18/09/2025
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Agriculture, énergie, industrie pharmaceutique… L’Algérie au cœur de l’intégration africaine à l’IATF 2025

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Alger s’est imposée cette semaine comme la véritable capitale économique de l’Afrique en abritant la 4ᵉ édition de la Foire commerciale intra-africaine (IATF 2025). Plus qu’une simple foire commerciale, l’événement est devenu un carrefour stratégique où se croisent investissements, partenariats, innovation et diplomatie. Pour l’Algérie, il s’agit d’une vitrine idéale pour affirmer son rôle moteur dans l’intégration économique du continent, en misant sur ses forces dans l’agriculture, l’énergie, l’industrie pharmaceutique et l’innovation.

S’exprimant sur les ondes de la « Chaîne III » de la radio nationale, Mouloud Khelif, consultant en stratégie internationale et en développement a expliqué que : « L’IATF, c’est bien plus qu’une exposition. C’est un forum d’investissement, un hub de recherche et d’innovation, un espace de rencontres entre start-up et PME innovantes. Alger devient, le temps de cette semaine, la capitale économique de l’Afrique ». L’événement, lancé le 4 septembre et réparti entre le CIC et la SAFEX, accueille des milliers d’opérateurs africains et étrangers, dont d’importantes délégations venues du Japon, du Canada et de la Suisse. Il comprend également des espaces inédits comme un salon automobile africain ou encore le pavillon des industries créatives dédié à la musique, au cinéma, à la mode et à la gastronomie.

Au-delà des signatures de contrats immédiats, l’IATF s’inscrit dans la dynamique de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF). Ce marché unique en construction regroupe 54 pays et vise à fédérer 1,4 milliard de consommateurs avec un PIB combiné de 3 500 milliards de dollars. Son ambition est claire : doubler d’ici 2030 la part du commerce intra-africain, aujourd’hui limitée à 15 %, alors que les échanges de l’Afrique avec la Chine atteignent 20 % et avec l’Union européenne plus de 30 %. Pour le consultant, il s’agit d’un tournant historique : « Le commerce africain ne représente que 3 % du commerce mondial, alors qu’en 2050, l’Afrique comptera un tiers de la population mondiale. L’IATF Alger marque un avant et un après dans la prise de conscience de notre capacité collective ».

Dans cette dynamique d’intégration, l’Algérie met en avant ses atouts stratégiques. L’agriculture, renforcée par de récents investissements et l’émergence de l’AgriTech, est devenue un pilier de la souveraineté alimentaire, un enjeu crucial révélé par la pandémie de Covid-19 et la guerre en Ukraine. L’énergie, où l’Algérie dispose d’une expertise reconnue, demeure un secteur central, le pays ayant déjà contribué à l’électrification régionale, comme en témoigne son soutien au Niger pour la construction d’une station électrique. L’industrie pharmaceutique s’impose également comme un secteur clé. « Nous avons des joyaux en Algérie, mais il faut un accompagnement réglementaire pour permettre à nos entreprises d’accéder aux marchés africains. La demande est immense », a souligné Khelif.

Enfin, l’innovation et la recherche constituent un autre levier, l’Algérie ayant formé plus de 60 000 étudiants africains dans ses universités, un atout de taille pour bâtir une élite continentale. Les infrastructures structurantes rappellent également la place de l’Algérie dans cette intégration : la route Transsaharienne, le réseau ferroviaire et la dorsale transsaharienne de fibre optique sont autant de projets cités par le président Abdelmadjid Tebboune pour connecter durablement les économies africaines.

La diaspora joue aussi un rôle clé. Reconnu par l’Union africaine comme la « sixième région de l’Afrique », ce réseau représente plus de 200 millions de personnes hors du continent. À Alger, la Journée mondiale des diasporas africaines a mis en lumière leur contribution. Un exemple concret : l’ouverture en septembre du premier incubateur dédié à l’intelligence artificielle par un expert algérien installé au Canada. « Il ne faut pas parler de fuite des cerveaux, mais de talents algériens à l’international. Ils reviennent avec des compétences et des investissements qui peuvent transformer l’économie locale », a affirmé l’invité de la radio.

Avec un objectif affiché de sortir 70 à 80 millions d’Africains de la pauvreté d’ici 2035 et d’augmenter le PIB continental de 450 milliards de dollars, la ZLECAF et des initiatives comme l’IATF apparaissent comme des leviers décisifs. Pour Khelif, l’essentiel repose désormais sur l’action concrète : « Les États donnent l’impulsion, mais ce sont les entreprises qui créeront la richesse et l’emploi. L’Afrique doit être décomplexée : le temps des matières premières bradées est révolu, c’est celui des partenariats gagnant-gagnant ». Entre souveraineté alimentaire, transition énergétique, industrie pharmaceutique et innovation, l’Algérie se positionne donc comme un acteur pivot de l’intégration africaine, affirmant sa volonté de conjuguer économie, solidarité et influence géopolitique.

Par M A.

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