FMI: Situation économique de l’Algérie
Le Conseil d’administration du FMI vient d’adopter le rapport sur l’Algérie dans le cadre des consultations au titre de l’article IV pour 2022. «Le 1er février 2023, le conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI) a achevé les consultations au titre de l’article IV avec l’Algérie selon la procédure du défaut d’opposition», lit-on dans un communiqué publié sur le site officiel du FMI.
Les administrateurs ont souscrit à l’évaluation des services du FMI dans les termes suivants : Les perspectives à court terme de l’économie algérienne se sont sensiblement améliorées, portées par le rebond des cours des hydrocarbures. Des excédents extérieur et budgétaire sont attendus en 2022 pour la première fois depuis une longue période. La position extérieure de l’Algérie en 2022 a été plus solide que le niveau correspondant aux fondamentaux et aux politiques souhaitables.
Toutefois, les perspectives restent tributaires des prix des hydrocarbures et soumises aux risques liés à un affaiblissement de la conjoncture mondiale et à la volatilité des cours des matières premières. L’accélération généralisée de l’inflation est devenue un défi considérable pour les politiques publiques.
Les services du FMI exhortent la Banque d’Algérie (BA) à resserrer sa politique monétaire dès à présent pour prévenir un éventuel désancrage des anticipations et la persistance d’une inflation élevée. « L’appréciation récente du dinar ne peut se substituer au resserrement nécessaire de la politique monétaire. Les services du FMI recommandent de relever le taux directeur de la banque centrale et de reprendre une gestion bien calibrée de la liquidité pour améliorer la transmission de la politique monétaire», ajoute la même source.
La révision en cours de la loi sur la Monnaie et le Crédit est une opportunité pour renforcer le dispositif de gouvernance de la BA. Les services du FMI recommandent d’interdire formellement le financement monétaire dans la nouvelle loi afin de renforcer l’indépendance de la banque centrale et sa capacité à agir pour défendre la stabilité des prix.
La hausse considérable des dépenses annoncée dans le cadre de la loi de finances pour 2023 pourrait résorber les progrès en matière de réduction du déficit budgétaire depuis 2018, affaiblir la résilience des finances publiques et aggraver les pressions inflationnistes. Les contraintes de financement devraient empêcher la pleine exécution des dépenses annoncées. Toutefois, même une poursuite du faible taux d’exécution des dépenses inscrites au budget pourrait entraîner une détérioration significative du déficit budgétaire. Une rigidité accrue des dépenses et une diminution rapide de l’épargne budgétaire aggraveraient la vulnérabilité des finances publiques aux fluctuations des cours des hydrocarbures- avec le risque d’un ajustement brutal en cas de baisse des prix du pétrole- et contribueraient à alimenter l’excès de liquidité, compliquant la conduite de la politique monétaire.
La trajectoire du déficit à moyen terme comporte également des risques pour la stabilité macroéconomique. La persistance de déficits budgétaires élevés et l’arrivée graduelle à échéance des remboursements de principal dus au titre du financement monétaire passé devraient entraîner des besoins de financement budgétaires élevés à moyen terme. Compte tenu de l’exclusion du recours à l’emprunt extérieur par les autorités, le financement de ces besoins entraînerait des pressions significatives sur le système bancaire domestique et présenterait des risques pour la stabilité financière et macroéconomique.
Un rééquilibrage budgétaire progressif guidé par un cadre fondé sur des règles est nécessaire pour renforcer la résilience des finances publiques et préserver la stabilité macroéconomique à moyen terme. Les services du FMI recommandent un ajustement pour améliorer le déficit primaire hors hydrocarbures et dividendes de la BA de 10 % du PIB hors hydrocarbures par rapport à son niveau de 2022 et jusqu’en 2027.
Une réforme des subventions avec renforcement d’une protection sociale ciblée contribuerait à réaliser le rééquilibrage budgétaire requis, parallèlement à une réforme paramétrique des retraites, une réduction des dépenses d’investissement et la poursuite des réformes fiscales. Les services du FMI proposent également l’adoption d’un cadre budgétaire à moyen terme fondé sur des règles bien calibrées comprenant un plancher d’épargne et une ancre sur la dette brute, pour orienter le rééquilibrage budgétaire, limiter la procyclicité des politiques économiques et protéger les dépenses prioritaires. La diversification des sources de financement permettrait d’étaler l’ajustement budgétaire sur plusieurs années tout en limitant les pressions sur le système bancaire.
Des progrès en matière de réforme de la gestion des finances publiques
Les services du FMI saluent les progrès accomplis en matière de réforme de la gestion des finances publiques et appellent à des efforts supplémentaires pour renforcer le cadre budgétaire. La mise en œuvre complète de la Loi Organique des Lois de Finance prévue en 2023 constituerait une étape primordiale dans les efforts de modernisation. Pour sauvegarder ces progrès, les projections budgétaires devraient être en ligne avec la capacité d’exécution et l’espace budgétaire disponible. Les budgets devraient également intégrer des plans de financement complets et transparents et des mesures devraient être prises pour renforcer la gestion de la trésorerie et améliorer la transparence de l’exécution budgétaire.
L’accélération des réformes structurelles est nécessaire pour faire progresser la transition vers un modèle de croissance plus diversifié, résilient et riche en emplois et renforcer davantage le cadre de gouvernance. Les réformes législatives récemment adoptées ou en cours, notamment le nouveau code de l’investissement et les lois relatives à l’auto-entreprenariat et aux énergies renouvelables, pourraient contribuer à créer un environnement plus propice à l’activité du secteur privé. Les services du FMI mettent en garde contre les risques liés aux mesures strictes de réglementation des importations – qui pourraient notamment alimenter l’inflation et encourager l’informalité – et recommandent de poursuivre les réformes visant à améliorer l’ouverture commerciale et la compétitivité, notamment les réformes des marchés des produits et du travail. Ils appellent également les autorités à donner la priorité aux mesures visant à remédier aux lacunes en matière de qualité et de disponibilité des données macroéconomiques. Les mesures en cours pour renforcer la gouvernance et réduire les risques de corruption sont les bienvenues et devraient être intensifiées.
Synthèse Sirine R