Lutte antiacridienne: D’importants moyens mobilisés par l’État
Face à la menace persistante du criquet pèlerin, l’Algérie adopte une stratégie offensive pour protéger son agriculture et garantir sa sécurité alimentaire. Consciente des risques majeurs qu’une invasion acridienne pourrait engendrer, l’État algérien a renforcé son dispositif de surveillance et de lutte, mobilisant des moyens humains et technologiques considérables.
Le criquet pèlerin est une menace bien connue des agriculteurs et des experts en sécurité alimentaire. Cet insecte, capable de former des essaims de plusieurs milliards d’individus, peut dévaster des récoltes entières en quelques jours. « Un essaim de grande taille peut engloutir l’équivalent de la ration alimentaire de 35 000 personnes par jour », a expliqué Hamid Bensaâd, secrétaire général du ministère de l’Agriculture et du Développement rural, lors de son passage à la radio nationale. Depuis plusieurs mois, des foyers de reproduction ont été détectés dans le grand sud algérien, en particulier dans les wilayas d’Illizi, In Salah et Tamanrasset, mais aussi au-delà des frontières, en Libye, au Niger et au Mali.
Pour contrer cette menace, l’Algérie a mis en place un plan d’action préventif et réactif. Depuis décembre, plus de 50 000 hectares ont été traités pour enrayer la prolifération des criquets. « La situation est sous contrôle, mais la vigilance reste de mise, » a assuré M. Bensaâd. La mobilisation est générale : des drones et des avions effectuent des pulvérisations aériennes ciblées, tandis que des stations de stockage de pesticides sont stratégiquement installées dans les zones à risque. Le gouvernement a également activé une cellule de crise nationale, coordonnée par plusieurs ministères, dont ceux de l’Agriculture, de la Défense, de l’Environnement, de l’Intérieur, de l’Énergie et des Transports. « Il ne s’agit pas seulement de réagir aux invasions, mais aussi d’anticiper grâce à un travail de surveillance et d’alerte précoce, » souligne le responsable. Cette approche est d’autant plus cruciale que les changements climatiques, en favorisant les précipitations dans certaines zones désertiques, créent des conditions favorables à la reproduction du criquet.
En parallèle des efforts nationaux, l’Algérie s’engage activement dans la lutte antiacridienne à l’échelle régionale. Le pays fait partie de l’Organisation régionale de lutte contre le criquet en Afrique de l’Ouest et collabore étroitement avec ses voisins. « Nous avons fourni des pesticides et une expertise technique à la Libye et à la Tunisie, qui disposent de moins de moyens pour combattre ce fléau, » a précisé M. Bensaâd. Un fonds régional de lutte contre le criquet a été mis en place pour soutenir les pays en difficulté. L’Algérie recourt également aux dernières technologies pour améliorer sa surveillance : des satellites et des systèmes d’intelligence artificielle sont utilisés pour suivre les déplacements des essaims et anticiper leur évolution.
Les efforts de lutte antiacridienne s’inscrivent dans un contexte plus large où l’Algérie développe activement son agriculture, en particulier dans le sud du pays, devenu une région clé pour la production céréalière et oléagineuse. La protection des cultures stratégiques est donc une priorité absolue. En parallèle, un sommet d’urgence se tiendra à Ouargla, réunissant les représentants de 23 wilayas concernées, afin de renforcer la coordination et d’améliorer les stratégies de lutte. L’implication des agriculteurs est également essentielle : des formations sont organisées pour les sensibiliser à la détection précoce des criquets et à l’utilisation des pesticides écologiques mis à leur disposition. « Nous ne pouvons pas nous permettre de laisser cette menace s’installer. La sécurité alimentaire de notre pays en dépend, » a conclu Hamid Bensaâd.
Par Mourad A.