Lancement officiel aujourd’hui de l’IATF 2025: L’Algérie au cœur du commerce africain
La Foire commerciale intra-africaine (IATF 2025), véritable plateforme d’échanges commerciaux et d’investissements interafricains, ouvre ses portes aujourd’hui au Palais des Expositions d’Alger et se poursuivra jusqu’au 10 septembre. Organisée par la Banque africaine d’import-export (Afreximbank), en partenariat avec l’Union africaine (UA) et le Secrétariat de la ZLECAf, cette édition se tient sous le thème : « Stimuler le commerce intra-africain pour un avenir durable : innovation, valorisation et industrialisation verte ».
L’IATF 2025 s’annonce comme une vitrine exceptionnelle du potentiel africain et de l’ambition algérienne. Avec plus de 140 pays participants, plus de 2 000 exposants, dont 200 entreprises algériennes, et déjà plus de 35 000 visiteurs inscrits avant l’ouverture, le salon affiche des chiffres record. Plus de 1 000 opérateurs économiques confirmés dépasseront largement l’objectif initial fixé à 750. L’ambition affichée est de générer 44 milliards de dollars d’accords commerciaux et d’investissements, dont 1 milliard destinés aux projets locaux et communautaires.
À la veille de l’ouverture, le président Abdelmadjid Tebboune a multiplié les gestes de pilotage. Le 1er septembre 2025, il a présidé une réunion de travail consacrée aux derniers préparatifs de la cérémonie inaugurale, soulignant ainsi son implication directe. Pour le chef de l’État, l’IATF 2025 doit être plus qu’un salon : « cette foire doit refléter la nouvelle image de l’Algérie : un pays stable, ouvert et pleinement engagé dans la construction d’une économie africaine intégrée ». Tebboune voit dans ce rendez-vous un levier stratégique pour développer l’agriculture, l’industrie et les technologies, tout en attirant des capitaux étrangers. L’Algérie, selon lui, ne doit plus se contenter de son rôle de fournisseur énergétique, mais s’imposer comme un acteur économique africain diversifié.
De son côté,le ministre du Commerce extérieur et de la Promotion des exportations, Kamel Rezig, a affirmé dans une récente déclaration que l’organisation de cette foire reflète l’engagement de l’Algérie en faveur de l’intégration économique africaine. Il a rappelé que l’Algérie a lancé dès le 1er novembre 2024 une opération de commerce intra-africain dans le cadre de la ZLECAf. Cette initiative s’accompagne d’investissements massifs dans les infrastructures, notamment les ports, les aéroports, les lignes ferroviaires et les réseaux routiers.M. Rezig a également mis en avant des projets phares tels que la Route transsaharienne, la nouvelle liaison Tindouf–Zouerate (840 km) et le câble à fibre optique transsaharien. « Ces outils logistiques font de l’Algérie une passerelle entre l’Afrique et l’Europe », a-t-il insisté.
Pour les organisateurs, cette édition dépasse toutes les attentes. Gainmore Zanamwe, directeur de la facilitation du commerce et de la promotion des investissements à Afreximbank, a confirmé que «plus de 40 pays africains ont réservé leurs pavillons et plus de 2 000 exposants ont confirmé leur participation ». Il a précisé que le salon a déjà dépassé ses objectifs : « nous avions fixé la barre à 750 acheteurs qualifiés, aujourd’hui nous en comptons plus de 1 000 », a-t-il déclaré.
Zanamwe a invité les opérateurs algériens à saisir cette opportunité unique : « C’est une chance pour les PME, les jeunes entrepreneurs, les agriculteurs et l’industrie créative de rencontrer des partenaires africains et internationaux et de conclure des affaires ». Il a également souligné les retombées indirectes pour l’Algérie, notamment dans le tourisme, l’hôtellerie et la culture, rappelant que « le salon est aussi une vitrine pour la gastronomie et le patrimoine algériens». De son côté, Mme KanayoAwani, vice-présidente exécutive d’Afreximbank, a insisté sur la portée historique de l’événement : « L’Algérie a été choisie car elle a démontré une forte volonté politique et dispose d’infrastructures capables d’accueillir un tel sommet. Alger représente une véritable porte d’entrée vers l’Afrique ».
Au-delà des chiffres, l’IATF 2025 met l’accent sur des secteurs stratégiques : le numérique, la finance, le commerce en ligne, l’agroalimentaire et les énergies renouvelables. Des programmes inclusifs ciblent particulièrement les jeunes et les femmes entrepreneures, avec des sessions de mentorat, de financement et des espaces B2B (« Deal Rooms ») pour concrétiser des accords. Des initiatives phares comme le CreativeAfricaNexus (CANEX) mettront en avant les industries culturelles et créatives, tandis que le Pavillon Youth Start-Up servira d’incubateur pour les jeunes innovateurs africains. Un nouveau volet consacré à la recherche et à la propriété intellectuelle mettra en valeur les innovations universitaires et technologiques.
Au-delà de la foire, l’Algérie mise sur l’IATF pour réaffirmer son rôle de passerelle économique entre l’Afrique et l’Europe. Ces dernières années, elle a créé quatre zones de libre-échange avec ses voisins maghrébins et sahéliens (Mauritanie, Tunisie, Libye, Niger et Mali), via des postes frontaliers modernisés. La Route transsaharienne et les nouvelles liaisons ferroviaires et maritimes renforcent cette vocation. Pour Mme Awani, « cette foire, c’est l’Afrique qui prend son destin en main. Et pour Alger, c’est une opportunité historique qui ne doit pas être manquée ». Avec plus de 1 000 accréditations médias délivrées, l’IATF 2025 bénéficie déjà d’une visibilité mondiale. Pour Alger, cette édition marque une étape décisive : affirmer l’intégration africaine, dynamiser les échanges Sud-Sud et positionner l’Algérie comme une capitale économique africaine.
Par Mourad A.