17/09/2025
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Chronique ECO: Tensions géopolitiques, Incertitudes et impacts sur les économies.  

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L’année 2025 a été secouée par beaucoup d’événements géopolitiques qui ont affecté l’économie mondiale dans son ensemble et les économies nationales de façon différenciée.  L’économie mondiale connait une forte incertitude sur l’ensemble de ses segments. Les investissements sont au ralenti, l’épargne peine à se renouveler, la consommation est freinée, alors que l’or prend son envol.  Au milieu de cette année (juillet), l’inflation est encore maitrisée dans presque tous les pays, mais les besoins de financement ne trouvent pas des ressources accessibles. En fat l’économie mondiale est confrontée à de nombreux défis et incertitudes, avec des risques de récession et de crise financière. Les tensions commerciales, les conflits géopolitiques et les perturbations des chaînes d’approvisionnement contribuent à un climat d’incertitude généralisée. 

Pour les Banques d’affaires, comme JPMorgan et Goldman Sachs, estiment respectivement la probabilité d’une récession en 2025 à 40 % et 35%, évoquant l’impact potentiellement négatif des droits de douane sur la confiance des consommateurs et la croissance économique. La croissance sera certainement revue à la baisse dans l’ensemble des économies et particulièrement aux USA, en Europe et même en Chine. Les experts prévoient 1% aux USA, 0.5% en France, 0.7% en Grande Bretagne, 1.2% en Allemagne et moins de 5% en Chine. Dans les pays émergeants, la situation n’est pas meilleure. Les taux d’inflation sont plus élevés et parfois à plus de 10% (Turquie (35%), Russie (10%) ; la zone euro se défend bien avec 2%.

Pour les pays émergents le problème est plutôt du coté du financement des investissements technologiques ; eux qui ont fait de grandes avancées dans les investissements de production et d’infrastructures. La productivité du travail demeure faible comparée à celle des pays développés. Les pays à revenu intermédiaires (dont l’Algérie) sont les plus touchés par ce syndrome appelé aussi le « piège du revenu intermédiaire » ; ils passent à la trappe. Ces pays, souvent bénéficiant d’une dotation en ressources naturelles, subissent les chocs de la volatilité des prix internationaux. Ainsi à chaque baisse des prix, l’effort d’investissement est ralenti ou carrément stoppé au profit d’autres besoins de la société, et ainsi l’accumulation capitalistique et d’apprentissage est rompue. La productivité du capital peut s’améliorer avec la reprise, mais celle du travail demande plus de temps pour l’apprentissage. Déjà en 2024, « La Banque mondiale a dû reconnaître que le rattrapage entre les pays à revenus moyens et les pays occidentaux marquait le pas. Les crises sociales et politiques de cet été (2024) confirment la défaillance du modèle de développement dominant.

Plus globalement, depuis 2019, les tensions internes ou géopolitiques semblent se multiplier dans ce qu’il est désormais convenu d’appeler le « Sud global ». Progressivement, les promesses de développement des années 1990 et 2000, quand beaucoup croyaient à la « mondialisation heureuse », semblent devenir de plus en plus difficiles à tenir. Le phénomène avait déjà été mis en avant au printemps 2024 par le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) qui avait souligné une inversion de tendance depuis une décennie : les inégalités entre pays riches et pays pauvres se creusent à nouveau. La tendance à la surconsommation sur le modèle occidental est l’un des obstacles au développement des pays dits « à revenus intermédiaires ».

L’épargne pour l’investissement est indispensable si l’on veut aller plus loin dans la modernisation de l’économie et l’amélioration de la qualité des ressources humaines pour rattraper le niveau de productivité du travail dans les pays développés. Sans épargne nationale, c’est l’endettement qui peut prendre le relais avec toutes ses conséquences à moyen et long terme. A moyen terme, le coût de la dette peut grever lourdement le budget de l’Etat (selon son volume), alors qu’à long terme, souvent 5 à 7 ans, les échéances de remboursement peuvent être très lourdes pour la trésorerie. C’est pourquoi, les capitaux de la dette doivent être utilisés avec rigueur et rationalité pour dégager des Cash-Flows suffisant pour faire face aux échéances.  La pire des choses qui peut arriver à un pays, c’est de s’endetter pour acheter des produits de consommations ou de prestige ou encore pour financer des investissements non ou peu rentables.

Cette conjoncture caractérisée par des tensions géopolitiques et des incertitudes systémiques crée une « psychose » sur les marchés financiers. Face à l’incertitude, les Banques couvrent leurs risques par des taux de crédit très élevé ou par des assurances de premier plan. Les investisseurs s’engagent à leur tour sur des investissements peu risqués ou s’orientent vers les investissements les plus rentables ; les autres investissements, ceux des pays émergents ou en développement resteront en jachère ou supporteront des coûts exorbitants pour les pays d’accueil.

Aujourd’hui, les besoins de financement sont très importants, alors que l’offre de financement est assez contrainte par la faiblesse de l’épargne et surtout par la réticence des prêteurs à placer leur argent. 

Comment sortir de cette impasse ? Pour le moment le retour à une certaine stabilité et à une réduction des tensions géopolitiques est le seul moyen pour renouer avec des relations commerciales denses et une plus grande confiance entre Etats au plan international et entre acteurs économiques au plan national. Les investissements sont un pari sur l’avenir, mais si ce dernier est sombre, imprévisible et risqué, les investisseurs modèrent leurs engagements ou se dirigent vers l’achat de l’or ou vers les secteurs de spéculation à court terme (immobilier, par ex.). Ces investissements n’ont aucun impact sur la croissance et le développement, particulièrement pour les pays en développement.

ANOUAR EL ANDALOUSSI

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