Algérie-Norvège: Un partenariat énergétique et technologique en plein essor
Les relations entre l’Algérie et la Norvège connaissent un nouvel élan, soutenues par des échanges stratégiques et diversifiés. Ces deux pays, riches en complémentarités, ont tout à gagner en exploitant pleinement leurs atouts respectifs. Therese Loken Gheziel, ambassadrice de Norvège en Algérie, a mis en lumière les axes principaux de cette coopération, plaçant l’énergie, l’industrie maritime et l’agriculture au cœur des priorités. Elle a également souligné l’importance d’un dialogue continu pour renforcer et approfondir ces partenariats.
Depuis plus de vingt ans, la Norvège, à travers la compagnie énergétique Equinor (anciennement Statoil), collabore avec Sonatrach dans le domaine du gaz naturel, notamment sur deux sites de production dans le sud algérien. « Nous sommes très satisfaits de cette coopération, qui témoigne de la solidité de notre partenariat énergétique. Equinor est un acteur majeur et fiable pour accompagner le développement énergétique de l’Algérie », a affirmé Mme Loken Gheziel lors d’une interview accordée à une chaîne de télévision privée. Si les hydrocarbures demeurent un pilier central de cette
collaboration, l’ambassadrice a mis en avant l’ambition de la Norvège dans le domaine des énergies renouvelables, en particulier l’éolien offshore, une technologie dans laquelle la Norvège excelle. «
Notre expertise dans l’éolien offshore pourrait offrir de nouvelles perspectives pour l’Algérie, qui dispose d’un potentiel considérable dans le domaine des énergies vertes », a-t-elle ajouté. De plus, la Norvège apporte son expérience de 30 ans dans le captage et le stockage du CO2, une technologie essentielle pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. « Nous avons prouvé qu’il est possible de réinjecter le CO2 dans les anciens puits sans risque de fuite. Chaque tonne de CO2 évitée fait une différence dans la lutte contre le changement climatique », a-t-elle insisté, citant l’importance des engagements internationaux, tels que l’Accord de Paris.
Le secteur maritime constitue également un domaine clé de coopération. Grâce à des entreprises telles que Wilhelmsen, leader mondial des services maritimes, la Norvège soutient l’Algérie dans la gestion et l’entretien de ses infrastructures portuaires. « Nous travaillons activement pour offrir des services aux navires accostant dans les ports algériens, qu’il s’agisse de soutien logistique, de maintenance ou d’assistance aux équipages », a précisé Mme Loken Gheziel. Par ailleurs, les chantiers navals norvégiens collaborent avec les autorités algériennes pour la production de patrouilleurs rapides, renforçant ainsi la sécurité des côtes algériennes. L’ambassadrice a également salué la réussite de l’usine Jotun, spécialisée dans les peintures de protection, implantée en Algérie. «Jotun est un parfait exemple de la qualité norvégienne. Certes, nos produits peuvent être perçus comme coûteux, mais ils offrent une durabilité incomparable, ce qui permet des économies substantielles à long terme », a-t-elle expliqué.
Face aux défis alimentaires mondiaux, la Norvège considère l’Algérie comme un partenaire stratégique pour le développement de l’agriculture et de l’aquaculture. « L’Algérie possède des ressources agricoles importantes et une population jeune et dynamique. En partageant nos technologies et équipements, nous pourrions aider les producteurs algériens à accroître leurs rendements et à conquérir de nouveaux marchés à l’export », a souligné l’ambassadrice. Elle a notamment mis en avant les avancées norvégiennes en aquaculture, un secteur clé pour assurer la sécurité alimentaire à l’échelle mondiale.
Des échanges équilibrés et des opportunités à saisir
Sur le plan commercial, les échanges entre les deux pays atteignent environ 100 millions d’euros par an et présentent un équilibre remarquable. Depuis 2022, l’Algérie exporte légèrement plus vers la Norvège qu’elle n’importe. « C’est un signe positif pour nos relations économiques. Les exportations algériennes, principalement des produits chimiques non organiques, soutiennent la production industrielle en Norvège », a précisé l’ambassadrice. Toutefois, elle estime qu’il existe encore de nombreuses opportunités à explorer dans d’autres secteurs : « L’équipement norvégien, notamment dans les domaines industriels et agricoles, pourrait jouer un rôle clé dans le développement économique algérien. »
Interrogée sur les défis, Mme Loken Gheziel a insisté sur la nécessité d’un dialogue approfondi pour surmonter certains obstacles : « Chaque marché a ses spécificités. Les entreprises norvégiennes doivent s’adapter aux réalités algériennes, tout comme les partenaires algériens doivent comprendre les attentes des investisseurs étrangers. C’est un travail de compréhension mutuelle et deconstruction de confiance. » Elle a également évoqué les efforts en cours pour moderniser le climat des affaires en Algérie : « La nouvelle loi sur l’investissement est un pas dans la bonne direction. Avec une meilleure digitalisation et des procédures simplifiées, je suis convaincue que l’Algérie pourra attirer davantage d’investissements étrangers. »
En conclusion, Mme Loken Gheziel a réaffirmé l’engagement de la Norvège à soutenir un développement durable en Algérie : « Nous ne cherchons pas uniquement des opportunités commerciales, mais des partenariats durables qui profitent aux deux parties. Ensemble, nous pouvons relever les défis climatiques, énergétiques et économiques pour construire un avenir prospère. »
Grâce à une coopération diversifiée et des ambitions partagées, l’Algérie et la Norvège tracent les contours d’un partenariat économique solide, ancré dans l’innovation et la durabilité.
Par Mourad A.