Adhésion de l’Algérie à l’OMC: Plaidoyer pour la relance des négociations
L’Algérie est engagée dans le processus d’intégration au système commercial multilatéral depuis juin 1987. Lors de la création de l’Organisation mondiale du commerce (1995) l’opportunité donnée aux pays observateurs ou en accession au GATT de devenir membre de plein droit de la nouvelle organisation n’a pas été saisie. Ainsi, l’accession de l’Algérie est devenue de fait la procédure la plus longue qu’ait connue le système. Nonobstant ce fait, beaucoup continuent à souhaiter l’Adhésion de l’Algérie à l’OMC. Le Care (Cercle d’action et de réflexion pour l’entreprise) plaide pour que notre pays fasse partie de cette organisation.
A ce propos, quand on consulte le site de l’OMC, « il nous est rappelé que la négociation algérienne, engagée voilà plus de 37 années, est toujours officiellement en cours. Même si celle-ci ne figure plus sur l’agenda public du gouvernement algérien et même si aucune initiative pour la relancer n’a été prise depuis plus d’une dizaine d’années, elle demeure toujours latente, au regard des instances de l’OMC et de tous ses pays membres».
Pour les pouvoirs publics les règles de libre échanges «équitables» instaurées par des organisations telle que l’OMC, permettraient à l’Algérie d’ «envahir» les marchés étrangers, ce qui nécessitera, de provoquer «un choc» dans l’appareil de production.
Or pour Care cette accession comporte plus d’avantages que d’inconvénients et ce d’autant plus que la nécessité de ce retour aux règles de l’OMC est, par ailleurs, clairement inscrite dans le nouvel accord ratifié en 2021 par l’Algérie, dans le cadre de la mise en place d’une zone de libre-échange continentale africaine (accord ZLECAF). L’architecture de l’ensemble de cet accord a été effectivement conçue par référence directe à celle de l’OMC. L’accord ZLECAF fait explicitement référence à une large palette d’accords de l’OMC tels que : GATT 1994 ; GATS (accord de l’OMC sur les services) ; accord antidumping entre autres
Enfin, il ne semble pas raisonnable que l’Algérie, eu égard à son poids géopolitique et à la taille de son économie, demeure à l’extérieur d’une organisation économique multilatérale au sein de laquelle se débattent et se décident les termes de l’organisation du système des échanges mondiaux. Une organisation qui, par ailleurs, regroupe aujourd’hui 166 Etats membres avec lesquels elle réalise la quasi-totalité (plus de 98%) de ses échanges commerciaux.
Au plan interne, Care, observe que l’économie nationale a renoué avec un rythme de croissance robuste, oscillant entre 3,6 et 4,1% au cours des dernières années. Si le résultat en soi est appréciable, il reste que notre pays dispose d’un potentiel lui permettant d’ambitionner des performances encore plus élevées, en termes de croissance de son PIB, indispensables pour changer structurellement la donne actuelle et sortir définitivement de son statut d’économie dépendante de la rente des hydrocarbures.
En l’occurrence, la clef de déverrouillage est sans conteste celle d’une meilleure attractivité des IDE et du rattrapage de ses retards en la matière. Les efforts menés jusqu’ici dans cette direction, à travers notamment le toilettage de la législation régissant l’investissement sont tout à fait louables. Mais ils ne produiront pas de résultat significatif et décisif sur ce terrain-là, sans une normalisation de la relation de l’Algérie avec le système commercial multilatéral administré par l’OMC, précise Care.
Aussi, Care termine son plaidoyer, en soulignant que notre pays a besoin par-dessus toute chose, de commencer à stabiliser son régime de commerce extérieur et à mettre fin au cycle des changements continus qu’il ne cesse, depuis l’année 2016, d’imprimer aux règlementations de ses importations (régime de licences ; interdictions d’importations ; droits et taxes diverses ; Droits de sauvegarde ; etc.). C’est le grand avantage qu’offre le système des règles de l’OMC, à savoir permettre aux entreprises de produire et d’investir en s’adossant à un cadre réglementaire négocié avec les partenaires et qui garantisse transparence, fiabilité et stabilité à leurs opérations de commerce extérieur.
Pour ce cercle de réflexion, nos entreprises en auront plus que jamais besoin pour croître et prospérer. Notre administration commerciale, pour sa part, pourra ainsi se focaliser sur sa mission essentielle, la plus ardue, celle de l’appui et du soutien au développement et à la diversification de nos exportations.
Par Réda Hadi