Afrique du Sud: La crise énergétique a réduit de 20% la taille potentielle de l’économie
Des délestages récurrents destinés à éviter un effondrement total du réseau durent depuis 2008. Mais la crise causée par l’incapacité de l’entreprise nationale de l’électricité Eskom à répondre à la demande ne cesse de s’aggraver au fil des années.
Les coupures d’électricité ont réduit la taille potentielle de l’économie sud-africaine d’environ 20% depuis que la compagnie nationale de l’électricité Eskom a commencé à procéder à des délestages par roulement en 2008 pour éviter un effondrement du réseau, a estimé Lungile Mashele (photo), spécialiste du secteur de l’énergie et des infrastructures à la Public Investment Corporation (PIC), le plus grand gestionnaire de fonds du pays.
« On peut s’attendre à des coupures toutes les semaines cette année, et si l’on ne remédie pas à l’insuffisance de la production d’électricité, les perspectives de croissance économique seront sombres », a souligné cette experte lors d’une conférence organisée au Gordon Institute of Business Science à Johannesbourg.
Mme Mashele a également fait remarquer que la crise énergétique affecte tous les secteurs d’activité économique. Selon elle, les mines souterraines marginales de métaux précieux pourraient fermer, ce qui entraînerait une baisse des recettes d’exportation et des pertes d’emploi, alors que les opérateurs de téléphonie mobile souffrent d’une dégradation de la qualité et de la disponibilité du réseau de télécommunications.
Dans ce cadre, Vodacom Group a dépensé plus de 109 millions de dollars pour acquérir des batteries, tandis que MTN Group a déployé plus de 2 000 générateurs et consomme plus de 450 000 litres de diesel par mois.
D’autre part, les demandes d’indemnisation en lien avec les coupures d’électricité présentées aux compagnies d’assurances ont augmenté de 250% en 2022.
« Pas de courant, pas d’électricité, et tout s’arrête. Si nous nous étions concentrés sur nos problèmes en 2008, la situation serait bien meilleure aujourd’hui », a indiqué Mme Mashele.
L’Afrique du Sud est en proie avec une grave crise énergétique depuis 2008, en raison de l’incapacité de l’entreprise nationale de l’électricité Eskom à répondre à la demande, avec ses centrales à charbon vieillissantes et de nouvelles capacités de production inadéquates. Cette crise s’est aggravée l’année dernière, avec des délestages programmés qui durent parfois jusqu’à 12 heures par jour.
Le Fonds monétaire international (FMI) a abaissé, mercredi 22 mars, ses prévisions de croissance économique pour l’Afrique du Sud en 2023 à 0,1%, contre une précédente estimation de 1,2% datant de janvier dernier, en raison notamment de l’aggravation de la crise de l’électricité.
Fin janvier dernier, la Banque centrale sud-africaine avait aussi révisé ses prévisions de croissance pour 2023 à la baisse, les ramenant à 0,3%, contre une précédente estimation de 1,1% pour les mêmes motifs. Le PIB du pays le plus industrialisé du continent s’est déjà contracté de 1,3% au cours du dernier trimestre 2022.
Selon les estimations du ministère sud-africain de l’Energie, les coupures d’électricité coûtent plus de 50 millions de dollars par jour en perte de production.