Loi de finances 2025: Vers une fiscalité plus équitable et plus inclusive
La loi de finances de 2025 occupe une place centrale dans les discussions de l’Assemblée populaire nationale, où les regards se tournent vers les réformes fiscales annoncées. Au cœur de ce projet, l’objectif est clair : renforcer la justice fiscale et moderniser le système tout en préservant la stabilité économique. En écho aux engagements présidentiels de ne pas introduire de nouveaux impôts ou taxes, les dispositions visent principalement à ajuster les régimes existants, tout en consolidant l’assiette fiscale. Boubekeur Sellami, expert en fiscalité était l’invité de la radio, mercredi matin. Il a évoqué les différentes réformes fiscales introduites dans la loi de finances 2025.
Il a indiqué que l’Impôt Forfaitaire Unique (IFU) occupe une place prépondérante dans les débats. Cet impôt, initialement conçu pour alléger la charge des petits contribuables, a connu de multiples transformations, au point de perdre sa vocation première. Selon lui, depuis 2015, l’IFU s’est mué en un régime déclaratif complexe, impliquant désormais des acteurs bien au-delà de son champ d’application originel, y compris des sociétés structurées. Pour remédier à cette dérive, la loi de finances introduit un retour aux fondamentaux. Ce recentrage, qui se fera à partir de 2026, redéfinira l’IFU comme un impôt simplifié et adapté aux très petites entreprises, avec des règles plus justes et mieux adaptées à la réalité des petits contribuables. En parallèle, cette loi marque une rupture significative avec certaines pratiques antérieures. À partir de janvier 2025, plusieurs activités génératrices de revenus conséquents, telles que la location de matériel ou de voitures, seront désormais exclues du régime forfaitaire pour rejoindre le régime réel. Cette décision vise à corriger les déséquilibres et à limiter les risques de sous-déclaration. Dans un souci de rationalisation, les seuils d’imposition minimums sont également rehaussés, sauf pour les auto-entrepreneurs, pour lesquels un allègement est maintenu afin de soutenir l’entrepreneuriat individuel.
Cependant, l’expert a affirmé que cette réforme ne se limite pas aux ajustements techniques de l’IFU. Elle traduit une ambition plus large d’élargir l’assiette fiscale, d’améliorer la transparence et de renforcer l’efficacité de l’administration fiscale. Les mécanismes de contrôle sont étoffés, notamment pour garantir une imposition plus juste des grandes fortunes, avec l’introduction envisagée d’un impôt sur la fortune dès que les outils de recensement et de vérification seront opérationnels. Actuellement, la mise en œuvre de cet impôt est limitée par l’absence d’un fichier national des propriétés, mais la numérisation de l’administration devrait permettre de surmonter cet obstacle dans les années à venir. Cette orientation vers une meilleure justice fiscale se reflète également dans les efforts pour renforcer la fiscalité locale, en octroyant plus de compétences et de moyens aux collectivités. En toile de fond, le besoin de repenser globalement le système fiscal s’impose face aux défis budgétaires croissants. La réforme, envisagée sur 18 mois, vise à assurer une stabilité des ressources et à restaurer la confiance des investisseurs. Cette stabilité juridique, essentielle à la dynamisation de l’économie, s’articule autour d’une refonte des textes et d’un renforcement du rôle du Conseil national de la fiscalité. Composé d’experts et de représentants divers, ce conseil aspire à devenir un organe consultatif clé, œuvrant de concert avec les instances gouvernementales pour orienter les décisions fiscales.
Par Mourad A.