19/07/2025
ACTUALITENATIONAL

Coopération internationale et diplomatie énergétique: L’Algérie conforte son leadership régional

Spread the love

Avec un paysage énergétique mondial en pleine recomposition, l’Algérie affirme avec conviction sa vocation de puissance régionale incontournable. Le pays déploie une stratégie énergétique volontariste, fondée sur la coopération et la diplomatie, multipliant ainsi les initiatives pour renforcer sa présence sur la scène africaine et internationale. C’est ce qu’a expliqué Sofiane Ouffa, directeur de la coopération internationale au ministère de l’Énergie et des Mines, lors de son intervention sur la « Chaîne I » de la radio nationale.

Selon M. Ouffa, l’Algérie adopte aujourd’hui une politique énergétique responsable, flexible et résolument tournée vers la durabilité. L’énergie y est perçue non seulement comme un levier de développement économique et social, mais aussi comme un instrument de paix. Cette orientation s’est pleinement traduite à l’occasion du 17e sommet USA-Afrique, où le ministre Mohamed Arkab, représentant le président de la République, a réaffirmé la nécessité de soutenir le développement des infrastructures énergétiques africaines, tout en défendant une transition énergétique adaptée aux réalités du continent. Sofiane Ouffa a souligné que « beaucoup de pays africains disposent de richesses naturelles, qu’elles soient fossiles ou renouvelables, mais ne peuvent en profiter faute d’infrastructures ».

C’est précisément dans cette lacune structurelle que l’Algérie entend jouer un rôle moteur, en partageant son expertise et en contribuant à la réalisation d’infrastructures capables de transformer ces ressources en leviers de croissance. « L’expérience algérienne est mise au service des pays frères africains, notamment en matière de distribution d’électricité et de gaz », a-t-il précisé. Au cœur de cette stratégie se tissent des partenariats solides et durables. La relation avec les États-Unis en est un exemple marquant, forte de plus de soixante ans de coopération dans le secteur des hydrocarbures. L’usine de turbines à gaz de Batna, fruit de la collaboration entre Sonelgaz et General Electric, est d’ailleurs souvent citée comme un modèle de « partenariat réussi avec les États-Unis d’Amérique ». « C’est un partenariat réussi que nous comptons reproduire dans d’autres pays africains », a affirmé Ouffa.

Sur le plan interne, l’Algérie avance également à grands pas vers la transition énergétique. Un vaste programme visant à produire 15 000 MW d’énergie solaire a été lancé, dont 6 200 MW sont déjà en cours de réalisation, avec des livraisons prévues à l’horizon 2025-2026. Ce projet s’inscrit dans une vision plus large qui mise sur le développement des énergies renouvelables, de l’hydrogène et de la pétrochimie pour consolider l’indépendance énergétique du pays et préparer l’après-pétrole. En matière de valorisation industrielle, l’Algérie entend désormais tirer davantage de valeur ajoutée de ses ressources. « Nous ne voulons plus exporter seulement du brut. L’objectif est de développer une industrie pétrochimique intégrée qui produise localement les matières premières nécessaires à nos industries », a expliqué le responsable, évoquant notamment les discussions en cours avec des partenaires chinois, européens, américains, malaisiens et indonésiens. La récente signature d’un accord entre Sonatrach et le groupe omanais Bahwan pour l’extension d’une usine à Oran illustre parfaitement cette orientation.

L’Algérie, qui dispose du troisième stock mondial de gaz de schiste, ne cache pas non plus son ambition d’ouvrir le débat sur l’exploitation de cette ressource, en misant sur un dialogue scientifique et technique dépassant les clivages idéologiques. Dans cette perspective, elle promeut un modèle fondé sur la maîtrise technologique, l’efficacité énergétique et la diversification des sources, afin de faire face aux incertitudes des marchés mondiaux.

L’Algérie au cœur des dynamiques énergétiques africaines

L’action diplomatique énergétique de l’Algérie s’exprime également à travers sa forte implication dans les institutions continentales, renforçant ainsi ses « partenariats africains ». Le pays abrite depuis 2008 le siège de la Commission africaine de l’énergie (AFREC), dont le siège officiel a été inauguré récemment à Alger. Ce symbole traduit la reconnaissance par l’Union africaine du rôle de l’Algérie en matière de leadership énergétique. « Nous avons toujours œuvré pour que cette institution puisse appuyer les États africains dans l’élaboration de politiques énergétiques équilibrées et équitables », a rappelé Ouffa, insistant sur l’importance de la justice énergétique à l’échelle continentale. Sur le terrain, les entreprises algériennes se déploient de plus en plus au-delà des frontières. Sonelgaz est aujourd’hui active dans plusieurs pays africains comme l’Éthiopie, l’Ouganda, le Bénin ou encore la Côte d’Ivoire, dans le cadre d’une stratégie d’expansion qui vise à faire bénéficier le continent du savoir-faire national. D’autres sociétés du secteur de l’énergie et des mines accompagnent ce mouvement, soutenues par une volonté politique claire et une capacité technique confirmée.

L’appel d’offres Algeria Bid Round 2024, premier du genre lancé dans le cadre du nouveau code des hydrocarbures de 2019, illustre l’ouverture du secteur au partenariat international. Ouffa a rappelé que moins de 50 % du territoire algérien a été exploré jusqu’à présent, ce qui constitue une réserve stratégique considérable. Ce processus vise à accroître la production, satisfaire la demande nationale croissante et maintenir la position de l’Algérie comme fournisseur fiable sur la scène mondiale. À la question des prix du pétrole et de la volatilité des marchés, Ouffa s’est montré mesuré : « Les prix sont actuellement satisfaisants, mais l’Algérie, en concertation avec ses partenaires de l’OPEP+, continue de travailler pour leur stabilité au profit des producteurs comme des consommateurs ». Il a insisté sur le rôle du mix énergétique, de la maîtrise technologique et de la coopération internationale pour s’adapter à ces fluctuations.

Par Mourad A

Publicité

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *