La saison agricole sauvée ?
Après un mois de janvier sec et doux, les services météo prédisent des semaines à venir plutôt humides. En effet, plusieurs wilayas vivent depuis quelques jours au rythme d’un changement météorologique brusque marqué par une baisse des températures et des pluies abondantes. Cet épisode pluvieux est bénéfique pour l’agriculture, et peut sauver la saison agricole, s’il persiste.
Dans ce contexte, Pr Brahim Mouhouche qui s’est exprimé chez nos confrères de la chaine nationale, estime, que les fortes précipitations qui sont enregistrées depuis quelques jours et qui sont encore attendues pour les jours à venir, sont très bénéfiques pour l’année agricole. Pour cet expert, « chaque millimètre qui tombe du ciel, représente 10 m3 d’eau par hectare »
Si plusieurs wilayas du pays sont actuellement sous l’effet de changements météorologiques brusques, et offrent un répit bienvenu pour l’agriculture, des inquiétudes planent toujours quant à leurs capacités de remédier au contexte de stress hydrique qui prévaut depuis un moment.
Quels sont les impacts positifs de ces dernières averses alors. Ces pluies sont évidemment bénéfiques pour la terre, car celles qui arrivent entre le mois d’octobre et le mois d’avril, ne peuvent être que salvatrices. Sauf le bénéfice des pluies dépend de divers facteurs tels que la quantité de pluie, la répartition dans le temps, les besoins en eau des cultures, la capacité de stockage des barrages, etc.
Un optimisme partagé par l’expert Mouhouche, qui espère que la tendance se confirme les jours prochains « si les précipitations se poursuivent jusqu’à fin mars ou début avril, nous pourrons espérer sauver la saison agricole, y compris pour les céréales.»Celui-ci souligne par ailleurs, que c’est de l’or qui est tombé du ciel.
« Chaque millimètre qui tombe du ciel, représente 10 m3 d’eau par hectare », indique-t-il, rappelant que «dans certaines régions, il est tombé jusqu’à 110 millimètres ». Une situation inédite depuis des années car « cela fait au moins 15 ou 20 ans que nous n’avons pas vu ce genre de pluies ».« Ces pluies sont tombées à pic et sont bénéfiques pour tout type de culture, y compris pour le moral des agriculteurs », souligne encore l’agronome.
Pour Mme T Sihem, ingénieure agronome, des pluies régulières et suffisantes sur une période prolongée sont nécessaires pour recharger les nappes phréatiques et remplir les barrages de manière bénéfique pour l’agriculture et l’approvisionnement en eau. Elle a rappelé dans ce sens que, les précipitations du mois de novembre dernier, ont été suffisantes pour ne pas compromettre le rendement agricole. La spécialiste précise que s’il pleut à un rythme soutenu, pendant les mois de mars et avril, «on pourra dire avec certitude que la saison agricole est sauvée». Elle émet par ailleurs des réserves concernant le taux de remplissage des barrages. Certes suite aux pluies survenues au début du mois de janvier dernier, le taux de remplissage des barrages n’était établi qu’à 34%.
L’expert pour sa part estime que les sols sont en train de récupérer leur réserve utile. Il précise à ce sujet, que « Plusieurs barrages ont commencé à déborder, notamment celui de Beni Haroune(Mila) dont la capacité est de pratiquement 1 milliard de m3 d’eau et qui alimente 5 wilayate de l’est de l’Algérie », poursuit-il et pense que cette situation est bénéfique pour les nappes phréatiques « après plusieurs années de sécheresse, les sols sont en train de récupérer leur réserve utile et réalimenter les nappes phréatiques dont le niveau n’a fait que baisser depuis des années ».
L’épisode pluvieux devrait se poursuivre selon les services météorologiques, ce qui permettra de stocker davantage d’eau, insiste le spécialiste : « les prochaines pluies vont encore remplir davantage les barrages ainsi que les retenues collinaires, dont le nombre dépasse les 500 ».
Toutefois, estime Sihem T, il est peu sûr que cela suffise à remplir de manière significative les barrages dont le taux de remplissage demeure faible. Pour elle, il faudrait une quantité d’eau beaucoup plus conséquente pour «espérer voir les barrages se remplir de façon significative». Pour autant, elle tient à rappeler que le côté positif, c’est que ces précipitations contribuent en premier lieu, «à recharger les nappes phréatiques». «Certaines précipitations qui tombent sur les terres peuvent s’infiltrer dans le sol et devenir des eaux souterraines, grâce à un processus appelé infiltration». Selon les derniers bulletins de Météo Algérie, le mauvais temps persistera encore. Les pluies seront en revanche, plus éparses. Les pluies de février peuvent être bénéfiques pour l’agriculture, car elles contribuent à la recharge des nappes phréatiques et à l’irrigation des cultures.
Par Réda Hadi