Promotion des exportations hors hydrocarbures: Nécessité d’adapter la réglementation des changes
L’Algérie, qui vise l’augmentation crescendo des exportations hors hydrocarbures, est appelée à encourager l’investissement productif et faciliter de l’acte d’exportation. En dépit des avancées enregistrées dans ce domaine, des entraves persistent encore sur le terrain.
Saluant les efforts consentis par le gouvernement pour booster les exportations hors hydrocarbures, l’ex président de l’Association nationale des exportateurs algériens (Anexal), Ali Bey Nasri a réitéré son appel pour l’adaptation du cadre réglementaire régissant le commerce extérieur. Pour lui, la réglementation des changes est un véritable obstacle pour l’exportateur. Il faut, recommande-t-il, le mettre au même niveau des standards internationaux.
Bey Nasri, qui s’exprimait hier au forum d’El Moudjahid, a indiqué que « pour l’exportation des produits pharmaceutiques et des appareils d’électroménagers, les producteurs doivent avoir des bureaux de liaisons dans les pays cibles. Une chose que la réglementation actuelle ne le permit pas !, déplore-t-il. Le chef de l’Etat a donné, rappelle l’intervenant, des orientations pour y remédier à cette situation, mais les choses ne sont pas encore visible sur le terrain.
Au passage, l’expert a salué les mesures prises pour la constitution d’un réseau bancaire algérien à l’étranger, notamment dans les pays africains et le renforcement de la logistique par l’ouverture de lignes maritimes.
En outre, Ali Bey Nasri a plaidé pour la mise en place d’une vision d’exportation à long terme. En effet, les investissements doivent être orientés vers les secteurs porteurs et créateurs de richesses et de valeur ajoutée, garantissant la valorisation de nos richesses primaires en local, à l’instar des mines (le phosphate) le gaz et autres produits agricoles.
Il a ainsi appelé à la mise en œuvre de la Stratégie nationale de l’exportation (SNE). Finalisée depuis 3 ans maintenant, cette stratégie élaborée par la participation des différents ministères, des experts et 500 exportateurs ne voit pas toujours le jour ? « Nous attendons avec impatience pour l’application de la SNE qui va booster nos exportations », dira-t-il.
Questionné sur la possibilité d’atteindre l’objectif fixé par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, à savoir la réalisation de 13 milliards de dollars d’exportation hors hydrocarbures, Ali Bey Nasri s’est montré prudent, en affirmant que ce montant reste un objectif.
«Selon les données actuelles, il est difficile de le réaliser pour la raison suivante : quant les prix du pétrole baissent, nos exportations HH baissent également, puisque les produits exportés sont à 80% des dérivés du pétrole. Pour moi, je table sur la réalisation de 80% des 13 milliards de dollars fixé par le président de la République, si on intègre bien sûr les services, représentant quelque 3 milliards de dollars», souligne-t-il.
Plaidoyer pour l’instauration de licences d’exportation
Appelant à l’exploitation de toutes les opportunités offertes, Ali Bey Nasri a plaidé pour l’instauration de licences d’exportation notamment pour les produits alimentaires de large consommation. Pour lui, la mise en place d’un tel système garantira une meilleure gestion du marché et limitera surtout la contrebande. Actuellement, et en dépit de l’interdiction de l’exportation du sucre, huile et pâtes alimentaires, ces derniers continuent d’être commercialisé dans les pays voisins (Tunisie, Libye, Niger, Mali et Mauritanie).
L’expert a appelé à la lever de l’interdiction de l’exportation de ces produits, en vigueur depuis 2022. «Nous devons exploiter toutes les filières susceptibles d’apporter un plus au moins d’un dollar. Des investissements colossaux ont été consentis dans l’industrie agroalimentaire (la transformation), dont les capacités de production ne sont qu’à peine exploité. C’est une perte pour l’économie nationale et en particulier pour les entreprises », affirme-t-il.
Au passage, il a cité l’exemple du sucre qui avait rapporté quelque 400 millions de dollars/an. Au lieu d’interdire l’exportation de ce produit, l’Etat accordera une licence d’importation en lui limitant la quantité à exporter, dont le prix ne sera pas subventionné.
La numérisation permis de gérer ce genre de situation, dira-t-il. Même chose pour les pâtes alimentaires. L’octroi de l’exclusivité d’achat et de la vente des céréales et légumineuses pour l’OACI facilitera la mise en place de licences d’exportation.
«Il est facile de séparer entre les quantités destinées pour le marché local et celles à l’export, dont le prix ne sera pas subventionné », détaille-t-il. Pour l’expert en commerce extérieur, ces produits de large consommation peuvent nos rapporter entre 600 à 800 millions de dollars/an. En clair, l’Algérie qui vise la diversification de son économie est appelée à activer tous les secteurs d’activités afin de garantir une exploitation optimale de nos ressources et capacités de production.
Pour illustrer ses propos, l’intervenant a cité l’exemple de la Chine qui exporte pour 3000 milliards de dollars et importe pour 2500 milliards de dollars, soit un excédent de 500 milliards de dollars/an. Donc « on ne doit pas avoir peur de l’importation. Nous devons investir dans la sous-traitance, en produisant des produits, à travers la transformation de matières premières importées, pour d’autres pays. Ceci permettra de créer de la valeur ajoutée et des emplois dans notre pays», recommande-t-il.
Par Sirine R