Sonelgaz: Près de 180 milliards de DA à recouvrir
Alors que Sonelgaz poursuit ses efforts pour moderniser ses infrastructures et accompagner la transition énergétique du pays, l’entreprise publique doit faire face à un volume conséquent de créances impayées, estimé à 179 milliards de dinars. Cette situation impacte la capacité du groupe à financer ses projets et à assurer un fonctionnement optimal, a indiqué son porte-parole, Khalil Hedna.
Intervenant sur les ondes de la « Chaîne I » de la radio nationale, Khalil Hedna a précisé que le non-recouvrement des créances freine les investissements dans le réseau électrique et limite les actions en faveur de la qualité de service. Plusieurs facteurs expliquent cette accumulation : des ménages en difficulté, des entreprises privées en défaut de paiement, ainsi que certaines institutions publiques. Face à cela, Sonelgaz privilégie des solutions amiables avec les particuliers, telles que les facilités de paiement. La coupure d’électricité n’est envisagée qu’en dernier recours. Pour les administrations, des conventions spécifiques sont mises en place afin d’assurer la continuité des services sensibles. Toutefois, lorsque les démarches amiables échouent, des recours judiciaires sont engagés : plus de 18.000 dossiers ont ainsi été portés devant les tribunaux.« Sans ces ressources, il devient difficile de maintenir un rythme d’investissement soutenu », a souligné Khalil Hedna. Et les besoins sont bien réels. À l’été 2024, l’Algérie a enregistré un pic de consommation de 19.543 MW, ce qui a nécessité une augmentation de la capacité installée à 27.333 MW, grâce à l’ajout de 1.172 MW en une seule année. Pour l’été prochain, la demande pourrait atteindre 21.500 MW en cas de conditions climatiques extrêmes.
Pour anticiper cette hausse, Sonelgaz a mobilisé 168 milliards de dinars dans un plan de préparation estivale. Celui-ci inclut la mise en service de la centrale de Bellara, à Jijel, avec une capacité de plus de 1.400 MW, ainsi que le renforcement des réseaux de transport et de distribution. À l’échelle nationale, 945 km de lignes à haute tension, six nouveaux postes de transformation et 622 transformateurs publics ont été ajoutés.Un effort particulier a également été consenti en direction du sud du pays. Dix wilayas du Grand Sud ont ainsi été équipées de turbines mobiles de 17 MW chacune, fabriquées localement à AïnYagout. « Nous souhaitons que chaque citoyen, du Nord au Sud, bénéficie d’une alimentation électrique fiable et ininterrompue », a déclaré le porte-parole de Sonelgaz.Par ailleurs, l’entreprise a dû faire face à 12.873 actes de vandalisme ou de forage sauvage sur ses installations, causant des pertes estimées à 5,7 milliards de dinars. « Une part importante des interruptions de service est liée à ces agressions invisibles pour le grand public », a déploré Khalil Hedna.
Malgré ce contexte difficile, Sonelgaz poursuit son engagement pour une transition énergétique ambitieuse. L’objectif fixé est de produire 15.000 MW d’énergie propre d’ici 2035. Déjà, 3.200 MW sont en cours de réalisation, dont 300 MW devraient être opérationnels dès 2025. Ces efforts permettront d’économiser environ 1,4 milliard de mètres cubes de gaz par an.En parallèle, Sonelgaz valorise son excédent de production à l’international. En 2023, les exportations d’électricité ont généré 268 millions d’euros de recettes, soit une hausse de 22 % par rapport à l’année précédente. L’électricité algérienne est déjà exportée vers la Tunisie (500 MW), et des projets sont en cours avec la Libye et l’Italie, via un futur câble sous-marin stratégique.Au niveau national, le groupe soutient activement le développement agricole et industriel. À ce jour, 78.903 exploitations agricoles ont été raccordées à l’électricité, avec un objectif de 86.172 d’ici 2025. En parallèle, 390 zones industrielles font l’objet d’un accompagnement ciblé. Pour stimuler l’investissement, Sonelgaz propose également un raccordement sans avance initiale.
Par Mourad A.