Efficacité énergétique dans le bâtiment: Les propositions de l’APRUE
Dans un contexte mondial de plus en plus préoccupé par les enjeux du réchauffement climatique, l’Algérie s’efforce de renforcer ses efforts en matière de transition énergétique. Merouane Chabane, Directeur général de l’Agence nationale pour la promotion et la rationalisation de l’utilisation de l’énergie (APRUE), plaide pour une évolution de la réglementation thermique dans le secteur du bâtiment, qui demeure l’un des plus grands consommateurs d’énergie. Il met en évidence la nécessité de repenser la conception des bâtiments et de promouvoir des solutions énergétiques plus efficaces, afin de contribuer activement à la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Lors de son intervention sur la « Chaîne 3 » de la Radio nationale, M. Chabane a débuté en présentant le programme national de maîtrise de l’énergie. Ce programme inclut divers projets incitatifs destinés à introduire des équipements à haut rendement énergétique dans des secteurs clés tels que le bâtiment, l’industrie et le transport. L’objectif n’est pas seulement d’optimiser la consommation d’énergie, mais aussi de sensibiliser et de mobiliser les usagers pour encourager un changement de comportements à tous les niveaux.
Concernant le secteur de la construction, le DG de l’APRUE a salué les efforts importants de l’État pour accroître le nombre de logements, notamment à travers des programmes tels que l’AADL 3. Toutefois, il a souligné qu’une réflexion approfondie sur la conception des bâtiments est indispensable. Celle-ci doit intégrer des techniques d’isolation plus efficaces et un choix judicieux des sites, afin de maîtriser la demande énergétique. À cet égard, il préconise une révision des normes actuelles pour établir des critères stricts de performance énergétique des bâtiments, à l’image de ce qui se fait déjà pour les équipements électroménagers. « Les normes actuelles doivent évoluer pour fixer des seuils minimaux, afin de classifier les bâtiments et évaluer leur consommation énergétique, comme on le fait pour les appareils électroménagers », a-t-il expliqué.
Le vieux bâti, particulièrement énergivore, représente également un défi de taille. M. Chabane a insisté sur la nécessité d’une réhabilitation thermique complète de ces bâtiments, ce qui nécessite un écosystème adapté, comprenant des matériaux isolants accessibles, des installateurs qualifiés et des prix raisonnables. Il a recommandé la rénovation de 100.000 à 200.000 unités par an pour répondre à ce défi. « Il faut un écosystème autour de cette réhabilitation, avec la disponibilité de matériaux isolants à des prix raisonnables et des installateurs agréés », a-t-il précisé.
L’APRUE œuvre également à l’introduction d’équipements électroménagers plus performants énergétiquement, contribuant ainsi à une réduction globale de la consommation dans le secteur domestique.
En conclusion, Merouane Chabane a rappelé l’engagement de l’Algérie, à travers les accords internationaux ratifiés, à limiter le réchauffement climatique à 2°C d’ici 2100. Pour renforcer cet engagement, il a annoncé la tenue, en octobre 2025, de la deuxième édition du DecarboMED, le Forum méditerranéen de la décarbonation, un événement majeur destiné à promouvoir la transition énergétique dans la région.
Par Mourad A.