19/07/2025
ACTUAGRICULTURE/PÊCHE

Campagne de récolte du liège 2025: Vers la production de 60 000 quintaux

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Sous le signe de la valorisation durable des ressources forestières, l’Algérie donne le coup d’envoi à la campagne nationale de récolte du liège pour la saison 2025. Cette année, les prévisions tablent sur une récolte d’environ 60 000 quintaux, un chiffre jugé encore modeste au regard du potentiel réel que recèlent les forêts algériennes. Pour les spécialistes, cette campagne est bien plus qu’une opération de cueillette : elle s’inscrit dans une dynamique économique, environnementale et sociale de long terme.

Intervenant à la télévision algérienne, Mohamed Himrane, expert en économie forestière, a expliqué que le liège n’est pas une simple écorce. C’est une matière première stratégique qui entre dans des secteurs industriels variés comme l’isolation, l’automobile, l’aéronautique ou encore l’agroalimentaire. L’Algérie occupe actuellement la troisième place mondiale en termes de superficie et de production de liège. Pourtant, les années passées ont vu une baisse significative du rendement, notamment en raison des incendies répétés, de l’absence de reboisement structuré et d’une gestion insuffisante des écosystèmes forestiers. Une part importante des surfaces forestières (35 à 40 %) a été perdue, selon les estimations.

Pour y remédier, l’État a engagé un plan de réhabilitation dès 1999, touchant plus d’un million d’hectares, dont 24 % consacrés au chêne-liège. Plus récemment, en 2021, un nouveau projet pilote a été lancé dans trois zones tests : Jijel, Béjaïa et Tlemcen. Ces régions permettent d’évaluer les différents niveaux de dégradation et d’adapter les stratégies de régénération. « Nous avons les terres, les conditions climatiques et le savoir-faire. Il ne nous manque que l’organisation et la volonté d’investir durablement », a souligné M. Himrane, appelant à intégrer pleinement la forêt dans la stratégie économique nationale.

Au-delà de son poids économique, le liège joue un rôle fondamental dans la protection de l’environnement. Les forêts de chêne-liège participent à la préservation de la biodiversité, à la lutte contre l’érosion des sols et à la régulation du cycle hydrologique. Elles constituent également un rempart naturel face aux changements climatiques. Sur le plan social, la valorisation du liège peut devenir un levier puissant pour créer de l’emploi, notamment dans les zones rurales, et freiner l’exode rural. Des projets de coopératives locales, y compris féminines, sont déjà en cours dans certaines régions pour exploiter non seulement le liège, mais aussi d’autres ressources issues de ces forêts : caroube, romarin, plantes médicinales et huiles essentielles.

Un appel à l’investissement durable

Malgré ses multiples atouts, l’exploitation du liège reste perçue comme un investissement à long terme, ce qui freine certains opérateurs. La rentabilité d’un chêne-liège n’est atteinte qu’au bout de 20 à 25 ans. Mais les experts insistent sur les bénéfices durables. « L’investissement dans la forêt est l’un des plus sûrs. Les risques sont limités, à part ceux liés au climat. Et contrairement à d’autres secteurs, il assure une rentabilité continue, tout en s’intégrant parfaitement dans les objectifs de développement durable », a affirmé M. Himrane. L’expert a plaidé pour une approche intégrée associant agriculture et sylviculture, un modèle déjà appliqué avec succès dans des pays comme l’Espagne ou la Chine. Cette stratégie permettrait une surveillance régulière des forêts, une meilleure productivité et un renforcement de la filière de transformation locale, essentielle pour ajouter de la valeur avant l’exportation.

Avec la tendance mondiale vers les produits naturels, écologiques et durables, le liège algérien a toutes les cartes en main pour s’imposer sur les marchés extérieurs. La clé réside dans la création d’une véritable chaîne de valeur, allant de la récolte à la transformation, en passant par la formation, la recherche et l’encadrement des investisseurs. En attendant, la campagne 2025 débute avec l’ambition de replacer le liège au cœur des priorités économiques nationales. Si les 60 000 quintaux annoncés peuvent sembler peu, ils marquent surtout le début d’une relance structurelle. « C’est une richesse que nous devons protéger, exploiter intelligemment et transmettre aux générations futures », a conclu l’expert.

Par Mourad A.

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