28/04/2025
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Chronique Eco: Les relations économiques Algéro-Françaises : De quoi s’agit-il ? Et quels enjeux ?

Au plan économique et commercial, les relations entre l’Algérie et la France ont toujours été empruntes de méfiances et de présupposés du côté français. Quand la France était le principal fournisseur de l’Algérie, les comportements mercantiles ont dominé ces relations. Mais lorsque d’autres partenaires sont entrés en compétition avec la France, les réseaux occultes installés de part et d’autre de la méditerranée se sont mis en branle pour empêcher toute incursion sans l’accord des français et de le leurs complices en Algérie. D’abord ce sont les pays méditerranées (Espagne et Italie) et à un degré moindre l’Allemagne qui ont fait des percées dans les années 80 et 90. Mais c’est avec l’entrée de la Chine, plus sérieusement dés le début des années 2000 que la France a perdu pied en Algérie. Les jeunes entreprises algériennes industrielles ou d’importations n’avaient pas de liens organiques avec les opérateurs traditionnels français et par conséquent ils cherchaient les bons rapports de profitabilité et d’approvisionnement.  La France, malgré la proximité géographique, la facilité du langage et le commerce des voyageurs (immigration), a perdu sa première place et chaque année elle en perd un rang. Face à cette concurrence inattendue, les entreprises françaises ont changé de stratégie pour faire des affaires en Algérien en créant des succursales sur place. « Selon une étude de l’OFATS (Outward Foreign Affiliates Statistics) en 2021, plus de 200 entreprises françaises ont ouvert leur succursale ou détiennent une participation d’au moins 50% dans une entreprise en Algérie. Si l’on rajoute les participations minoritaires ce nombre dépasserait 400 entreprises. Le chiffre d’affaires de ces entreprises est estimé à 2,4Mds Euros. » (Cité par S. Boukenia, doc. non référencé, mars 2025)

Selon une publication du trésor français basée sur les données de la Banque de France, le stock d’IDE cumulé français en Algérie s’élevait en 2023 à 2,8 Mds Euros. Traditionnellement, les IDE français se dirigent vers trois secteurs : 1) les activités financières et d’assurance (36 % du total), 2) l’industrie manufacturière (29 %) – décomposable entre industrie automobile, pharmaceutique, alimentaire et chimique – et 3) les industries extractives (23 %). La France se place ainsi en 3ème position derrière les USA et l’Italie et probablement la première hors hydrocarbure.(idem).

Effectivement, la France est très présente dans le secteur bancaire avec trois succursales de très grandes banques (Société Générale, BNP-Paribas et Natixis). Total est présente dans les hydrocarbures, Lafarge-Holcim dans les matériaux de construction, Castel et Danone dans l’agroalimentaire, Sanofi dans la pharmacie…

En matière d’échanges commerciaux, la France exporte vers l’Algérie autour de 4,5  à 5 Mds d’Euros, dont près de 40% des produits industriels, alors que les exportations algériennes vers la France se situent autour de 6-7 Mds d’Euros, dont 80% des hydrocarbures. La France exporte plus de 7Mds Euros vers le Maroc et plus de 3 Mds Euros vers la Tunisie.

Quand on observe bien ces données, les importations algériennes de France sont modestes et composés de produits standards facilement substituables par des produits similaires venant d’Europe ou d’Asie ; alors que les importations françaises d’Algérie sont constituées d’hydrocarbures, difficilement substituables en raison de leurs transports et de la nature du marché de ces produits.

In fine, le pouvoir de négociation aussi bien sur les importations que sur les exportations est en faveur de l’Algérie. Il ne s’agit pas ici de dire que l’on doit aller vers la suspension des relations commerciales, ce qui est ridicule, ou de dire que l’un ou l’autre pays doit prendre des mesures coercitives pour diminuer le volume de ces relations en représaille des différends politiques et diplomatiques, ce qui est contreproductif. Et si l’on doit arriver à ce genre de pratiques, la partie française sera la plus affectée. L’Algérie peut vendre son pétrole et son gaz sans difficulté alors que la France peut avoir des difficultés à placer 4-5 Mds d’Euros de manières permanentes et sur un marché solvable. Aussi, les 200 entreprises françaises opérant en Algérie peuvent quitter le pays sans grands impacts sur l’économie nationale, mais une telle démarche peut être très coûteuse pour les entrepreneurs français.

L’intérêt des deux pays est de développer leurs relations économiques et commerciales grâce à de nombreux facteurs favorables (proximité géographique, densité des relations entre les opérateurs économiques, facilité de négociation par la langue, densité des relations humaines et historiques…). Les apprentis sorciers de la nouvelle classe politique française doivent réfléchir un peu plus et parler beaucoup mieux s’ils veulent ne pas paraitre ridicules et surtout ne pas faire l’affaire de leurs concurrents immédiats au sein même de l’UE-27.  Leur ignorance des affaires internationales, particulièrement celles en rapport avec l’Algérie et leur embrigadement par des forces de l’argent et d’une idéologie colonialiste mettent l’Etat français, à travers ses représentants, dans une posture misérable qui peut conduire à un déclassement irréversible dans tout le continent africain. Heureusement il y a des voix qui s’élèvent, en France,  pour rappeler à l’ordre les nervis au service des nostalgiques de l’Algérie française et de leurs suppôts du sionisme bien installés dans les rouages du business et de la finance en France.  

ANOUAR EL ANDALOUSSI

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