mourad A.