AIE: Appel à mettre en œuvre les recommandations de la COP 28
Le dernier rapport de l’Agence Internationale de l’Énergie (AIE) souligne l’importance cruciale des engagements pris lors de la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques (COP 28) pour réduire les émissions mondiales de gaz à effet de serre. Cet événement, qui s’est tenu en 2023 aux Émirats arabes unis, a vu près de 200 pays adopter des objectifs climatiques ambitieux. Parmi ces objectifs, l’aspiration à atteindre la neutralité carbone du secteur énergétique mondial d’ici 2050 se distingue particulièrement. Cela implique non seulement une réduction significative de l’utilisation des énergies fossiles, mais aussi une multiplication par trois de la capacité des énergies renouvelables et un doublement des efforts d’amélioration de l’efficacité énergétique d’ici 2030.
La réalisation de ces objectifs pourrait entraîner une réduction considérable des émissions mondiales, estimée à 10 milliards de tonnes de CO2 d’ici 2030. Cette perspective est d’autant plus marquante, étant donné que les émissions du secteur énergétique ont atteint un niveau record de 37,4 milliards de tonnes en 2023. Le rapport de l’AIE indique que, malgré certains défis, un environnement économique favorable, des capacités industrielles adéquates et des politiques de soutien appropriées pourraient faciliter l’atteinte de ces objectifs. Toutefois, l’AIE met en garde contre plusieurs obstacles. Parmi ceux-ci, les retards dans l’octroi des permis pour moderniser les infrastructures électriques et le manque d’investissements dans les réseaux, notamment dans les marchés émergents et les économies en développement, représentent des défis majeurs. Pour concrétiser les ambitions de la COP 28, il sera nécessaire de construire et de moderniser des millions de kilomètres de lignes de transport d’électricité et d’augmenter considérablement la capacité de stockage. Ce besoin croissant d’infrastructures démontre l’ampleur des efforts requis pour soutenir la transition énergétique mondiale. En l’absence de tels investissements, l’augmentation des capacités d’énergies renouvelables pourrait être compromise, entraînant une hausse des prix de l’électricité et un retour accru aux énergies fossiles.
L’efficacité énergétique, quant à elle, émerge comme l’une des stratégies les plus prometteuses pour réduire les émissions d’ici 2030. Si le taux d’amélioration de l’efficacité énergétique est doublé, cela pourrait permettre une réduction des émissions de 6,5 milliards de tonnes tout en diminuant les coûts énergétiques pour les consommateurs. L’électrification des secteurs industriels et des transports, ainsi que la réduction de la consommation d’énergie, se présentent comme des leviers essentiels dans cette démarche. Par ailleurs, l’accès universel à des modes de cuisson propres et l’accélération de l’adoption des véhicules électriques sont également cruciaux, notamment dans les régions en développement. Néanmoins, plusieurs défis demeurent. La lenteur des réformes des réseaux électriques, l’obsolescence de nombreuses infrastructures et le manque de financement, particulièrement dans les pays en développement, freinent cette transition. Si les investissements nécessaires pour moderniser les infrastructures de transport d’électricité ne sont pas réalisés, cela risque de compromettre la capacité du réseau à intégrer les nouvelles énergies renouvelables.
Pour rappel, l’Algérie a lancé en juillet dernier la stratégie Sonatrach pour le climat, qui prévoit une série de mesures et de projets, notamment la réduction des émissions de gaz à effet de serre, l’augmentation du niveau d’intégration des énergies renouvelables, ainsi que le développement de solutions de séquestration naturelle et technologique du carbone. La stratégie de Sonatrach repose sur l’investissement, le renforcement des capacités, le transfert de technologies, et la réduction du torchage de gaz ainsi que des émissions de méthane. Elle inclut également l’intégration progressive de diverses énergies renouvelables dans le mix énergétique, ainsi que le développement de nouvelles filières telles que les carburants à faible teneur en carbone et l’hydrogène vert.
Elle propose une série de solutions pour récupérer les gaz brûlés dans les unités d’exploitation, s’ajoutant aux dix-neuf projets lancés depuis 2020, permettant ainsi de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 785 000 tonnes équivalent CO2 par an. Cette stratégie vise également une transition énergétique progressive et l’intégration de l’innovation technologique pour limiter l’empreinte carbone.
Par M.A