05/06/2025
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La compagnie CMA CGM veut renforcer sa présence en Algérie

En visite officielle en Algérie, Rodolphe Saadé, PDG du groupe CMA CGM, troisième armateur mondial, a exprimé des intentions claires : renforcer la présence du groupe dans le pays, moderniser les infrastructures portuaires et accompagner l’Algérie dans sa transformation en carrefour logistique majeur entre l’Europe et l’Afrique. Une ambition qui s’inscrit dans une dynamique géoéconomique profonde.

Invité par le président Abdelmadjid Tebboune, Rodolphe Saadé a effectué, lundi, une visite stratégique en Algérie. À la tête de CMA CGM, géant mondial du transport maritime, il a tenu à réaffirmer publiquement le rôle central que l’Algérie est appelée à jouer dans la logistique régionale. « L’Algérie est un partenaire stratégique pour le groupe CMA CGM », a-t-il déclaré lors de son entretien avec AL24 News. « Nous sommes présents dans ce pays depuis plus de 35 ans, et nous souhaitons intensifier notre engagement « .

À la croisée des routes maritimes reliant l’Europe, l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, l’Algérie suscite un intérêt croissant auprès des grands acteurs logistiques. CMA CGM ne fait pas exception. « Je crois beaucoup au potentiel de l’Algérie. Le pays dispose de tous les atouts pour devenir un hub régional incontournable », a souligné Rodolphe Saadé. « Mais pour y parvenir, il faut moderniser les infrastructures portuaires et résoudre progressivement les difficultés structurelles « . Le groupe est déjà présent dans neuf ports algériens, mais c’est le port d’Oran qui concentre actuellement les attentes. Confronté à une congestion croissante, il pourrait bénéficier d’un investissement majeur. « Nous voulons proposer des solutions concrètes au gouvernement algérien, pour accompagner la croissance des échanges et désenclaver les capacités logistiques », a affirmé le PDG.

L’ambition algérienne de devenir un pont économique entre le nord et le sud du continent repose aussi sur l’intégration des différents modes de transport. La relance du rail vient compléter l’offre maritime existante. « Nous sommes un groupe de transport global : maritime, aérien, terrestre. C’est dans cette logique que nous voulons accompagner l’Algérie, notamment dans la connexion entre les ports, les centres logistiques intérieurs et les pays limitrophes « . CMA CGM se dit prêt à collaborer avec des partenaires algériens tels que SERPORT et GATMA pour mener à bien des projets structurants. « Nous croyons dans la force du partenariat. Travailler avec des opérateurs locaux est fondamental. Ensemble, on gagne plus », a souligné Saadé, plaidant pour une coopération équilibrée.

L’entretien a également mis en lumière les nouvelles liaisons maritimes que l’Algérie développe vers la Mauritanie et le Sénégal. Ces routes, en plein essor, pourraient bénéficier de l’expertise de CMA CGM pour leur structuration. « Je crois au commerce entre pays voisins. Nous pouvons jouer un rôle d’accélérateur pour ces liaisons. Il y a une vraie dynamique à soutenir dans cette région », a-t-il estimé.

Dans un contexte de recomposition des flux logistiques mondiaux marqué par les tensions géopolitiques, les réajustements post-COVID et la recherche de circuits plus courts, l’Algérie dispose d’une réelle opportunité stratégique. CMA CGM entend bien l’accompagner dans cette transformation. Avec une croissance économique soutenue, l’Algérie doit se préparer à une augmentation significative des volumes portuaires. Selon Rodolphe Saadé : « Il faut que les terminaux suivent la cadence de développement du pays. Sans cela, on crée des goulots d’étranglement. Si les infrastructures sont à la hauteur, tout le monde y gagne : le pays, les partenaires, les opérateurs « . Fort de son expérience dans des terminaux à Tanger, Abidjan ou Lomé, CMA CGM dispose de l’expertise nécessaire pour faire des ports algériens des hubs modernes et compétitifs.

Au-delà du maritime, Saadé a également évoqué le potentiel de développement industriel autour des infrastructures logistiques, notamment dans les zones portuaires et les plateformes multimodales. « Nous pouvons co-localiser certaines activités. C’est une manière de faire circuler la valeur, pas seulement les conteneurs ». Une approche qui vise aussi à soutenir l’emploi local, le transfert de compétences et l’ancrage régional.En quittant Alger, Rodolphe Saadé s’est montré optimiste : « L’avenir logistique de l’Algérie est entre ses mains. Avec les bons choix, les bons partenaires et une vision claire, ce pays peut devenir un acteur central du commerce international. Et nous voulons en faire partie « .

Par Mourad A.

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