21/01/2025
ACTUALITEAGRICULTURE/PÊCHE

Agriculture saharienne, création de grands périmètres irrigués, investissements étrangers: La stratégie de l’Algérie pour renforcer sa sécurité alimentaire

La sécurité alimentaire est au cœur des préoccupations stratégiques de l’Algérie, qui se trouve confrontée à une dépendance vis-à-vis des importations pour certaines cultures essentielles. Face aux contraintes climatiques, au stress hydrique et à la rareté des terres fertiles, le gouvernement mise sur une stratégie de développement agricole ambitieuse.

Cette stratégie inclut la promotion de l’agriculture saharienne, par la création de grands périmètres irrigués, l’amélioration des infrastructures et l’ouverture aux investissements étrangers. Parallèlement, la gestion efficace des ressources hydriques devient cruciale, nécessitant des solutions durables telles que l’irrigation intelligente. La protection des terres agricoles, notamment celles à haut rendement, est également une priorité, avec des mesures visant à encadrer les lotissements illicites. L’objectif est clair : renforcer l’autosuffisance alimentaire tout en soutenant les investissements pour assurer un développement agricole durable et pérenne.

L’émission «Le débat politique » de la « Chaîne III » de la radio nationale, diffusée samedi dernier, s’est concentrée sur cet enjeu crucial : la sécurité alimentaire dans un contexte géopolitique incertain, où la flambée des prix des matières premières accentue les préoccupations. Les experts présents, dont le professeur Tarik Hartani, coordinateur du comité de réflexion pour le développement des céréales en Algérie, ont souligné la dépendance alimentaire du pays. «L’Algérie est confrontée à une dépendance préoccupante vis-à-vis des importations pour des cultures stratégiques comme les céréales, les légumineuses et le sucre. Cette situation est aggravée par des défis environnementaux tels que le stress hydrique et la rareté des terres fertiles, qui entravent notre capacité à atteindre l’autosuffisance», a déclaré Hartani. La facture alimentaire du pays s’élève à environ 14 milliards de dollars, un montant lourdement influencé par les fluctuations des prix sur les marchés internationaux.

Pour faire face à ces défis, le professeur Brahim Mouhouche, membre du Conseil national de la recherche scientifique et enseignant à l’École nationale supérieure d’agronomie, propose une vision ambitieuse pour l’agriculture saharienne. «Nous devons développer une stratégie audacieuse pour utiliser le Sahara comme un bouclier protecteur pour notre sécurité alimentaire. Cela passe par la création de périmètres irrigués et l’encouragement des investissements étrangers, notamment ceux provenant du Qatar, d’Italie, d’Arabie saoudite et de Turquie».

De son côté, Allal Bouteldja, député et membre de la commission des finances à l’Assemblée populaire nationale, aborde les efforts gouvernementaux pour améliorer la situation. «Le gouvernement met l’accent sur la levée des contraintes socio-économiques et agrotechniques. La modernisation du secteur agricole est cruciale pour améliorer nos rendements. Nous devons aussi réfléchir à une gestion intelligente de l’eau, essentielle pour la production», a-t-il dit.

Les experts ont également souligné l’importance de l’irrigation moderne pour optimiser les ressources hydriques, plaçant ainsi la gestion durable de l’eau au cœur des discussions. Le professeur Tarik Hartani insiste sur la nécessité de privilégier des techniques d’irrigation qui maximisent l’utilisation de l’eau, tout en intégrant des pratiques agricoles durables. Cela permettra de faire face aux défis climatiques tout en améliorant la production. Parallèlement, les enjeux d’autonomie alimentaire et de diversification des cultures ont été évoqués. Le professeur Brahim Mouhouche a mis en avant l’urgence d’initiatives visant à réduire les importations, notamment par le développement de cultures comme la betterave sucrière, le tournesol ou l’argan. Les résultats observés dans le sud du pays sont encourageants, avec des rendements allant jusqu’à 100 tonnes par hectare pour certaines cultures, démontrant que les capacités existent déjà pour atteindre cet objectif. Cependant, ces cultures nécessitent des investissements colossaux, notamment dans les infrastructures hydrauliques et énergétiques. La protection des terres agricoles reste une préoccupation majeure. Allal Bouteldja rappelle que les terres à haut rendement sont menacées par des lotissements illicites, ce qui rend impératif de légiférer pour leur protection et de créer une cartographie des zones agricoles pour une gestion efficace. Des subventions et des exonérations fiscales sont également mises en place pour encourager les investissements et soutenir les agriculteurs dans ce secteur stratégique. Les experts s’accordent sur la nécessité de renforcer les infrastructures, notamment hydrauliques et énergétiques, et d’attirer davantage d’investissements, tout en préservant les ressources naturelles et en protégeant les terres. Comme le souligne le professeur Tarik Hartani, les enjeux de la sécurité alimentaire ne concernent pas seulement la production, mais nécessitent une vision globale pour un avenir durable et résilient.

Par Mourad A.

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