Efficacité énergétique: Moins de 10% de consommation à l’horizon 2030
L’Algérie s’engage fermement sur la voie de la sobriété énergétique, avec un objectif clair fixé à l’horizon 2030 : réduire la consommation énergétique nationale de moins de 10%. Ce seuil est considéré comme atteignable grâce à une stratégie d’efficacité énergétique multisectorielle, comme l’a affirmé le Pr Boukhalfa Yaïci, directeur général du Green Energy Cluster Algeria.
Lors de son intervention à la télévision algérienne, le Pr Yaïci a déclaré : « La réduction de la consommation n’est pas une option, c’est une nécessité. Elle passe par une meilleure gestion de notre énergie à tous les niveaux », insistant sur l’urgence d’un changement de comportement chez les citoyens, les institutions et les entreprises. Le constat est sans appel : près de 80 % de l’électricité consommée dans le pays provient du gaz naturel, une ressource fossile stratégique à la fois pour la consommation locale et les exportations. Pourtant, une part importante de cette énergie est utilisée à des fins de confort non essentielles, notamment en été. « On continue d’utiliser massivement l’énergie pour des besoins secondaires, alors que cela pèse lourdement sur Sonatrach, Sonelgaz, sur l’État, et sur le réseau électrique », a-t-il souligné.
Réduire la consommation de moins de 10 % dans les cinq prochaines années permettrait de soulager le réseau national, surtout en période de pointe estivale, mais aussi d’économiser d’importantes quantités de gaz naturel, orientables vers l’export. Le professeur a rappelé que l’efficacité énergétique est le moyen le plus rapide et le moins coûteux pour répondre à la demande croissante sans construire de nouvelles centrales. « L’économie d’énergie est une source d’énergie en soi. Elle nous permet d’optimiser nos ressources sans nuire à la qualité de vie », a-t-il affirmé. L’expert a plaidé pour des gestes simples mais structurants : usage d’ampoules LED, installation de fenêtres à double vitrage, isolation des logements, et utilisation d’équipements électroménagers de classe A+. « L’État peut encourager ces pratiques, mais le citoyen aussi a une responsabilité. L’impact de petits gestes répétés à grande échelle est considérable », a-t-il expliqué.
Pour atteindre cet objectif de -10 %, le professeur a appelé à une mobilisation de tous les secteurs : logement, industrie, transports, et services publics. « Il faut généraliser les normes de performance énergétique dans les bâtiments, soutenir la rénovation thermique, et promouvoir activement l’usage des technologies économes », a-t-il recommandé. Il a également souligné l’importance d’une campagne nationale de sensibilisation, estimant que les actions actuelles ne suffisent pas à enclencher une dynamique forte dans l’opinion. Ce chantier s’intègre dans une stratégie globale qui vise également le déploiement de 15 000 MW d’énergies renouvelables d’ici 2035, le renforcement de la filière de l’hydrogène vert, et la valorisation industrielle des équipements solaires et des matériaux locaux. « Réduire notre consommation d’ici 2030, c’est aussi créer un espace pour les énergies propres et donner une seconde vie à notre économie énergétique », a conclu le Pr Yaïci.
Par M. A.