Cybercriminalité: 2700 affaires traitées en 10 mois
La cybercriminalité en Algérie est en forte croissance, en particulier dans les domaines de l’escroquerie en ligne, du harcèlement et des atteintes à la personne. Comme l’a souligné le lieutenant-colonel Hamri Touati, chaque année, le nombre de plaintes liées à ces crimes numériques augmente de manière significative, avec une hausse de 15 % des affaires enregistrées. En 2024, 2 700 dossiers ont été traités en seulement dix mois, contre 2 400 l’année précédente. Face à cette menace croissante, la gendarmerie nationale a mis en place une stratégie de lutte multidimensionnelle, combinant prévention, renforcement des capacités et collaboration avec des acteurs internationaux.
Dans une intervention sur la « Chaîne III » de la radio nationale, Hamri Touati a expliqué que les formes les plus courantes de cybercriminalité en Algérie sont la cyberescroquerie, le cyberharcèlement, les atteintes à la personne et les piratages informatiques. Les cyberescroqueries ont particulièrement augmenté, passant de 370 cas en 2022 à 550 en 2023, ce qui souligne l’ampleur du phénomène et la nécessité de renforcer la sensibilisation. Le lieutenant-colonel a aussi insisté sur la dimension transfrontalière de la cybercriminalité : « Les cybercriminels, souvent à des milliers de kilomètres, profitent de la dématérialisation pour agir librement ». Cette distance complique l’identification et la poursuite des criminels, d’autant que les preuves numériques disparaissent rapidement si aucune plainte n’est déposée immédiatement. De plus, l’hébergement des services à l’étranger et la collaboration internationale limitée rendent la lutte encore plus complexe.
Pour contrer cette menace croissante, la gendarmerie nationale a déployé une stratégie ambitieuse, reposant sur plusieurs axes. Le premier axe consiste en un renforcement continu des capacités humaines et techniques. Ainsi, plus de 400 spécialistes sont formés aux nouvelles menaces numériques. « Des cyberpatrouilles sont menées pour surveiller l’espace numérique à la recherche de comportements criminels, et les autorités n’hésitent pas à s’autosaisir et à ouvrir des enquêtes lorsqu’une infraction est détectée », a précisé le lieutenant-colonel. En complément de ces actions, la gendarmerie collabore avec des partenaires locaux et internationaux pour sensibiliser le public et collecter des informations. Cependant, la lutte reste entravée par plusieurs obstacles. La faible culture numérique et le manque de vigilance de nombreux citoyens freinent l’efficacité des actions de prévention. Beaucoup continuent de faire confiance à des offres douteuses en ligne, souvent sans mesurer les risques qu’elles comportent.
Le lieutenant-colonel a également souligné un problème majeur : le faible taux de plainte, surtout pour les escroqueries impliquant de petites sommes (3 000 à 4 000 dinars). Beaucoup de victimes hésitent à signaler ces incidents, ce qui contribue à un « chiffre noir » de la cybercriminalité, rendant difficile son évaluation. La gendarmerie encourage donc les citoyens à signaler même les cas mineurs, car cela permet d’adapter la réponse des autorités. Pour faciliter cela, le dépôt de plainte a été simplifié et est accessible à tous.Un autre aspect préoccupant de la cybercriminalité concerne la protection des jeunes générations. Les enfants et les adolescents sont particulièrement vulnérables aux cyberattaques. À cet égard, le lieutenant-colonel a conseillé aux parents de prendre des mesures strictes de protection, telles que la limitation du temps d’écran et la restriction de l’accès à certains appareils, afin de prévenir les risques liés à l’utilisation d’Internet. La vigilance des parents est donc essentielle pour garantir la sécurité numérique des plus jeunes.
Malgré les progrès réalisés, la lutte contre la cybercriminalité reste semée d’embûches. La lente adaptation de la population aux dangers du monde numérique constitue un défi majeur. La sensibilisation à la cybersécurité, l’éducation numérique et une vigilance constante sont des armes essentielles pour faire face à ce phénomène en perpétuelle évolution. Comme l’a conclu le lieutenant-colonel Hamri Touati, « La cybercriminalité touche tous les aspects de la vie numérique, des activités professionnelles aux interactions personnelles. Elle nécessite une collaboration active entre citoyens et autorités pour être efficacement combattue. »
Par Mourad A.