« Les Etats n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts »
Les Etats européens viennent de constater, à leurs dépens, la vérité de cette assertion. En effet, la vassalisation de l’Europe aux Etats Unis depuis la fin de la seconde guerre mondiale commence à devenir coûteuse au plan économique ; alors que la contrepartie est réellement mince depuis la fin de la guerre froide et l’émergence de nouvelles puissances économiques.
La crise sanitaire et la guerre d’Ukraine ont fissuré les différents pactes de solidarité et de défense mutuelle pour «un soi-disant destin commun de la civilisation occidentale judéo-chrétienne» et ses satellites asiatiques etlatino-américaines.
Face à la crise sanitaire de la Covid-19, on a observé la concurrence de ces Etats soit pour la fabrication des vaccins, soit pour l’acquisition des matières premières et autres produits parapharmaceutiques. On a même procédé à des fermetures des frontières entre ces Nations, longtemps solidaires face à l’ennemi du sud ou de l’orient.
Face à la crise ukrainienne et ses retombées économiques, la situation s’est compliquée davantage. Les sanctions contre la Russie décidées par les USA se sont retournées contre l’Europe mais au grand profit des américains qui trouvent un débouché pour leur gaz de schiste dont la vente n’est possible qu’à un certain niveau de prix, vu ses coûts de production. Le prix payé aujourd’hui est parfois le quadruple du prix du gaz russe avant la crise. En une année, l’économie européenne est passée en récession, avec en prime un hiver pas doux pour la population et une inflation à deux chiffres que l’Europe n’a pas connue depuis plusieurs décennies ; alors que l’économie américaine se porte bien et même un plein emploi en prime. Seul point négatif, l’inflation. Et c’est encore sur cette question que les américains vont encore défendre leurs intérêts, quitte à froisser leurs « Amis ».
Un ensemble de mesures budgétaires et monétaires ont été mises en œuvre pour faire face à l’inflation et pour protéger le dollar dans le cadre d’une loi spéciale dite loi anti inflation (Inflation ReductionAct, IRA). Par cette loi, l’Etat fédéral engage des dépenses massives pour l’investissement et le soutien au système de santé à travers des subventions et des crédits d’impôts aux entreprises et aux ménages.
Les subventions aux entreprises américaines vont mettre les entreprises européennes, particulièrement dans l’industrie verte (voiture électrique, équipements des énergies renouvelables…), en difficulté sur le marché américain, c’est une forme déguisée du protectionnisme dont les américains sont très ingénieux pour le faire passer en douceur.
De telles mesures ne sont pas conformes aux règles de l’OMC, mais ça c’est un autre débat. Les doléances des Européens, dont la visite de Macaron aux USA en est l’illustration, n’ont pas reçu de réponses sur cette question. Les intérêts des Etats passent avant les Amis, s’il y en a. Ces deux attitudes américaines très franchement intéressées et hostiles (énergie et IRA) vont créer, sans aucun doute, une fracture au sein de l’UE, c’est peut-être l’autre objectif stratégique et intéressé des américains.
La recomposition, du moins sur le plan économique, a commencé, le reste est plus facile… L’année 2023 apportera la réponse.
ANOUAR EL ANDALOUSSI