L’Algérie, destination touristique : Cap sur une stratégie durable
Alors que l’été bat son plein et que nos charmantes communes côtières s’activent pour accueillir les estivants, le sujet du tourisme en Algérie retrouve une place centrale dans nos discussions. Avec un potentiel absolument immense, le secteur cherche encore son plein envol pour devenir un véritable moteur économique, tant au niveau local que national. C’est une observation partagée par le professeur Arezki Chenane, économiste à l’université de Tizi Ouzou, qui met en avant la nécessité d’une vision claire et d’une stratégie solide sur le long terme.
Le professeur Chenane a rappelé toutefois que nos richesses ne suffiront pas à faire éclore un écosystème touristique pleinement développé sans une organisation réfléchie, un accompagnement structuré et une planification minutieuse.
Le professeur Chenane a évoqué notamment les plus de 200 zones d’expansion touristique identifiées dans le schéma national d’aménagement du territoire. Ces espaces, pensés pour offrir un cadre stimulant à l’investissement et au développement d’infrastructures, présentent encore, pour la plupart, des défis en matière de viabilisation et d’attractivité pour les investisseurs. Il a pointé du doigt la nécessité d’améliorer la coordination entre les divers acteurs, de fluidifier les démarches liées au foncier, et surtout, de renforcer une gouvernance claire, notamment au niveau local. Les communes, selon lui, sont souvent en retrait de la dynamique touristique, alors qu’elles sont les premières à pouvoir la dynamiser.
L’un des aspects à optimiser, relevé par l’économiste, concerne la fiscalité locale. Si la taxe de séjour est bien perçue à la source dans les hôtels, d’autres sources de revenus prometteuses comme la location saisonnière, l’utilisation des espaces publics ou l’accès aux sites touristiques pourraient davantage bénéficier aux communes, à condition de mettre en place des outils plus efficaces de recensement et de collecte.
Le secteur présente également une certaine informalité, notamment dans l’hébergement. L’accueil chez l’habitant, pourtant autorisé légalement, reste sous-exploité, et de nombreuses résidences sont louées en dehors de tout cadre réglementaire. Cette situation prive les collectivités de potentielles recettes et laisse les touristes dans un cadre moins sécurisé.
Pour le professeur Chenane, il est essentiel de créer des structures locales capables de recenser, d’accompagner et de réguler ces activités, en s’appuyant sur le numérique pour apporter visibilité et transparence. Mais au-delà de la saison estivale et de la seule façade littorale, le professeur a insisté sur l’importance de concevoir le tourisme dans toute sa globalité.
Par Sirine R