Accélération de la mise en service des data centers: Une urgence pour l’économie numérique
La transformation numérique est un phénomène global qui touche tous les aspects de la société, des entreprises aux gouvernements. En Algérie, cette révolution technologique s’impose également, nécessitant des investissements majeurs dans des infrastructures telles que les data centers et la fibre optique. Cependant, pour que le pays puisse pleinement bénéficier de cette transition, il est crucial de surmonter les obstacles juridiques et de renforcer la formation des compétences numériques, a indiqué le consultant en transformation digitale et en cybersécurité, Djallal Bouabdallah.
S’exprimant sur les ondes de la chaîne 3 de la radio algérienne, Bouabdellah a expliqué que la transformation numérique a profondément changé la manière dont les individus, les entreprises, et les gouvernements fonctionnent. L’adoption massive des technologies numériques, telles que l’intelligence artificielle, le cloud computing, l’internet des objets et le big data, a entraîné une réorganisation des processus de production, de distribution et de consommation. Dans tous les secteurs – qu’il s’agisse de la santé, de l’éducation, de la finance, de l’industrie ou des services publics – le numérique est devenu une composante incontournable.
Cette transformation, accélérée par la pandémie de COVID-19, pousse les acteurs économiques à revoir leur modèle d’affaires et à adopter des technologies qui favorisent l’innovation et la compétitivité. En conséquence, les pays qui réussissent à intégrer ces nouvelles technologies dans leur tissu économique bénéficient d’une croissance accrue et d’une meilleure résilience face aux crises.
L’expert a également souligné l’importance de la création de data centers. Ces infrastructures sont cruciales pour l’Algérie si elle souhaite suivre le rythme du développement numérique mondial. Les data centers sont des infrastructures qui abritent des serveurs et autres équipements informatiques nécessaires pour stocker, gérer et traiter des données. Ils jouent un rôle essentiel dans l’économie numérique en facilitant le traitement de grandes quantités de données de manière sécurisée et efficace. Pour l’Algérie, l’installation de data centers permettrait non seulement de répondre aux besoins croissants de stockage des données locales, mais aussi de devenir un hub régional pour le traitement et le stockage des données. Cela pourrait attirer des investissements étrangers et renforcer l’autonomie numérique du pays, tout en réduisant la dépendance vis-à-vis des infrastructures étrangères pour le stockage de données sensibles.
Pour réussir sa transition numérique, l’Algérie doit mettre en œuvre une stratégie complète qui inclut la généralisation de la fibre optique, la formation des compétences numériques, et la mise en place des data centers, a suggéré l’invité de la rédaction. La fibre optique est essentielle pour garantir une connexion Internet rapide et fiable, capable de supporter les applications et services numériques modernes. Une infrastructure de fibre optique étendue permettra non seulement d’améliorer l’accès à Internet dans les zones urbaines, mais aussi de réduire la fracture numérique dans les régions rurales. En parallèle, la formation des compétences numériques est indispensable pour doter les travailleurs des connaissances et des compétences nécessaires pour utiliser efficacement les technologies numériques et répondre aux besoins du marché du travail en constante évolution. Enfin, la création de data centers est nécessaire pour assurer la souveraineté numérique du pays en hébergeant localement les données et en améliorant la sécurité des informations.
Toutefois, l’expert a déploré la rigidité des textes de loi concernant l’investissement dans les serveurs et le stockage des données. Cette rigidité est l’un des principaux obstacles au développement des infrastructures numériques en Algérie. Les réglementations actuelles peuvent décourager les entreprises nationales et étrangères d’investir dans la création et la gestion de data centers, en raison de restrictions juridiques et de lourdeurs administratives. Pour attirer davantage d’investissements dans ce secteur stratégique, il est crucial de réviser et d’assouplir ces lois, en introduisant des incitations fiscales et en simplifiant les procédures administratives. Une réglementation plus souple permettrait de créer un environnement propice à l’innovation, encourageant les entreprises à investir dans des infrastructures modernes et à adopter des technologies avancées.
L’économie numérique est devenue un moteur clé de la croissance économique mondiale, représentant plus de 15 % du PIB global. Cette transformation économique, portée par des secteurs comme le commerce électronique, les services numériques, les technologies de l’information et les médias, a radicalement changé la manière dont les entreprises créent de la valeur. Les pays qui investissent dans des infrastructures numériques robustes, telles que les réseaux à haut débit, les data centers et les plateformes numériques, sont mieux positionnés pour tirer parti de cette croissance. Ces investissements sont essentiels pour permettre aux entreprises de développer de nouveaux produits et services, d’améliorer leur compétitivité sur les marchés internationaux, et de créer des emplois dans les secteurs technologiques.
Pour l’Algérie, ne pas investir dans ces infrastructures pourrait entraîner un retard économique significatif, limitant ainsi sa capacité à participer pleinement à l’économie numérique mondiale, a expliqué le consultant en transformation numérique. Cependant, la préservation des données est un enjeu majeur pour le développement numérique de l’Algérie. Djallal Bouabdellah a affirmé que les données sont aujourd’hui considérées comme une ressource stratégique, comparable au pétrole ou à l’électricité. Elles sont essentielles pour l’innovation, la prise de décision, et la fourniture de services numériques. Pour protéger ces données, il est important de les stocker localement dans des infrastructures sécurisées, telles que des data centers nationaux, afin de réduire les risques liés à la cybercriminalité et à l’espionnage industriel. De plus, en conservant les données sur le territoire national, l’Algérie peut s’assurer qu’elles sont régies par les lois locales, offrant ainsi une meilleure protection de la vie privée et des informations sensibles. Cette approche permettrait également au pays de développer une industrie locale de traitement des données, favorisant ainsi la création d’emplois et le développement économique.
Par Mourad A.