06/06/2025
ACTUALITENATIONAL

Vaccins vétérinaires “Made in Algeria” : Les premiers lots attendus pour janvier 2026

L’Algérie s’engage dans une avancée majeure pour consolider sa souveraineté sanitaire. Dès janvier 2026, les premiers vaccins vétérinaires produits localement devraient voir le jour, dans le cadre d’un ambitieux programme national porté par le Groupe de recherche scientifique en virologie (AGIRP), en collaboration avec Saidal, le groupe MADAR, et plusieurs institutions étatiques. L’objectif est clair : réduire la dépendance aux importations, protéger durablement le cheptel national et renforcer les capacités de riposte face aux épidémies animales et humaines. Pour Houcem Korib, président de l’AGIRP et coordinateur de ce projet stratégique, il ne s’agit pas simplement d’une initiative scientifique, mais d’un véritable enjeu de sécurité nationale.

Au cœur de ce dispositif, un centre d’expérimentation animale verra le jour à Biskra. Il comprendra des infrastructures adaptées aux petits animaux de laboratoire (souris, hamsters, lapins) ainsi qu’un centre de primatologie destiné aux essais avancés, indispensables à la validation des vaccins. Cet ensemble sera renforcé par un centre d’élevage à Sétif et une structure dédiée à la préservation du singe magot à Tizi Ouzou, créant ainsi un écosystème cohérent et intégré. En attendant l’achèvement de ces installations, les équipes s’appuieront sur le centre de recherche CRD de Saïdal à Baba Hassen, opérationnel dès l’été 2025, ainsi que sur les lignes de production existantes à Mostaganem.

« Grâce au soutien du ministère de l’Industrie pharmaceutique, nous allons pouvoir accélérer le processus. Les premiers vaccins devraient sortir des chaînes de production d’ici fin 2025, pour une distribution à grande échelle dès janvier 2026 », a précisé le président de l’AGIRP sur les ondes de la Chaîne III.

L’urgence de cette transition est dictée par la réalité du terrain. Chaque année, le pays fait face à des épidémies récurrentes comme la grippe aviaire, qui entraîne la perte de près de 50 % du cheptel de volailles, ou encore la fièvre aphteuse, aux conséquences lourdes pour les éleveurs et la sécurité alimentaire. Actuellement, l’Algérie importe la totalité de ses vaccins vétérinaires, pour une facture avoisinant les 300 millions de dollars par an. Or, ces produits ne sont pas toujours adaptés aux souches virales locales, et leur efficacité est souvent réduite par des mutations. « L’un des risques les plus graves, c’est d’introduire un vaccin contaminé ou inefficace. Cela peut décimer le cheptel national. Nous voulons désormais contrôler, adapter et produire nos propres vaccins », a alerté Korib. Le futur centre de virologie, pièce maîtresse du projet, permettra d’analyser les souches circulantes en Algérie, d’adapter les formules en temps réel et d’assurer un contrôle qualité rigoureux, qu’il s’agisse de produits importés ou fabriqués localement.

Mais l’ambition du programme dépasse les frontières nationales. L’Algérie vise à devenir un hub africain de production de vaccins et de thérapies ciblées. Des discussions sont déjà en cours entre Saidal et plusieurs pays du continent en vue de futurs accords d’exportation. Cette dynamique s’appuie sur des avancées scientifiques majeures. L’AGIRP détient à ce jour sept brevets internationaux, dont une thérapie ciblée, développée en partenariat avec le professeur Chebloun, capable de répondre à toute pandémie virologique en 15 à 30 jours. « Le monde a souffert du Covid-19. Demain, nous pourrions faire face à des virus encore plus dangereux, comme le MERS, dont le taux de mortalité dépasse 40 %, contre 3 % pour le Covid. Nous devons être prêts », a prévenu son président.

Le projet tire également sa force de la mobilisation de la diaspora scientifique. À travers l’Association des médecins algériens en Europe, présidée également par Korib, 32 spécialités médicales ont été mobilisées dans un effort collectif de transfert de savoir-faire et de formation continue. « L’Algérie nous a tant donné. Ce projet, c’est aussi notre manière de rendre. L’immigration algérienne sera un maillon essentiel dans cette aventure », a-t-il affirmé avec émotion. Plusieurs ministères sont impliqués dans ce chantier, notamment ceux de la Santé, de l’Agriculture, de l’Enseignement supérieur et de l’Industrie pharmaceutique. Une convention tripartite entre Saidal, Madar et l’AGIRP encadre cette coopération, tout en gardant le projet ouvert à d’autres partenaires, publics comme privés. « Ce n’est pas le projet d’une entreprise, mais celui de tout un pays », a-t-il martelé. « Si nous réussissons, ce sera une victoire collective, pour la science, l’économie et la souveraineté de l’Algérie ».

Par Mourad A.

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